DREAM THEATER Systematic Chaos
Roadrunner Records

On ne présente plus ce groupe qui a largement contribué à renouveler le rock progressif en créant un sous-genre nouveau : le prog métal. Ces musiciens au niveau technique énorme (ils font connaissance à l'école de musique de Berklee en 1985) ont d'ores et déjà marqué l'histoire du rock en organisant la rencontre de Rush et de Metallica. Perso, je préfère lorsqu'ils n'oublient pas Rush, mais, bon, c'est affaire de goût…
Voilà donc le 15 ème album de Dream Theater (le 10 ème en studio). Je dois avouer que j'ai un peu décroché après Scenes From A Memory… J'avais été surpris mais finalement pas en (trop) mal par Train Of Thoughts : après tout, la consécration, c'est aussi quand on peut se permettre d'enregistrer ce qu'on veut (même si on sonne comme un cover-band de… Metallica). Je n'ai même pas écouté Octavarium (honte sur moi) et ce ne sont pas les critiques (déplorables) qui m'y avaient encouragé non plus (mais je vais réparer cette faute). Autant dire que je n'attendais pas grand-chose du Théâtre du Rêve en 2007. Le successeur d'Images and Words peut-être ? Hey, ‘faut pas rêver ( !) non plus… Soyons direct : y'a à boire (sans mauvais esprit) et à manger là-dedans !

D'entrée, pif-paf-pouf dans ta face : In the Presence of Enemies (Pt.1) est une pièce grandiose qui n'aurait même pas eu besoin de scission pour être digeste tant c'est puissant ! Le deuxième titre, Forsaken , est un régal de bout en bout, avec son petit solo de gratte hyper mélodique (« bonjour les radios, vous pouvez passer du DT »...) Je retrouve un grand groupe, avec ce jeu de batterie toujours aussi prenant (c'est le moins qu'on puisse dire), cette guitare incisive et précise (et pas trop bavarde, ce qui reste son principal travers), cette voix impeccable, le clavier présent juste ce qu'il faut pour ne rien noyer et la basse… absente (mais bon, on ne se refait pas, hein) !
La suite gâte un peu (c'est un euphémisme) cette impression positive. Constant Motion est une imitation réussie (et pathétique à la fois) d'Hetfield mais on n'est pas au (P)uppet Show, là ! Le pseudo-trash The Dark Eternal Night me semble plus que dispensable. La présence du batteur (qui a pris « mec bourré » deuxième langue et qui sonne comme un hooligan au fond d'un fût de Kro.) au chant lead n'est pas celle qui me semble la plus réussie des évolutions du groupe… Et que dire du n ème morceau ( Repentance ) traitant des démêlés de Mike Portnoy avec l'alcool ? Ben que c'est chiant comme la pluie (la pluie, c'est de l'eau !), malgré (ou à cause de) les interventions parlées de ses copains (Neal Morse de Spock's Beard, Steven Wilson de Porcupine Tree, Steve Vai, Joe Satriani, Corey Taylor de Slipknot, Mikael Akerfeldt d'Opeth, Jon Anderson de Yes, Daniel Gildenlow De Pain of Salvation, Steve Hogarth de Marillion) repentants, eux aussi !
Ca s'arrange avec Prophets of War , plus « ambiant » que le reste, avec une voix légèrement posée, sans effort, très pop, une gratte percutante, ce petit rythme disco et les chœurs. Je retrouve le groupe que j'aime avec The Ministry of Lost Souls , morceau long (d'accord, un peu trop et parfois même poussif) qui navigue du Floyd au métal et inversement, entrelace les sonorités de guitares et de claviers et compose un véritable écrin pour la voix de LaBrie. En plus, ce petit son de cordes vibrantes, on ne l'avait plus entendu depuis le Black Hole Sun de Soundgarden.
En conclusion : un album varié d'abord, plus policé (la voix et la gratte) ensuite, plus commercial (lire « pop ») aussi peut-être, dont le morceau de bravoure In The Présence of Enemies justifie à lui seul la possession. Certainement pas le nouveau Images and Words, mais un bon cru cependant. Alors que Symphony X enfonce le clou heavy, Dream Theater flirte avec la pop. Et alors ? On ne pourra pas les accuser de gérer l'existant dans l'immobilisme !

P.S. Ils ont raison de chercher à évoluer car derrière, s'agite la relève qu'ils ont inspirée (Darkwater, Mehida, Circus Maximus…)

Le site :  www.dreamtheater.net

Bouteil Bout

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