LEVERAGE Blind Fire
Frontiers
Les finlandais de Leverage prouvent avec leur second album (si c'était nécessaire) qu'on peut être jeune et aimer Rainbow ! Leverage (influence, dans la langue de Voltaire), c'est du heavy old school (légèrement) modernisé. Techniquement irréprochables, ces musiciens paient leur tribut aux figures tutélaires du hard rock. Effectivement, dès la première écoute, ça saute aux oreilles, Leverage est largement influencé par la bande à Blackmore : compositions ultra-mélodiques, lignes de chant claires et épiques, rythmiques rotatives, guitare solo soutenue par les claviers, omniprésente, incisive et volubile.
Tout est très bien joué, parfaitement en place. Du très pro quoi. Je vous recommande tout particulièrement les parties de guitare de Tuomas Heikkinen et Torsti Spoof qui sont vraiment intéressantes et témoignent d'une « patte » personnelle tout en évitant l'écueil de la démonstration technique. Laissant au fjord les plans bateaux ( !) et sachant surprendre sans perdre en efficacité, les interventions solo pourtant longues ne paraissent jamais verbeuses ni n'éclipsent les compositions. Celles-ci, de forme très classique, sans être transcendantes sont plus qu'honnêtes (bien qu'aucune ne m'évoque un tube en puissance). En ce sens l'album est équilibré : aucun titre ne se détache franchement du lot, mais aucun non plus ne fait remplissage. Au chant, les références de l'excellent Pekka Lampinen, au timbre chaud et au registre large, sont à chercher du côté de Marc Boals, Jeff Scott Soto, Joe Lynn Turner ou encore Joey Tempest (y'a pire, n'est-ce pas ?)
Certes, on pourra reprocher un relatif manque d'originalité aux compositions, certaines relevant peut-être plus du tribute band que de la création personnelle teintée d'influences majeures (Rainbow, Malmsteen, Europe). Je crois pourtant que le manque d'inventivité se situe surtout au niveau des lignes de chant. Mais ne boudons pas notre plaisir à l'écoute de cette musique parfaitement ficelée et honnêtement jouée. Leverage n'invente rien mais se classe assurément dans la catégorie « espoirs » (aux côtés des voisins Poodles) en proposant cette actualisation maîtrisée d'un hard rock traditionnel et offrant une production de très bonne tenue. Gageons que leurs prochaines réalisations sauront conserver la rigueur de l'interprétation et adjoindre plus d'innovation aux citations historiques.
Les titres à retenir : Shadow In The Rain , Stormchild (qui n'aurait pas dépareillé sur un album solo de Jorn Lande), Heart of Darkness .
En conclusion, Blind Fire est un album de bonne facture joué par d'excellents musiciens (agréablement) inspirés par une musique déjà trentenaire. Ces dix titres, outre leurs qualités intrinsèques, sauront probablement intéresser la jeune garde aux productions des vieux grognards du siècle dernier. Rien que pour cette dernière raison, ce disque est recommandable.
P.S. Et comme le chantait Ronnie : « Long Live Rock'n'Roll » !
Le site : www.leverageband.com
Bouteil Bout
