ALLEN-LANDE The Revenge
Frontiers Records

Allen/Lande 2, le retour… Pour les absents de la planète Terre depuis dix ans, Russel Allen est la voix du heavy prog US Symphony X et Jorn Lande est ex Malmsteen, The Snakes, Ark, Masterplan et actuellement membre de… Jorn !. Les deux chanteurs ont débuté leur collaboration en 2005 avec The Battle. Comme le vaincu de l'épisode 1 ne l'était pas complètement, ils reviennent pour The Revenge !
L'adage dit qu'on ne change pas une équipe qui gagne et on le vérifie. Rappelons que The Battle était le projet du multi instrumentiste et compositeur Magnus Karlsson ; ici encore, c'est lui qui assure le travail de composition et la plupart des instruments, secondé par Jaime Salazar (ex-Flower Kings) à la batterie et Dennis Ward (Pink Cream 69) au mix. Même la pochette prolonge l'opus 1, les organiques pachydermes s'étant mués en mécaniques dinosaures (oh les monstrueuses bébêtes !) A ce propos (je ne suis pas certain de mon fait), il n'aurait pas travaillé pour Asia dans les années 80, ce dessinateur ?
Disons-le de suite : je suis fan de Jorn Lande. Ce type est à la fois le digne héritier des meilleurs vocalistes hard des années 70 et l'avenir du chant heavy, le fils caché de David Coverdale et Ronnie Dio (qui est la mère ?) En restant objectif, reconnaissons cependant que toutes ses productions ne sont pas du même tonneau. S'il a participé à la grosse claque Ark, il a aussi livré des albums solo inégaux, accompagné de vieilles gloires (plus ou moins) sur le retour, illuminé le premier Masterplan puis bâclé le second… Quant à ce qu'il est en train de réaliser avec Allen chez Karlsson, ça relève de l'exploit : à la fois fier de ses références, homogène (sans linéarité), signé vocalement et d'une qualité irréprochable.
Le premier chapitre était déjà d'un très bon niveau, rempli de morceaux heavy tubesques mais avec The Revenge, moins immédiatement abordable, plus complexe et intéressant, ils se sont surpassés (« l'album de la maturité » ?). The Revenge contient son pesant de classiques en puissance. Karlsson assure toujours autant côté solo, bien que ne s'égarant que trop peu souvent hors les gammes mineurs chères au sieur Zygwigwie M. et ses gros riffs sont toujours en place. Les refrains popisants entrent immédiatement en tête et y restent. Ces chansons, bien qu'issues du même moule métal mélodique, sont d'une redoutable efficacité, la prod est « hénaurme » et les voix sont proprement phénoménales. Comme sur le précédent album, les deux compères se partagent équitablement le gâteau : trois morceaux en solo et six ensemble. Jorn, probablement plus à l'aise dans ce registre plus heavy mélodique que progressif est plus mis en valeur qu'Allen mais le travail de ce dernier est ciselé et les deux chanteurs concourent de rigueur et d'intensité. Ils se complètent harmonieusement.
Les titres à retenir. The Revenge, brossé au Toniglandyl, qui ouvre puissamment l'album avec son gimmick de machine qui avance et son break instrumental typiquement heavy-prog. Victory , le premier single extrait de l'album ( ?), doté d'un refrain qui « flingue les canards ». Master Of Sorrow et son thème de valse nostalgique exposé au piano et repris à la lead, grosse pièce qui débute en ballade pour muer très rock. L'entêtant heavy-prog Just A Dream et ses parties vocales exceptionnelles, probablement le morceau sur lequel l'interaction entre les deux chanteurs est la plus forte, avec un festival de roulements de Salazar et des guitares harmonisées par les claviers. Her Spell et son solo. L'atmosphérique rageur Gone Too Far . Wake Up Call et son riff celtisant, genre gigue irlandaise. Le heavy mid-tempo Under The Waves . Le dévastateur et désespéré Who Can You Trust, suivi de la ballade mélancolique When Time Doesn't Heal .

•  Ah, 10/12 ? Ben c'est tout le disque, alors…

•  Et ouais ! Rien à jeter, pas de remplissage : tout est bon dans le Karlsson (waouh, la rime !)

En conclusion : ils ont ouvert la boîte à hymnes ! C'est l'album de l'année (je sais, il reste six mois…) et certainement une des meilleures réalisations hard&heavy de la décennie (oui, j'ose !) Si vous aimez les chanteurs puissants et mélodieux et/ou si vous êtes fans de Masterplan (ç'en est quand même bien plus proche que de Symphony X) et/ou si vous aimez le bon métal tout simplement, courrez l'acheter et, surtout, prêtez-le aux gosses !

P.S. Pour le troisième volet (The Beautiful ?), il ne me reste qu'à espérer que Karlsson oriente un peu plus ses compos vers la sphère prog, dans laquelle il serait hautement appréciable d'entendre Lande…

Bouteil Bout

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