M A R T I N   O R F O R D   The old road
Giant Electric Pea

« This is not a progressive album » … HAHAHA elle est bien bonne ! « The old road » porte bien son nom, malgré ce démenti, Martin Orford poursuit ce qu'il fait depuis un quart de siècle maintenant : du Prog'. Est-ce car IQ n'a plus sorti d'album depuis 4 ans ? Toujours est-il que le claviériste, pourtant membre fondateur, quitte le groupe en 2007 et nous livre donc l'année suivante un second album solo, sur le label qu'il a fondé, Giant Electric Pea.

Giant Electric Pea, c'est le label qui a lancé Spock's Beard, dont on retrouve d'ailleurs la section rythmique ici, la basse de Dave Meros et la batterie de Nick D'Virgilio, sur nombre de titres de l'album. Et ils sont loin d'être les seuls invités de cet album : on y retrouve ses ex-compagnons de IQ, le guitariste Mike Holmes ainsi que le batteur Andy Edwards, et c'est encore loin d'être tout, d'autres invités comme John Mitchell d'Arena apparaissant au fil des titres. Musicalement, donc, il faut le dire, on est assez proches de IQ. Martin donne volontairement à sa musique une saveur retro, évocatrice du Prog des seventies, que ce soit ELO, Parsons, Yes… le bonhomme se fait plaisir. Malgré les rythmiques bien prog', les refrains vont souvent chercher du côté de la mélodie Pop (voire le refrain presque Harrisonien du pourtant épique « Take it to the sun », chanté par John Wetton… si si, vous savez, le bassiste, Family, King Crimson, Roxy Music, Uriah Heep, UK, Wishbone Ash, Asia et j'en passe… ah quand je vous disais qu'il y avait du beau monde !) ; les voix, elles, jouent plutôt dans le registre Prog 80s. On nous propose des claviers extrêmement typés, sinon, et évidement la grandiloquence de cette musique est omniprésente… Il s'agit vraiment d'une œuvre nostalgique. Mais elle est réalisée avec application, et tout y passe : les tics de la musique classique, les longues intros instrumentales (« Grand designs », chantée par Martin lui-même), les morceaux de plus de 10 minutes… A part le « Prelude » au piano où Martin nous exécute seul un bel exercice typé musique classique, on se bouscule sur les pistes (héhé) : Steve Horne chante « Out in the darkness », un des morceaux les plus réussis, autant du point de vue de la composition que de l'instrumentation, John Wetton chante la plus Pop « The time and the season », David Longdon la très mélodique « Ray of hope » et Martin se charge également du morceau titre, peut-être le meilleur du disque, sur lequel apparait la plupart des invités de l'album, et en particulier un trio de guitaristes pour des parties entre acoustique, électrique et 12 cordes du plus bel effet. On notera également l'instrumental « Power and speed », emmené par une très belle ligne de guitare…

Au final, donc, un très beau disque de Prog classique. Peut-être trop, même… tellement typé qu'à force de vouloir connoter le tout nostalgiquement le son finit par donner dans la Pop plus qu'autre chose. Mais ce serait bien la seule chose qu'un fan de bon vieux prog pourra reprocher à ce disque, avant tout réalisé pour satisfaire cette nostalgie. Il s'agit de combler celle de Martin également, puisqu'il envisage malheureusement ce disque comme son dernier, préférant se retirer du monde de la musique après sa déception en matière de protection de ses œuvres contre le piratage… Au vu de ce disque, nous serons nombreux à espérer que sa décision ne soit pas irréversible, car le bonhomme a encore beaucoup à donner, que ce soit à IQ ou à une autre formation, ou qu'il soit encore question de donner un petit frère à ce très beau « Old road ».

Le site : http://www.gep.co.uk/martinorford.html

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