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ROYAL HUNT Collision Course
Frontiers Records

Chouette ! Une chronique dans laquelle je ne vais dire que du bien. Si, si, c'est possible ! Rare mais possible. Royal Hunt, le groupe de métal progressif du multi instrumentiste, auteur, compositeur et producteur André Andersen est de retour avec Collision Course, un concept album sur fond de choc des civilisations post 9/11. Il s'agit de la suite de Paradox, sorti en 1997.

P*****, c'est du lourd ! Dès le début et jusqu'au bout, c'est à la fois agréable, prenant, varié, puissant, rythmé et mélodieux. Que demander de plus ? Tout est bon, du son à l'interprétation, de la prod' aux mélodies, des lignes de chant aux arrangements, des duels solistes guitare/clavier à la section à cordes en passant par le jeu de batterie… Ca fait un bien, ce genre de disque… On retrouve le mélange des influences classiques et hard-rock chères à Andersen ( Principles Of Paradox , Tears Of The Sun et ses citations de la 5 ème de Beethoven), servies (royalement) dans un écrin de velour : le son est dynamique sans agresser, bien équilibré et spatialisé. La base rock guitare/basse/batterie côtoie violon, violoncelles et accordéon et les claviers se chargent de lier l'ensemble. Il suffit d'écouter les premiers albums de Royal Hunt (depuis Land of Broken Hearts en 1992) pour s'apercevoir combien ce groupe a su faire évoluer le son sans perdre sa personnalité. Tout est bien agencé et semble aller de soi sur cet album et du coup, même des trucs a priori un peu casse gueule, comme l'utilisation de sons de synthés du genre new-âge, un peu ringards, sonnent agréablement et sont efficaces dans le contexte. Une vraie réussite.

L'équilibre entre les parties instrumentales et le chant est excellent, les premières jamais lassantes ni le second envahissant. Andersen a embauché le vocaliste Mark Boals, ex-bassiste de Ted Nugent, premier chanteur du Rising Force de Malmsteen, ex-Ring of Fire et plus récemment acoquiné avec un autre talentueux musicien : Magnus Karlsson (the Codex). Boals a fait sur ce Paradox II un boulot de grande qualité, magnifié par la prod' d'Andersen, qui a su en tirer le meilleur, tout en arrangeant (c'est le cas de le dire) les petits défauts qu'on pouvait remarquer sur the Codex : bravo ! En plus, le chanteur est épaulé par un chœur en béton, comptant (excusez du peu) Ian Parry (Consortium Project) et Doogie White (Cornerstone, Malmsteen, ex-Rainbow). intelligemment écrites et interprétées, les parties choristes portent littéralement le chant lead (ça nous change des mièvreries de poseurs à la Rhapsody).

Certains titres instaurent des ambiances parfois assez éloignées de l'univers métal et cependant parfaitement intégrées à l'ensemble de l'album (voir la partie lente de High Noon At The Battlefield ). L'expressivité de Mark Boals est pour beaucoup dans la réussite des parties chantées : toujours puissant, il sait se montrer tantôt calme et velouté, tantôt agressif et incisif, sans jamais ennuyer l'auditoire ni malmener ses oreilles. Sa voix est posée, toujours juste et il exploite au mieux l'alternance des ambiances (lentes, rapides, envolées lyriques, intimisme, etc.) Les compositions d'Andersen réussissent la difficile performance (autour des six minutes) de développer leurs mélodies et d'être efficaces rythmiquement. Elles font la part belle à des soli de guitares et de claviers qui savent rester mélodieux et dynamiques, sans sombrer dans la démonstration stérile ni la redondance. Je dois avouer que c'est sur ce point crucial qu'entre Dream Theater et Royal Hunt, je choisis aujourd'hui les seconds.

En conclusion, un super disque, abordable dès la première écoute et dont, je pense, on ne se lasse pas de sitôt. Un travail d'orfèvre, au service de mélodies léchées qui parent des compositions variées. Un remarquable équilibre entre les performances des différents instrumentistes (vocalistes inclus). A noter que l'intégralité du catalogue antérieur de Royal Hunt ressort remasterisé et pourvu de titres bonus : c'est l'occasion pour les retardataires (et les plus jeunes) de découvrir les prédécesseurs de ce Collision Course.

P.S. Aux chiottes les CD voice-overed ! Mais comment voulez-vous, messieurs des labels, que les pauvres chroniqueurs (simplement humains) que nous sommes, tout juste dotés de deux oreilles (à l'exception notable de nos collègues américains, nourris aux maïs Monsanto et qui développeront peut-être bientôt de supplémentaires appendices auditifs… ah ! les joies des OGM !), que nous puissions nous immerger dans les ambiances des différents titres d'un album (encore plus difficile dans le cas d'un concept-album), quand ces derniers sont truffés des déprimants et ultra-chiants « You're listening to the new Royal Hunt album, Collision Course » (de préférence au milieu d'un solo ou juste avant un crescendo) ?  D'accord, vous luttez contre le piratage mais voulez-vous vraiment qu'on prenne la mesure du travail de vos artistes, ou préférez-vous qu'on se base sur leur pedigree et vos dossiers de presse pour chroniquer leurs œuvres ?

Le site : www.royalhunt.com

Bouteil Bout