The CODEX The Codex
Frontiers Records
Magnus Karlsson, compositeur/interprète métal de l'année ? Si on attribue ce titre-là au poids des tubes ou au kilomètre de bande sonore de qualité, c'est indéniable, non ? Question à 100 balles : que fait Karlsson lorsqu'il s'ennuie ? Réponse : il compose un nouvel album qu'il fait enregistrer à une pointure vocale chez Frontiers. C'est à croire qu'il y a signé un deal l'engageant à pondre plusieurs cartons chaque année pour espérer être rétribué… Après donc l'excellent Allen/Lande n°2, voici The Codex, qui marque le retour sur le devant de la scène du premier chanteur d'Yngwie Malmsteen, Mark Boals, accompagné de l'excellent batteur de Mind's Eye, Daniel Flores, ainsi que du bassiste Linus Abrahamson (Magnus se chargeant des guitares et claviers).
Cet album est entièrement composé de morceaux dynamiques, agressifs, voire carrément rentre-dedans (tout au plus la pseudo-ballade Whole Again permet-elle de souffler un peu), très accrocheurs. Des influences pop quasi dancefloor (le refrain de Raise Your Hands, le riff du refrain de Running Out Of Hate ) mâtinent des titres furieusement heavy ( Toxic Kiss montre que Karlsson a écouté Judas Priest, Mistress Of Death sort la double pédale et les power-chords au hachoir), pour le plus grand bonheur des kinés (grand dérouillage des vertèbres cervicales assuré…) Globalement, on est plus dans le heavy mélodique que le prog' metal (sauf les excellents Beyond The Dark , Dream Makers et Garden Of Grief ).
Amateurs de hard & heavy mélodique stylé et de gros son, cette galette est donc pour vous ! Vous y retrouverez ce que vous aimez du guitariste/compositeur/arrangeur/producteur suédois hyperactif : des rythmiques intelligentes en béton, des refrains ciselés qui balancent, une « patte » mélodique décidément bien reconnaissable et des soli ravageurs inspirés autant qu'incisifs. Si vous ne connaissez pas encore, sautez sur l'occasion pour découvrir ! En matière de références, The Codex évoque Rainbow mais aussi le Europe de la grande époque, avec John Norum et avant la noyade sous les synthés (les couplets de Raise Your Hands et le refrain de Bring Down The Moon rappellent les intonations et la diction de Joey Tempest), le Zygwigwie aussi, bien sûr, mais plus par la voix (normal) et la virtuosité sur le manche que pour les influences classisantes, ici peu présentes.
La voix, justement ? Bon, il faut reconnaître que Marc Boals n'envoie plus autant qu'il y a 20 ans, ce qui est dans l'ordre des choses. Alors, mixée très en avant (et parfois un poil au taquet), sa voix souffre de la comparaison, tant avec ses anciens albums, qu'avec les performances de Russell Allen et Jorn Lande en partenariat avec Karlsson (The Battle, 2005 et The Revenge, 2007). Cela tient aussi peut-être à une production plus dépouillée, donc moins susceptible de masquer d'éventuelles carences vocales derrières des tonnes d'arrangements ( ?) Cependant, rassurez-vous, nous avons affaire à un grand pro. Seulement voilà : ce n'est pas aussi puissant que du Jorn Lande… (Je sais, ça vire à l'obsession.)
Les titres à retenir. Beyond The Dark (quelle entrée en matière !), Raise Your Hands (quel refrain !) , Toxic Kiss (quelle hargne !) , Bring Down The Moon (quelle intro !) Bon, j'aurais (presque) pu tous les citer. De toutes façons, en constatant le niveau des six premiers titres (sur douze), on se dit que le qualificatif « grand » est déjà justifié pour cet album. Seule Mystery me semble une composition plus faible, justifiant ses parties lead (par ailleurs excellentes) plus qu'autre chose (en fait, c'est un gros solo déguisé en chanson !)
En conclusion, encore une fois avec Magnus Karlsson, c'est du lourd ! Tout cela a beau être (très) mélodique, c'est brossé au toniglandyl et ça dépote de bout en bout ! Que demander de plus ? Le prochain album avec Jeff Scott Soto, Geoff Tate ou Bruce Dickinson…
P.S. « Speeder Karlsson, Speeder Karlsson, Il sait composer à fond, Est-ce qu'il peut s'faire une toile ? Bien sûr que non, c'est pas Besson ! » Euh, je crois que j'ai atteint les Abysses, là…
Le site : www.magnus-karlsson.com
Bouteil Bout
