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BUCKETHEAD
" Spinal Clock "

BUCKETHEAD Spinal Clock

TDRS Music

Et un de plus... 28e album de Buckethead, « Spinal Clock » est aussi son troisième en un an ! La pochette barrée et le titre insensé indiquent également que Buckethead continue dans la même veine (quoi que ce pourrait être aussi une allusion à son accident du dos avant l'enregistrement). Pour ceux qui ne le connaissent pas, cette « veine » est ce que d'aucuns nomment de « l'avant garde »... Car certains Ultrarockiens peuvent ne connaître Buckethead que comme le drôle de gars à la place de Slash avec un pot de chicken wings sur la tête. Il convient donc de leur indiquer que le gars est à la base un virtuose de la six-cordes, mais résolument expérimental. A côté de quelques collaborations toutes plus surprenantes les unes que les autres, il a signé un nombre impressionnant d'albums solo, donc, chacun prétexte à l'exploration d'une nouvelle idée.
J'appellerais donc plutôt ça de la musique « conceptuelle ». Mais quoi qu'il en soit, explorons ce « Spinal Clock ». Celui-ci est franchement étonnant : entièrement joué au banjo, il explore des ambiances lentes et sombres auxquelles l'utilisation de l'instrument est paradoxalement peu propice. A part des nappes de bruitages sur lesquelles le banjo égrène des lignes de notes peu loquaces, on ne trouvera rien d'autre. Peu ragoûtant, dites-vous ? Je vous comprends, mais sachez que Buckethead, aussi barré soit-il et parfois aussi rebutant, ne manque pas d'idées et parvient à rendre cet album cohérent.
Il y a d'abord la recherche d'une sonorité particulière, qui fait le fil conducteur de ces neuf titres. Les bruitages sont surtout percussifs, aux sonorités claires mais à l'effet diffus, et peuvent évoquer une sorte de BO inquiétante... La pâte est donc sombre, et le banjo va s'y accorder : léger, prenant son temps, il recherche tantôt la mélodie, tantôt la rythmique, ne faisant que les évoquer. Il se focalise sur quelques gammes colorées évoquant des modes japonais, qu'il fouille plus qu'il ne travaille mélodiquement et encore plus rarement harmoniquement. En tout cas, jamais il ne quitte cet état d'esprit flottant et à moitié dématérialisé.
Les « compositions » sont plus des développements de climats. La plus représentative est également la plus aboutie : « Whale on this ». Entrecoupée de silences ou breaks, elle s'étale tout de même sur plus de neuf minutes et demie, sans perdre sa couleur d'origine. Bottleneck, motifs nippons, modes divers, phrasés rythmiques et pizzs viennent extraire, entre les mains de Buckethead, un thème mélodique de cette carcasse sonore, allant jusqu'à l'harmoniser, ce qui – vous le verrez à l'écoute – est assez fort. Toute la première moitié de l'album tourne autour de ces mêmes idées, sur des plages moitié moins longues mais procédant de même, se contentant d'ambiances « désertiques » comme « Lafayette's landing » ou d'un style plus percussif pour « Four o'clock for dub down » et le morceau-titre.
Si « Four o'clock for dub down » parvient à développer un thème de cette manière, « Spinal clock » se contente de jouer sur la couleur atmosphérique des pièces précédentes. Et les pièces qui lui feront suite suivront cette voix également. Seulement, là où « Spinal clock » parvenait à étirer ce fil à l'infini, les trois compositions suivantes souffrent d'un vide cruel. « Gelatin nerve » en particulier, qui a décapé ce déjà maigre matériau jusqu'à n'en laisser qu'une ligne de basse, se trouve bien dans l'embarras devant la tâche d'en extraire quelque chose. « Overnight the animatronics » et « Spinal cracker » échouent de même, le premier tentant (à l'instar du morceau-titre) de seulement suggérer un thème surnageant au dessus d'une pâte bruitiste, le second au contraire en ne faisant que se contenter d'un thème mélodique qu'il ne parvient pas à amarrer…
Ce n'est donc qu'une demi-réussite, une vraie poire coupée en deux. Les deux morceaux sur lesquels Buckethead nous laisse viennent distraire notre esprit partagé en proposant tout autre chose : un vrai thème mélodique pour la première (et, ma foi, fort réussi, que Buckethead a la piètre idée de laisser peu développé), « Skeleton dance », et une sorte de délire à la vitesse du Metal avec « Bayou by you » prenant donc tout l'album à rebrousse-poil... Moi, une fois l'ensemble passé, ça me laissait bien indécis.
Mais la plupart de ses albums me font le même effet : Buckethead ne commet jamais d'erreur dans la formulation de ses principes de base, mais ceux-ci se voient soit développés à moitié seulement, soit perdus en route. Il y a beaucoup de force dans « Spinal Clock », mais cette puissance de l'idée d'origine est souvent égarée en chemin, créant des pièces faibles et quasi-vides, desquelles toute idée est presque absente... Alors déjà qu'un album dit « d'avant-garde » est difficile d'approche, faites diable un effort pour nous aider à l'appréhender. Tout ceci aurait pu être condensé en 4-5 pistes. Ah, ça demande de passer plus de temps à les travailler, hein, mais ne t'inquiète pas, Bucky, tu n'as guère de retard de production discographique, prends donc ton temps.

Le site : www.bucketheadland.com

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