DARKWATER Calling the Earth to Witness
Ulterium Records / Underclass

Darkwater est un groupe suédois formé en 2003, composé de Henrik Båth (chant et guitares), Tobias Enbert (batterie), Magnus Holmberg (claviers), Markus Sigfridsson (guitares) et Karl Wassholm (basse), qui sortent leur premier album intitulé Calling the Earth to Witness. Je prends pour ma part la Terre à témoin que c'est une sacrée bonne nouveauté que nous tenons là ! Coup de cœur.

Ce qui frappe c'est la maturité de ce groupe. Pour un premier album, l'ensemble est très cohérent et bien équilibré entre mélodies, rythmes, ambiances et technique. Si le métal progressif que proposent ces suédois fait penser à Dream Theater ou à Andromeda, c'est en raison de sa qualité et de sa variété et non à cause d'une trop grande proximité. En effet, Darkwater ayant assimilé ses influences, possède un son bien à lui et ne verse jamais dans le plagiat. Ca sait jouer et ça sait écrire…

Plus faciles d'accès et moins techniques que la musique des deux groupes cités en référence, les compositions de Darkwater sont bien ficelées et très mélodiques. Elles présentent des ambiances plutôt sombres et mélancoliques. Elle peuvent compter sur des breaks instrumentaux efficaces et des changements de rythme nombreux et opportuns. Il se dégage de cet album une impression de complémentarité (et non de juxtaposition) entre les différentes interventions instrumentales, dont les parties s'enchaînent « naturellement » (de façon fluide). Ces musiciens savent faire interagir leurs instruments pour construire une musique qui réussit à être à la fois riche, variée, dynamique, fluide et aérée : elle sait tantôt nous (é)mouvoir et tantôt nous laisser respirer, bravo !

On n'assiste jamais à un show case instrumental, ni n'écoute de la musique pour ascenseur, les deux écueils du genre. La production est très pro, mettant en valeur chaque instrument, dont aucun n'apparaît comme faire-valoir des autres (oui, la basse tient une vraie place et on peut l'entendre autrement que vrombir avec la grosse caisse !) Henrik Bath n'est pas un vocaliste phénoménal dans l'aigu et il sonne plus rock progressif que métal, ce qui n'est pas un reproche : son timbre est agréable et ses lignes de chant sont inspirées et expressives. La voix n'est donc pas excessivement mise en avant sur cet album, elle fait juste partie de l'orchestre. La lead guitar de Markus Sigfridsson (au son à la fois incisif et chaleureux) intervient toujours au bon moment (avec son pain et ses croissants) et ses envolées m'ont provoqué de fréquents « ah, oui » satisfaits. Les soli sont à la fois énergiques et mélodiques : encore bravo. La section rythmique est puissante et offre une solide assise aux mélodies. A noter une interaction très réussie entre claviers et guitares.

J'ai un faible pour les titres Again , avec ses harmoniques de guitare et son refrain pop ; Habit , aérien, aux nombreux passages instrumentaux nourris d'influences variées (des réminiscences de groupes comme IQ lors des breaks planants) ; The Play II et son p***** de solo émergeant d'une plage piano/voix poignante.

En conclusion, un excellent premier album, qui fait battre le pied et hocher la tête, le tout en finesse. Il m'a fait oublier les heures (nombreuses ce mois-ci) passées à écouter des trucs moyens (voire franchement nazes) de la part de groupes bien plus chevronnés.

P.S. Évidemment, ça met la pression pour le prochain opus…

Le site : www.darkwater.se

Bouteil Bout

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