MAD MAX White Sands
AOR Heaven / Underclass

Comment dire ? Déjà, au début, le nom m'a fait sourire. Mel Gibson jouerait dans un groupe de rock ? Remarquez qu'avec ce nom, il était prédestiné à la guitare, mais ses penchants bien connus doivent surtout le porter vers… les bières ! Bon, d'accord, on avait dit ni les noms ni les fringues…
Alors parlons musique… Vito Bratta et Richie sambora ont des cousins allemands ? ! Ils jouent dans Mad Max ! Première écoute, dans l'autoradio (oui, oui, je les écoute plusieurs fois les albums). Ce test de l'autoradio est terrible parce qu'on n'entend pas distinctement toutes les fréquences, qu'on n'est jamais concentré à 100% sur la musique (ben y'a la route un peu, quand même). Bref, il faut que ça attire l'oreille et que ça emporte l'adhésion globalement, sans trop compter sur la sensibilité des arrangements, en misant plutôt sur la qualité des compos. Et bien, dans ces conditions particulières, White Sands m'a attiré l'oreille…

- Dis donc ! C'est Vince Neil qui chante (sic !) sur le premier titre ?

- Ben non, c'est Jon Bon Jovi… enrhumé, dès la plage 2 (avec intro a capella + effets comme sur You Give Love A Bad Name )

- Attends, Bon Jovi, il chante pas dans Def Leppard…

- Non, là c'est Mad Max…

- Mais où ils sont allés le chercher, ce nom de groupe ? Ah, j'y suis, c'est du second degré !

- Bah, non, même pas…

C'est stupéfiant : ces mecs enfilent les clichés comme d'autres les perles… Mais que n'ont-ils pas monté un groupe de reprises ? Là y'aurait rien eu à redire. Quand on présente ses propres compos, le moins que l'on puisse faire, c'est de rechercher l'originalité, ne serait-ce que pour se distinguer, émerger du commun. Et bien non ! Le son, les arrangements, les voix (ah ! l'écho… non, à ce niveau-là ce n'est plus de la réverb'), tout semble avoir été pompé chez Bon Jovi et consorts en 86. Au moins, il n'est pas difficile de les cataloguer, ceux-là ! Ils me rappellent des gars croisés à Nantes en 1990, qui jouaient dans les bars. Ils avaient autoproduit une cassette et étaient fans de… Bon Jovi. J'ai ressorti la cassette, et ben, ça sonne pareil… Des fans qui se sont payé un album dans le style qu'ils affectionnent, voilà ce que m'évoque White Sands. A la seconde écoute, la voix apparaît mixée et colorée comme celle de Mike Tramp sur Pride de White Lion (j'ai ressorti le disque aussi). Ces évidentes similitudes dans les sonorités nasales, comme dans les vocalises « de gorge » à la Bon Jovi sont amplifiées au mixage. Ceci dit, le jour où Canal+ envisage une déclinaison rock des Guignols, ‘faut qu'il se présente, le chanteur de Mad Max, il pourra faire au moins deux voix !

Pour moi, y a pas photo. C'est hyper convenu (la très oubliable ballade Heaven is …), ça pue la décalcomanie à plein nez (c'est plus des citations mais du copier/coller). C'est plan-plan (plomb-plomb ?). Malgré la batterie en avant, le son gras sur les grattes, ça reste mou du genoux (« l'hymne » Family of rock , « je me marre ! » comme disait Mimi), les tempi medium se traînent le cul ( Lluvia , instrumental, le côté sombre -pour de faux, hein- de l'album ?), ça manque d'élan ( We Fight in White (just like Stryper ?), Change it ). Tiens, au fait, ça me revient : je me rappelle où j'ai déjà entendu ce son de guitare : sur une cassette pour « apprendre à jouer hard rock » achetée à Pigalle il y a 20 ans… Alors, si, lorsque vous écoutez successivement Kingdom Come et Led Zeppelin, vous préférez les premiers, Mad Max, c'est pour vous (je vous le laisse !) Si, au contraire, vous préférez toujours l'original à la copie, et bien tapez-vous un 80's revival : Slippery When Wet de Bon Jovi, Hysteria de Def Leppard, Pride de White Lion.

Pourtant il faut reconnaître que le côté « gros hard FM qui tache » de White Sands est sympa, qu'on se prend souvent à battre le rythme et à dodeliner de la tête, qu'ils trouvent quelques trucs (le riff principal de Little Princess est entêtant) mais à force d'en singer les pauses et d'en utiliser tous les codes, ça devient ri-di-cu-le. Si vous trouvez que j'exagère, jetez donc une oreille à l'intro à la talk box de la plage 4 : il fallait oser, quand même ! Tout ça ressemble tant aux modèles que ça finit par exaspérer. Bon, je crois que si je rajoute une ballade à la Scorpions ( Glorious Night ), j'aurais cité tous les groupes dont ils se sont (largement) inspirés et qu'on tient un set de reprises, impec' pour un piano-bar…

En conclusion. 1 ère possibilité, l'avis indulgent : neuf morceaux sympa plus un « plus heavy » (dixit le dossier de presse) tout pourri ( War ), pour faire ses courses bon pied bon œil ou à écouter dans l'ascenseur. 2 ème possibilité, l'avis sans concession : « pouah ! ils le vendent, ça ? » (merci encore à Mimi).

Donc, si vous aimez le hard FM (ce qui arrive à des gens très bien), réécoutez du Gotthard (G, ou le dernier, Lipservice) : ça cite ses sources, ça balance de bons morceaux qui trottent longtemps dans la tête, le son est « top moumoute » et le chanteur assure de chez AGF (bon, c'est vrai, sur le dernier, on dirait un peu Coverdale en 87, mais bon…) Quand à Mad Max, revoyez le… film.

P.S. Avis aux amateurs : un emploi possible pour ce disque, à l'usage des jeunes parents : ça a réussi à endormir mon fils (10 mois), qui connaît bien Bon Jovi, il est vrai…

Bouteil Bout

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