TED POLEY Smile
Frontiers Records

Si vous êtes plus OGM que bio, plus McDo que foie gras, plus cheddar que roquefort, vous allez apprécier cet album solo du chanteur de Danger Danger. Paulette était la Reine des paupiettes, Poley, c'est le Roi de la saucisse ! En zélé vendeur de knacki Herta du métal, il nous propose ce joli disque bien propre sur lui, bien emballé, bien aseptisé, tout en plastique. Les canons de production d'un rock gentillet (qui n'a plus de hard que l'étiquette) y sont respectés ainsi que les quotas du genre AOR. On y retrouve donc un joli brin de gorge légèrement voilée mixé tout devant (c'est le critère « sexy » pour assurer le taux d'écoute auprès de la ménagère de moins de 50 ans), de grosses grattes saturées mais pas trop mixées en avant (c'est le critère « crédibilité », recherchant l'indulgence des rockers), une section rythmique en béton (c'est le critère « move your ass » sensé faire djeun's), plus une bonne dose de synthé pour lisser le tout (c'est le critère « crème fraîche », en vertu duquel plus on en met plus c'est bon).
C'est fou comme certains artistes sont restés coincés dans une époque (ça sent un peu la sénilité précoce, tout ça…) Non qu'ils soient dépositaires d'un style ou accrochés à des influences, ils sont simplement has been et n'évoluent plus. Ici, tout ce qu'on entend est certes parfait au plan technique, mais a été briqué au détergent (un peu comme les brushing de la vague hair metal fin 80's dont Danger Danger était un représentant). Le tout est compact mais rien n'attire particulièrement l'attention : c'est de la très bonne musique d'ascenseur.
Dès le premier titre, croyant à un blind test, je me suis écrié : « Def Leppard ! ». Impression confirmée avec le riff d'intro du titre Smile  : « c'est Animal  ! » Ecoutez et vous conviendrez que cette voix au registre médium-aigu, un poil nasillarde, ces licks de gratte flashy, ces sonorités et ces compos hard/pop sentent le déjà vu. Mais quand sortait Hysteria en 1987, le son était résolument moderne et la prod. énorme pour l'époque. Aujourd'hui, ça apporte quoi d'essayer de faire pareil (a part quelques sourires entendus) ?
Heureusement que le guitariste JK Northrup est là pour enjoliver le tout et débrider un peu ces plates compositions, posant des soli à la fois concis, mélodiques et énergiques qui instillent (un peu) de fantaisie dans cette machinerie impersonnelle et (trop) bien huilée. Le bonhomme, adepte de la pyrotechnie, aime les harmoniques et les incursions en haut du manche et il réussit à pimenter un peu la sauce, par ailleurs très standardisée.
Je vous épargne l'analyse par plage, tant l'ensemble, sentant la redondance à plein nez, m'a paru fastidieux à détailler, dans le genre : « la plage 1 est racoleuse, le deuxième morceau mou du genou, le troisième titre cousu de fil blanc, le quatrième insipide, le cinquième et les suivants dispensables »… Seuls Luv On Me , un peu plus rythmé (marrantes, les réminiscences Mike Tramp évoquant le fantôme du lion albinos) et Why Can't We Pretend That It's Over (marrantes, les réminiscences Sammy Hagard période 5150 : si, si, réécoutez Dreams  !) n'ont un peu réveillé. Bon, le morceau d'ouverture Waiting Line est sympa aussi à écouter en voiture, tellement il est bébête mais rentre facilement dans la tête (« yeah, yeah, yeah » : bravo les chœurs !)

En conclusion, un album tout propre, tout lisse, pour ceux qui aiment bien quand ça glisse. Ceux qui préfèrent les fromages au lait cru (« quand c'est rugueux, c'est pas lisse… ») passeront leur chemin et gagneront ainsi du temps !

P.S. Non… rien !

Le site : www.tedpoley.com

Bouteil Bout

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