KIKO LOUREIRO Universo Inverso

Aujourd'hui, j'ai écouté un bien agréable album de guitariste (vous noterez que je n'écris pas "  un album de guitare…") Universo Inverso, album solo de Kiko Loureiro d'Angra.
Si vous aimez la musique, propre et bien interprétée par de vrais musiciens qui savent jouer, variée à l'intérieur d'un univers cohérent tout au long de l'album, ce disque est pour vous. Si vous aimez les disques de guitaristes explorant l'univers de leur instrument, au-delà du style du groupe avec lequel ils se sont fait connaître, ce disque est pour vous. Si, enfin, vous appréciez qu'un album solo soit autre chose que la longue (et ennuyeuse) démonstration technique d'un artiste mis en valeur par des musiciens accompagnateurs cantonnés dans des rôles de faire-valoir, ce disque est pour vous ! C'est un univers différent de celui d'Angra que vous allez découvrir : ici, c'est très jazzy. Universo Inverso, le côté clair de Kiko ? L'autre côté du miroir speed mélodique d'Angra ? Le revers de la médaille heavy-do-Brazil ?
Les plus anciens d'entre nous (et les connaisseurs des années 70) retrouveront les influences du Mahavishnu Orchestra (John McLaughlin) et de Santana. Pour donner une référence plus récente, ça joue avec le jazz un peu dans l'esprit de ce que faisait Joe Satriani (avec le blues) dans la seconde moitié des années 90. Bref c'est de la fusion jazz-rock moderne qui cite volontiers ses sources, sans les paraphraser. J'ai parfois pensé au travail de Steve Morse (Deep Purple, ex-Dixie Dreggs) avec son S.M.Group. Autant dire qu'il ne joue pas à la marelle pas dans la cour des maternelles, le Kiko…
Je l'ai déjà signalé, il est intéressant d'avoir affaire à la production d'un groupe au service de sa musique et non d'un assemblage de requins de studio, au service de l'instrumentiste qui signe l'album. Loureiro a composé six morceaux sur les dix et Yaniel Matos, pianiste, les quatre autres. Cuca Teixeira, et Carlinhos Noronha, respectivement batteur et bassiste, ont arrangé le tout avec leurs deux acolytes. Vous avez droit à de nombreux soli de piano, et pas systématiquement aux envolées nombrilocentrées du gratteux. Je reprends aisément, en signant des deux mains, la formule trouvée sur le site officiel français consacré au guitariste brésilien : « bien qu'il soit un technicien hors pair, rôdé par des années de labeur, Kiko ne cherche pas à « épater la galerie » en enchaînant les « exploits » techniques stériles… Nous sommes loin des prises de tête « de la musique pour musiciens ». Car s'il est sans l'ombre d'un doute un instrumentiste appliqué et remarquable, en solo, Kiko privilégie encore et toujours l'approche mélodique et le sens de la composition ». Universo Inverso est subtil, délicat, souvent inspiré, évidemment plus aérien que tellurique (pour l'artillerie lourde, il faut écouter Angra) et suffisamment varié pour ne pas lasser les auditeurs non spécialistes de la six-corde. L'ambiance, c'est piano-bar soft, petite boisson sympa et conversation romantique avec votre moitié(e). Je ne moque pas, bien au contraire, car le côté « smooth » ne verse jamais dans la musique d'ambiance insipide.
En conclusion, qui a dit que les musiciens de métal manquaient de feeling et de nuance ? J'ai rangé ce disque dans l'ordre alphabétique parce que sinon, je ne m'y retrouve pas dans ma discothèque mais, si j'avais dû le classer par thème, en « musique instrumentale », il aurait côtoyé Carlos Santana, Mike Oldfield, Steve Morse, Joe Satriani et Marty Friedman. Bon, après ça, si les guitaristes, comme les (simples) amateurs de bonne musique ne l'achètent pas, je ne sais plus quoi ajouter…
P.S. Donc, ça se confirme, Coluche avait tort : au Brésil il n'y a pas que le foot et les prostitués transsexuels ! Et pas que la samba et la bossa nova non plus, d'ailleurs.

Le site : www.kikoloureiro.com.br

Bouteil Bout

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