DOKKEN From Conception Live 1981
Frontiers Records

Ex-fans des 80's, Don Dokken vous fait un cadeau ! Il a dépoussiéré, asséché et remixé des bandes moisies abandonnées au placard depuis 25 ans. Voici donc un des premiers enregistrements live de son groupe. Je vous préviens, ça peut produire son effet « petite madeleine »…

Souvenez-vous… Vous alliez à l'école avec un sac US tout pourri et « patché », dont le sigle avait été (astucieusement) transformé en TRUST ou KISS avec du Tipp-ex. Vous passiez vos samedis après-midi aux Puces chez l'Indien pour dénicher ceintures cloutées et moule-burnes léopard (ou zèbre, ou serpent, ou sky). Votre veste en jean était constellée de badges, vos T-shirts exclusivement à l'effigie de vos groupes préférés, sur fond noir. Le casque de votre walkman servait aussi de serre-tête à votre émancipation capillaire. C'était le temps où vous planchiez sur vos maths (ou pas) en écoutant religieusement Tonton Zézé « de 22 heures à Miiidnight sur WRTL Wango-Tango ! ». Vous aviez commencé la guitare pour jouer comme Van Halen et tomber les filles, puis rapidement opté pour la basse (moins de cordes) puisque votre copine adorait Nikki Sixx. Bref, vous étiez… jeune ! Vous écoutiez un peu de tout (et pas que du bon) ; en attendant de vous faire le goût vous n'aviez pas encore radicalisé vos choix (de Led Zep à Warrant !) C'était la mode du heavy et du glam, pas encore les débuts du trash : le hard rock se diversifiait après l'explosion des années 70. Parmi tous les groupes issus des clubs de Los Angeles (Van Halen, Quiet Riot, Ratt, plus tard Guns'N'Roses), émerge Dokken : compos efficaces, chanteur (à l'égo surdimensionné) doté d'une signature vocale maniérée, faite de vibrato et de lyrisme à la Dio, guitar-hero (le sieur George Lynch) adepte du tapping, accroché en haut de son manche.

Et bien tout est là, dans ce live sacrément bien foutu : le son rugueux des débuts avec la niaque dans des salles péraves (avec sono de m***e), un peu de boulangerie à la batterie, les quelques approximations de justesse vocale et guitaristique (celles qui font remarquer à quel point tout est presque au point !), des titres de légende ( Paris Is Burning, Nightrider, Breakin' The Chains ), le tout remasterisé et mettant en valeur la prestation énergique de Dokken, sans trop de bruit parasite. Surtout, on retrouve la jeunesse et l'impétuosité d'un groupe de rock, sans retouche excessive (à comparer avec les 5 millions d'overdubs du dernier live de Whitesnake). Les trois titres exhumés jamais encore enregistrés ( Goin' Down, Hit And Run, You're A Liar ) laissent clairement apparaître les influences rock'n'roll, derrière les poses glam. Le tout est agréable à écouter : l'équilibre voix/instru est très correct, Don Dokken ne sombre pas (encore) dans l'emphase et les clichés, la section rythmique booste les morceaux. Bon, la démonstration solo de Lynch souffre d'une saturation pas toujours maîtrisable (qui bave) mais, quand même, quel gratteux !

En conclusion, un bonus sympa pour les fans et une pièce d'histoire du hard à découvrir pour les autres, Dokken n'étant peut-être pas un groupe majeur mais de qualité, ayant marqué son époque.

P.S. A quand la parution du premier live de Mötley Crüe, avec les hurlements de chat castré de Vince Neil et les soli à 2 notes de Mick Mars ? (Nan, j'déconne…)


Le site : www.dokken.net

Bouteil Bout

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