GOTTHARD Domino Effect
Nuclear Blast

Attention : la claque ! Gotthard est de retour et très en forme. Les fans vont adorer ce Domino Effect. Quant à ceux qui seraient encore ignorants du raffut sous le massif alpin, je les incite à jeter rapidement une oreille attentive… L'effet, c'est qu'on se retrouve sur le cul ! Il s'agit de hard rock, du beau, du bon, du… bien fort, relevé d'une production moderne, soucieuse du détail. Qui devrait ravir (pour les plus anciens) les amateurs de Led Zep à Rainbow en passant par Whitesnake et Aerosmith, comme les jeunes métalleux férus de puissance et de mélodie. Un album fédérateur, donc. Mais jamais racoleur ni redondant.
J'attendais les suisses au tournant, car j'ai fait tourner en boucle leur précédent album. Lipservice, sorti en 2005, est une excellente galette de hard fun et direct mais Steve Lee y chante souvent comme David Coverdale et le groupe sonne comme Whitesnake époque Slide It In, ou encore Aerosmith. Certes, ces influences (revendiquées par le vocaliste sur leur site) sont toujours décelables (coucou, David, sur Bad To The Bone ), mais Domino Effect sonne comme du… Gotthard, qui ne va pas piquer chez les autres les bonnes idées qui l'ont fait remarquer au début des années 90. Nous retrouvons donc avec bonheur le timbre à la fois puissant et chaleureux de Lee (probablement un des tous meilleurs vocalistes hard&heavy en activité) , mis en valeur par des orchestrations très recherchées. Autant Lipservice faisait penser à un (très) bon album de hardeux se faisant plaisir à jouer la musique qui a bercé leur adolescence, sans innovation aucune mais avec entrain, autant Domino Effect laisse une impression de recherche dans les arrangements et de souci du détail. Les titres s'enchaînent sans lasser, tout en procurant une sensation d'aisance, d'homogénéité et d'osmose entre les musiciens (la stabilité du groupe, dont les fondateurs jouent ensemble depuis quinze ans, doit y être pour quelque chose).
La collaboration entre le guitariste Leo Leoni et Ronald Prent (qui a, entre autres, travaillé avec Rammstein) produit un gros son, très épais ( Gone Too Far ), parfois touffu ( Domino Effect ), rempli par des claviers et des cordes qui étoffent les guitares. L'accent est mis aussi sur les détails de l'orchestration. La plupart des morceaux s'en trouvent magnifiés, telle la ballade (une marque de fabrique du groupe) Falling , majestueuse de tension et de sensibilité, délicatement introduite au violon. Il est intéressant d'entendre certains instruments différemment que sur la plupart des disques de hard/heavy métal, comme la basse au début de The Call . La mélodie principale de ce morceau est à tomber par terre : c'est si simple et sonne tellement bien que ça va dégoutter bon nombre d'entre nous qui nous essayons parfois à la composition ! Les cordes sont à la fête sur Domino Effect où Gotthard paie son tribu à Led Zep en déclinant (énergiquement) le concept kashmirien ( The Oscar Goes To You ). Inversement, et c'est peut-être ce qui manque, ne cherchez pas de guitar-hero, Leoni se concentrant sur la composition, les arrangements et de (parcimonieuses mais) efficaces interventions lead. Point donc de déluge de soli-qui-tuent (dommage). Mais écoutez attentivement ce disque qui révèle, écoute après écoute, ses trésors d'arrangements et amusez-vous à remarquer les détails du son, à identifier ces petits instruments discrets qui ponctuent et enjolivent les différents titres, réalisés comme des pièces musicales plus que comme de simples chansons. Domino Effect devrait plaire autant par son côté efficace que par la richesse de son orchestration. Un album pour amateurs de hard rock et pour musiciens, donc.
Les morceaux à retenir ? Tous ! Y a rien à jeter ! Même des compos qui pourraient ailleurs passer pour secondaires ( Tomorrow's Just Begun, Come Alive, Now ) sont si bien balancées que c'en devient une leçon pour qui (honte sur eux !) donnent dans le remplissage de fin d'album. Comme d'habitude, Gotthard est généreux, avec quinze titres : Master Of Illusion, Gone Too Far, Domino Effect, Falling, The Call, The Oscar Goes To You, The Cruiser (Judgement Day), Heal Me, Letter To A Friend, Tomorrow's Just Begun, Come Alive, Bad To The Bone, Now, Where Is Love When Its Gone, Can't Be The Real Thing (bonus).
Un bémol pour la pochette qui se contente d'exposer le logo du groupe et n'est donc pas très intéressante. Mais on s'en fout parce que ce qui compte est dedans !
En conclusion, des influences parfaitement assimilées, des compos super efficaces, arrangées de mains de maîtres, une patate communicative et quel chanteur ! Un vrai travail d'orfèvre (je sais, c'est facile avec des suisses…) Les morceaux sont (presque) tous trop courts. Un sérieux prétendant au titre d'album de l'année et certainement un futur classique.

P.S. Deux conseils. Pour les connaisseurs : courez acheter cet album. Pour ceux qui découvriraient Gotthard à cette occasion : profitez-en pour vous offrir leur discographie complète.

Le site: www.gotthard.com

Bouteil Bout

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