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M.ILL.ION The Thrill Of The Chase
Metal heaven

C'est la chronique d'un ratage… A priori , « The Thrill Of The Chase », sixième album des suédois de Million (‘chier, les points…) avait tout pour me séduire : un hard rock à l'ancienne qui dépote, dans le genre Whitesnake (première époque), Rainbow, DIO, Europe avec force orgue Hammond et grattes mélodiques. Au final, la musique de M.ILL.ION ressemble à sa pochette : prétentieuse et décevante. Je m'explique…

Au départ donc, tout est pour le mieux dans le meilleur des lecteurs CD. Le titre éponyme ouvrant l'album balance fort et présente bien : grosse rythmique, guitare incisive et mélodieuse, le refrain qui va avec. Un morceau percutant, un poil racoleur mais il faut donner envie… Les sonorités sont typées fin 70's et renvoient à mes groupes de prédilection : rahhh !

Pourtant, dès la seconde plage « Menace to Society » (pas nulle en plus), le doute s'insinue : cela semble trop bien ficelé, trop parfaitement imité pour être vraiment honnête.

Effectivement, à la troisième chanson, ça fait « pschit » (selon l'expression célèbre de notre ancien Président) : le soufflé retombe. En fait de ficelles, c'est de grosses cordes dont il s'agit ! Quand on a capté l'Hammond B3 de Johan Bergquist, on n'entend plus que lui (à croire que cet émule de John Lord s'est écroulé sur le bouton de volume). Et vas-y que les grattes repompent du riff à tour de bras chez Marsden/Moody et Blackmore. La voix d'Ulrich Carlsson est certes juste mais elle manque d'ampleur et de personnalité (c'est pour compenser qu'il accentue toutes les syllabes ?). On a tant ajouté d'effets dessus qu'elle en paraît presque synthétique (il est si mauvais au naturel, pour nécessiter tous ce post-traitement ?). Et les lignes de chant (très quelconques) ne sauvent pas les compos des errances de leurs arrangements.

En fait, à l'image des effets vocaux, tout sur cet album est surdosé, comme servi pour un touriste américain et en devient écœurant. La production sent le carton-pâte, le décor de cinoche, bref le factice. Du coup, même dotés des parties de guitare très correctes de Jonas Hermansson, beaucoup de titres de cet album sonnent creux. A force de répéter les structures et de faire appel aux mêmes gimmicks, le rythme s'essouffle vite et l'intérêt retombe (surtout à l'écoute des morceaux FM qui remplissent la galette). Las, tout ce qui aurait dû être un atout s'avère une tare. Ce qui devrait être une respiration dans un morceau syncopé devient un vide, la ballade-qui-tue est honteusement gnan-gnan, le titre speed pue la loose et on attend en vain l'hymne ou la chanson véritablement accrocheuse…

En conclusion, malgré quelques titres réussis comme « Thrill of the chase », « U.F.O ». et « Beware of the Wolf », ce disque est comparable aux cagoles marseillaises : too much. Outrancier, dégouttant (au sens premier du terme) car trop chargé. Mais pourquoi diable ces choix d'arrangements et de mixage ? Le son devient vulgaire à force d'être grossier (grossi ?). Au lieu de rendre hommage aux modèles auxquels il prétend se référer, cet album composé et interprété « dans l'esprit de… » s'avère être une piètre parodie (qui aura au moins l'avantage de renvoyer aux originaux). Quel dommage. Et quel gâchis de la part de musiciens expérimentés.

P.S Je me suis relu (c'est la moindre des choses) et je me trouve dur mais j'assume. D'abord, il ne s'agit pas d'un premier album, l'excuse de minorité ne joue donc pas. Ensuite, selon l'adage, « qui aime bien châtie bien » et j'adôôre (les sushis) le courant musical auquel se rattache Million. Et puis c'est le boulot des maisons de disques que d'éviter de tels viandages. Merde ! Aller dans le mur à ce point tête baissée, c'est navrant ! Ca y est : il ont réussi à me fâcher…

Le site : www.million.o.se + http://www.myspace.com/millionized

Bouteil Bout