ROAD TO RUIN Road To Ruin
Metal Heaven / Underclass

Ben dis donc, encore un clone ! Mais, pour une fois, un clone tellement sympa que je ne vais pas en dire de mal. En effet, à y écouter de plus près, Road To Ruin, groupe suédois, side-project de Lion's Share, pourrait être un « Tribute Band to Rainbow » qu'on n'y verrait aucune différence (enfin si, une : Blackmore ne joue pas dans le groupe !) Les musiciens Lars Chriss (guitare, Lion's Share), Sampo Axelsson (basse et claviers, Lion's Share, Glenn Hughes), Matti Alfonzetti (voix), Tomas Broman (batterie, John Norum, Glenn Hughes) ne sont pas des débutants et ce premier album respire le métier et le goût du travail bien fait.
Dès la première mesure du premier titre (au riff principal génialement entraînant) The Only One , j'aurais perdu au blind test en m'écriant «  Gates of Babylon  ! » Le ton est donné : c'est le même son d'orgue Hammond B3 qu'en 78. Tout le disque est à l'avenant. Ceci dit, c'est très bien joué. La rythmique est carrée. Les riffs imparables tournent comme ceux de Blackmore ( Pleasure And Pain , par exemple). De vrais bons riffs, ça nous change un peu des power-chords débités à la tronçonneuse ! Les soli, qui eux sonnent métal moderne dans ces structures très old school, passent cependant tels des lettres à la poste et le résultat du mélange est probant. L'orgue soutient la gratte et lie le tout, n'hésitant pas à investir le devant de la scène pour quelques soli. La voix est parfaite : posée, bien timbrée, à l'aise et jamais forcée, mélodieuse, assez proche des intonations d'un Joe Lynn Turner sur les refrains les plus popisants ( Walk The Line, Crawling ). Si je chipote, j'écris qu'elle manque encore un peu de puissance…
Les titres qui ne luisent pas comme l'Arc-En-Ciel fleurent bon le Pourpre Profond période Burn-Stormbringer ou le Whitesnake anglais (pour l'instrumental, parce que la voix n'a pas grand chose à voir avec Coverdale) : Pale Rider, For Your Soul , Until I See The Sun (avec force réminiscences du légendaire Mistreated ) On notera aussi l'influence de Tony Iommi (autre pointure, autre légende) : le riff pachydermique de Face Of An Angel . Pour faire bonne mesure dans ce Musée Grévin du bon goût seventies, plane l'ombre du Dirigeable Plombé ( Thorn In My Side ), avec carrément une citation du maître riffeur Page (le couplet, c'est Dazed And Confused ) Et sur le même titre (décidément !), le chant évoque Phil Lynott (Thin Lizzy). Ne manque à l'appel que Ronnie Dio…
Nous avons ainsi affaire à un disque agréable de bout en bout, à mon avis sans déchet. Du plaisir en barre, donc. Un plaisir régressif un poil nostalgique mais terriblement attrayant. Moi, quand c'est bien fait, que ça cite ses sources sans chercher à masquer des influences plus qu'évidentes derrière des postures pseudo-novatrices, ça me va ! En effet, que reprocher à des mecs qui se font (et nous font) plaisir en jouant la musique qu'ils aiment et qui les a conduit à prendre des instruments ? Peut-être d'avoir un peu négligé les refrains, pas toujours très accrocheurs. A l'inverse, jouant une musique datée, ils ont eu le soucis de l'arranger et de la produire de façon moderne : ça sonne donc rétro mais pas has been , nuance !
En conclusion, achetez-le ! (Bon, pas pour la pochette, d'accord…)

P.S. Avantage supplémentaire non négligeable de cet album : il vous évite de trimbaler la disco complète de Rainbow en vacances !

Le site : www.roadtoruin.org

Bouteil Bout

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