SEVEN TEARS In Every Frozen Tear
Frontiers Records

Seven Tears est un nouveau groupe suédois donnant dans un heavy mélodique à tendance progressive (encore un…) Au premier abord, je me dis que c'est un Nième groupe de hard FM/A.O.R. surfant sur la vague 80's revival, because surtout un synthé qui nappe à tout va… En poursuivant attentivement l'écoute, je remarque les sonorités sympathiques, la propreté de l'enregistrement et les arrangements léchés. Le côté FM est classieux, à rapprocher des groupes américains type Journey ou Toto. Les pistes de guitares raviront les amateurs de plans en tapping, des sonorités satrianiesques comme des passages atmosphériques très mélodiques sur fond de claviers typiques d'un Rush. Il s'agirait donc d'une sorte de croisement entre les deux tendances FM 80 : la suédoise et l'américaine ?
Si on en reste là, c'est du tout bon et, effectivement, les chansons passent toutes bien, leurs refrains entrent dans la tête et l'ensemble est tout à fait digeste. Mais il me semble quand même que certaines compositions sont un peu faciles, assez convenues et déjà vues ( Reflections , par exemple). D'accord, rares sont les groupes qui réinventent l'eau chaude ; celui-là ne découvre pas la tiède.
Et puis il y a la voix, plutôt grave, de Zoran Djorem, dont certaines intonations évoquent Eddie Vedder (Pearl Jam). Moi, je n'aime pas, je la trouve limitée, ni très mélodieuse ni franchement rock ( Hollow Ground ), pas épique pour deux sous, manquant surtout cruellement d'ampleur lors des passages lents (pourtant nombreux). C'est là le reproche principal que je fais à Seven Tears : ils n'ont pas trouvé le chanteur qui s'accorderait à leur musique, capable de transcender des compos un peu banales mais cependant très efficaces. Car cette musique recèle des trésors mélodiques, emprunts de délicatesse et de douceur (comme les parties acoustiques de Truth of Tommorrow ), qui ne demanderaient à mon humble avis qu'un bon coup de pied aux fesses du tempo (c'est souvent trop mollasson) et un grand frontman pour décoller. Certes, ça ne se trouve pas sous le pied d'un cheval… A propos, il fait quoi, en ce moment, Jorn Lande ? (Nan, j'rigole.)
A ma grande surprise, alors que je m'attendais, avant d'explorer leur bio, à découvrir une fine équipe de papis passéistes, ce sont des jeunots (le plus vieux est né en 1985 et les deux fondateurs ont commencé à jouer ensemble à 13 ans !) Seven Tears est donc un groupe prometteur, surtout pour les parties de guitares judicieusement et harmonieusement nourries d'influences bien digérées ; si on s'attache à la qualité sonore de la production, sérieusement maîtrisée elle aussi. Car finalement, à bien écouter, les claviers ne sonnent pas si has been que ça : ils assument le choix artistique d'un ancrage nostalgique ( Faded Memory ) rehaussé de touches plus inattendues ( In Every Frozen Tears ).
Curieusement, à la différence de la plupart des track lists, ce que propose le groupe semble s'améliorer à mesure qu'on avance dans le disque : je trouve la première partie plutôt racoleuse ( Faded Memory , la ballade All Alone ) et la seconde plus franche du collier. Même la voix gagne en efficacité lorsque le chanteur la pousse un peu (sur Sorrows, The Story Unfolds, Fragments ). On y trouve un intéressant mélange entre les sons de synthés très datés déjà cités, une guitare soliste toujours aérienne et (enfin, pourrait-on dire) des rythmiques énervées gratifiées d'une frappe lourde un peu « couillue ». C'est ce côté progressif qui me semble le plus intéressant chez Seven Tears. Apparemment, le groupe fonde son identité musicale sur la double facette FM/prog. Il faudra attendre les prochains albums pour en constater l'efficacité ou la vacuité.

Les titres à retenir : Twist of Fate , In Every Frozen Tears , Sorrows, The Story Unfolds.

En conclusion, un nouveau venu sur la scène prog métal, à découvrir pour son côté FM finalement assez inhabituel (par comparaison à la multitude de clones speed de Dream Theater et Symphony X). La voix a aussi le mérite de surprendre un peu. Une musique sacrement maîtrisée par de jeunes instrumentistes, ce qui rappelle, dans un registre différent, les débuts de Sonata Arctica ou Apocalyptica. Eux aussi nordiques, à croire que la précocité est répandue près du cercle polaire…

P.S. Mes requêtes pour la suite : booster tous ces mid-tempi et injecter un peu de peps aux lignes de chant.

Le site : www.seventears.se

Bouteil Bout

www.ultrarock.net                                                               design essgraphics