VOYAGER Univers
Dockyard 1 / Underclass

J'ai découvert ce groupe australien avec ce deuxième album. Daniel Estrin (claviériste et chanteur), Simone Dow et Mark De Vattimo (guitaristes), Mark Boeijen (batteur) et Alex Canion (bassiste), officient dans un style métal mélodique progressif nourri de (très très) nombreuses influences, dont les plus évidentes sont gothiques, death-athmosphérique et… électro-pop ( !)
J'ai mis du temps à m'acclimater à cet Univers… A la première écoute, l'ambiance plutôt lourde et les mélodies empreintes de mélancolie, chantées par une voie grave aux accents cold wave un poil dépressifs, ça faisait beaucoup d'un coup, pour qui venait de s'enfiler joyeusement The Codex, Road To Ruin et Darksun… J'ai donc commencé par un rejet. Cependant, bien m'a pris de persévérer (c'est ça, la conscience bénévole !) car la musique de Voyager, qui m'aura été moins accessible d'emblée que celle de nombre de groupes évoluant dans la sphère prog métal, je l'ai appréhendée petit à petit, écoute après écoute, pour l'apprécier et finalement la déguster telle ce qu'elle est : un met raffiné.
S'il faut des comparaisons avec d'autres groupes, on peut penser à HIM, à Evergrey, pour les ambiances. M'est avis qu'ils ont (eux aussi) bien écouté Angra ( Deep Weeds , Falling ), même si rien ne rappelle André Matos dans la voix de Daniel Estrin. Pour la voix, cherchez plutôt du côté du timbre de Morten Harket de A-ha et comparez avec Everwaiting et What I Need … Alors, oui, il faudra à certains vieux ronchons habitués (et amateurs) du registre aigu (tel votre serviteur) un temps d'adaptation à cette voix grave un peu linéaire (ça tient aussi à des lignes de chant parfois trop semblables à mon goût), capable cependant de se promener du black (par petites touches parcimonieuses) au folk. Mais ce cap dépassé, quel plaisir de se laisser porter par des compositions décidément bien construites et insidieusement (à défaut d'évidement) tubesques !
Les claviers sont mis en avant (chanteur-claviériste oblige ?) et leur qualité est indéniable, tant au niveau des nappes, des détails sonores, que pour le jeu de piano (le solo de Cross The Line n'est pas sans rappeler Mike Garson accompagnant Bowie -une référence-). C'est vrai qu'ils sont très (omni)présents, mais on s'aperçoit vite qu'un subtil et réel équilibre a été ménagé entre les instruments et, finalement, aucun ne phagocyte les autres. La puissance de cette musique repose plus sur cet équilibre, sur la qualité des lignes mélodiques, sur la finesse des arrangements et les contrastes (l'accordéon sympatoche et les vocaux gutturaux sur Higher Existence, la rythmique coup-de-poing, les couplets saignants et le refrain pop très policé de White Shadow ) que sur le déballage de la grosse artillerie drums & bass ou les soli ravageurs. Le métal gothico-progressif à tendance pop teinté de petites touches électro ( !) de Voyager fait dans la dentelle : ni trop expérimental, ni trop démonstratif, il se fait remarquer en douceur et en finesse par sa justesse et sa précision. Il faut noter aussi la belle cohésion de l'album, les 11 titres s'enchaînant logiquement en distillant une ambiance plutôt sombre et mélancolique, sans lasser.
Les titres à retenir. Le très (à la fois) entraînant et atmosphérico-lancinant (la saveur du paradoxe) Everwaiting . Et surtout l'enchaînement de la mort-qui-tue Sober (le single), Cross The Line (waouh, quel morceau !), Pulse 04 (au final complètement barré).
En conclusion, Univers est un album très abouti qui assume ses choix artistiques : tout sauf de la musique jetable. Accessible mais pas forcément évidente à assimiler au premier contact, la musique de Voyager gagne à être connue et offre effectivement à qui s'y ouvre ce que son nom promet : un cheminement, un dépaysement, une atmosphère particulière et un moment comme hors du temps. En un mot : envoûtante. Un groupe à suivre.

P.S. Assimiler autant d'influences (de A-ha au black metal, c'est plus qu'un grand écart facial, c'est carrément de la séparation testiculaire…), revendiquer cette diversité et trouver son propre style, c'est balèze !

Le site : www.voyager-australia.com

Bouteil Bout

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