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SYMPHONITY Voice From The Silence
Limb Music Products / SPV

Symphonity est le groupe tchèque du guitariste Libor Krivak, précédemment nommé Nemesis (« Goddess of Revenge », 2003). « Voice From The Silence » est son deuxième album. J'entame cette chronique avec une diffuse sensation de malaise : la pochette (un visuel à la Strato ?) semble avoir été éditée par l'office du tourisme de St.Mimile–les-flots-bleus…

Dès le début, on est en terrain archi-connu. Que du lourd ! On se croirait dans un T.D. de musicologie (qui s'intitulerait fort à propos « le speed métal mélodique néo-classique »). Car ce ne sont même plus des clins d'œil ni des références qui nous sont présentés mais carrément un dictionnaire de citations ! Florilège… Bonjour Rhapsody (pour la double pédale au taquet, les chœurs pompeux et les ambiances épiques de tavernes héroïc-fantasy ) ; salut Malmsteen (pour les branlettes de manche inspirées par Paganini et influencées par Blackmore et vice versa) ; coucou Kai Hansen (si l'intro de « Bring Us The Light » ne vous fait pas siffloter « I Want Out »…) ; hello Mr. Tolkki (la très stratovarienne « Evening Star », avec de vrais-faux morceaux d'Amadeus dedans) ; sans oublier quelques clichés instrumentaux à la Dream Theatre. J'évoque ici une tare du genre : on retrouve souvent les mêmes plans (plus très originaux donc) dans la pléthore de disques de speed symphonique. A la première écoute, on est tenté de se demander si on se rappellera encore de Symphonity dans quelques années…

Pendant un long moment, on est aussi en droit de se dire que ce disque n'entrera pas dans les annales du métal pour la qualité du chant. Bon, les chœurs sont réussis mais les parties lead … Le sieur Olaf Hayer (Dyonisus, Luca Turilli) a beau posséder un organe bien trempé (mais qu'est-ce que je raconte, moi ?). Euh, il a beau faire étalage de testostérone, ce n'est pas transcendant. Toute la première moitié de l'album, sa voix sonne très ordinaire, sans présenter d'intérêt particulier. Étrangement cantonné dans les graves par des lignes de chant assez exceptionnelles de platitude, ses performances vocales ne vous feront assurément pas oublier Dickinson, Kiske, Matos, Kotipelto, ni Allen, Lande, etc. On se limite à un registre « Couillu le Caribou barytonne au fond des bois ». Bref, cela tient plus du brame de cerf que du rugissement de dragon… Heureusement, ça s'arrange significativement en gagnant en hauteur avec les mélodies des trois derniers titres chantés. Mais ne cherchons pas là le « petit plus » de ce groupe.

Malgré quelques menus handicaps (ressembler un peu à tout le monde avec un chant lead au charisme gastéropode pendant un demi album n'aide pas et le côté happy métal candide peut énerver…), ce qui distinguerait plutôt Symphonity de ses (nombreux) concurrents sur le créneau serait l'intelligence de compositions mêlant astucieusement parties orchestrées et plages atmosphériques et/ou progressives basées sur les instruments rock (ce que Nighwish fait très bien, dans un style sensiblement différent). Ou encore l'extrême attention accordée aux mélodies, qui permet au (pas manchot) guitariste d'éviter, dans ce contexte néo-classique, de sombrer dans la démonstration stérile. Du coup, dès qu'on pourrait ronchonner « ben ouais, c'est Yngwie qui joue avec un orchestre », hop ! On a droit à un break prog à la Dream Theatre, à un refrain popisant typé 70's, voire à un petit solo de basse jazzy.

En fait, force est de reconnaître que, mine de rien, les douze titres de « Voice From The Silence » (dont une plage cachée chantée en allemand) proposent une vraie diversité tant rythmique que mélodique, tout en préservant une unité de style. Alors d'accord, Symphonity bouffe un peu à tous les râteliers mais le couvert est proprement dressé et le pinard n'est pas mauvais (même si ça n'est peut-être pas un vin de garde). Il faut à ce propos signaler l'excellent boulot (comme d'hab') de Sascha Paeth au mixage, qui offre au groupe un son clair et détaillé mettant réellement en valeur les talents d'interprétation du gratteux, sans faire passer à la trappe les autres instruments (cf. le traitement de la basse, très clairement présente sans être étouffante).

Les titres à retenir : le triptyque « The Silence et Searching You » (tubesque).

En conclusion, « Voice From The Silence » est une bonne resucée de plein de truc connus. Bien agencé, bien orchestré et finement produit, cet album s'avère (très) agréable à (ré)écouter. Peu novateur mais démontrant une réelle capacité de digestion de ses influences, Symphonity peut devenir une valeur sûre dans son style (à condition de surveiller les lignes de chant…) Probablement la sortie la plus intéressante de l'année dans le style speed sympho.

P.S. Mais pourquoi sont-ils allés fourrer le single en plage 9 ? C'est un jeu de piste ? !

Le site : www.symphonity.com + http://www.myspace.com/symphonity

Bouteil Bout