DRIVER
" Sons of thunder "

DRIVER Sons of thunder
Metal Heaven

Driver, je l'explique à ceux d'entre vous qui n'appartiennent pas (comme moi) à la catégorie des « plus très jeunes », est la renaissance d'un groupe monté par le bassiste Rudy Sarzo (ex Quiet Riot et Whitesnake, entre autres) et le batteur Tommy Aldridge (ex Whitesnake, entre autres), qui avaient recruté, pour sortir en 1987 le disque Project : driver, le shredder Tony MacAlpine et un jeune chanteur au timbre prometteur surnommé Bob Rock. Sorti sous les initiales des protagonistes (soit M.A.R.S.), ce fut l'unique album d'une formation qui perdura sous le nom de Driver, emmenée par Rock, entouré de Roy Z (devenu depuis un producteur renommé auprès de Bruce Dickinson, Rob Halford ou plus récemment André Matos) et du batteur Reynold "Butch" Carlson.

Driver reprend donc avec « Sons of Thunder » ce que M.A.R.S. avait laissé en plan. Il s'agit d'un hard rock racé, limpide, aux refrains entraînants, nappé de claviers, à ranger du côté des productions du Rainbow post-Dio. Si l'esprit est là, le son, modernisé, n'est judicieusement pas resté scotché dans les années 80. Les compositions comme les instrumentistes assurent aisément le minimum syndical : tout plein de rythmiques qui dépotent, de soli enlevés, auprès desquels se pose la voix de Rob Rock, parfaite dans ce style à la Joe Lynn Turner. Soit un heavy FM gentillet, lorgnant vers un big rock ricain à la Journey ou Foreigner.

Cet album se voudrait être un incontournable pour les amateurs de métal mélodique. Rob Rock y apparaît effectivement techniquement toujours aussi bon et Roy Z démontre une fois encore (s'il en était besoin) qu'il est une fine lame. Malheureusement, Driver semble, comme Coluche à sa grande époque, « s'excuser de demander pardon » de jouer du hard. Ce qui devient vite lassant : la moindre idée un peu à contre-courant (l'intro instrumentale rentre-dedans Titans Of Speed , qui change agréablement des habituelles entrées en matière pompeusement symphoniques), le moindre riff un tantinet « méchant », les quelques rythmes un peu burnés (qui font hocher la tête et taper du pied en loucedé avant le retour au calme), la moindre envolée soliste un poil mordante sont immédiatement et systématiquement suivis de leurs corollaires sirupeux et lénifiants.

Après donc une intro de fort bon augure, I'm A Warrior s'avère un titre puissant doté d'une bonne mélodie, bien que déjà jouée 25000 fois par 15000 groupes dans les années 80. Un exemple ? Allez, au hasard… Les américains de Riot et leur Soldier . La suite enchaîne logiquement des compos classiques sans être désagréables pour les amateurs d'A.O.R. A côté de refrains hauts perchés calibrés stadium comme sur Hearts on Fire , on pourra apprécier des titres plus couillus tels Sons Of Thunder ou Winds Of March . Mais les refrains en question n'ont rien de bien exceptionnel et même si sa technique reste irréprochable, Rob Rock finit par me filer des boutons à force de platitude vocale. D'accord les notes aiguës, OK le vibrato épique (on voit d'ici les cheveux dans le sens du ventilateur et les choses-de-la-vie moulées de cuir trônant en haut des santiags elles-mêmes perchées sur le retour de scène…). Mais quand c'est qu'il module un peu et qu'il se souvient d'être expressif ? De fait, « Sons of thunder » est à l'image de ces jeux vidéos pour pré-ados : de prime abord séduisant, clinquant mais pâtissant d'un scénario par trop linéaire. Malgré quelques subtilités d'arrangements (le clavecin sur Fly Away , le côté électro de Dark World ), l'encéphalogramme reste dangereusement plat et aucun tube ne se dégage du lot. Par contre la gerbe monte avec les indigestes ballades ( Never Give Up, Change Of Heart, Only Love Can Save Me Now, I Believe In Love , trois ou quatre, je ne les compte même plus, tiens !)

En conclusion, si « Sons of thunder » est un album apte à séduire les amateurs du genre par son côté à la fois technique et easy listening , pour moi c'est un bide (Chirac aurait dit que « ça fait pschit »). Roy Z s'est fourvoyé sur ce coup convenu et finalement sans saveur.

P.S. Comme pleins de trucs devenus quasi légendaires, Driver a perdu au change en cassant le rêve : en s'incarnant, le mythe s'est banalisé. Las ! Freud nous avait pourtant mis en garde contre le passage à l'acte et la réalisation du désir…

Le site : http://www.myspace.com/driverofficial

Bouteil Bout







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