Listenable records

Eyeless m'avait agréablement surpris en 2007 avec leur précédent album, le bien nommé « The game of fear ». Même si l'originalité n'était pas de mise, l'efficacité et le (bon) changement de direction musicale des montpelliérains laissaient une marge de progression assez importante pour les années à venir. Fin 2009, Eyeless revient à la charge avec un nouveau batteur, déjà présent sur plusieurs dates de la précédente tournée, et avec de gros moyens pour essayer cette fois de faire mouche pour de bon.

On peut dire que les Eyeless n'ont pas fait les choses à moitié. Avec un nouveau deal chez Listenable records, un tour du côté de la Floride pour les sessions d'enregistrements au Trendkill studio et des « guest » de compétition, le groupe veut montrer qu'il peut faire mal. En 2004, Eyeless lorgnait du côté hardcore, puis s'était rabattu sur un métal moderne mélodique beaucoup plus varié en 2007. Alors que je trouvais ce changement judicieux et efficace, les sudistes prennent une nouvelle fois tout le monde à contre-pied pour lorgner cette fois du côté thrash moderne avec une très (trop) grande influence signée Lamb of god. Ainsi, l'impression que le groupe se cherche encore est bien présente, alors que je pensais « The game of fear » comme le vrai départ du groupe. Ce qui marque dans « The diary », c'est le côté agressif de l'objet. Le mélodique est passé au second plan pour que l'auditeur en prenne plein la gueule. Finie la plaisanterie dirait-on. Avec une production de bulldozer, Eyeless veut faire parler la poudre. Et de ce côté là rien à dire, ce nouvel album bute méchamment. On croit tenir entre les mains un album qui va faire plier tout le monde. C'est le cas… pendant 15 minutes. A trop vouloir mettre l'agressivité en avant, Eyeless a délaissé le côté mélodique qui aérait sa musique. Du coup, on se retrouve à décrocher au bout du premier ¼ d'heure. Les compos sont à peu prêt toutes dans le même moule. Séparément, chaque titre est bien fichu. Côté gratte, ça ronronne, ça blast sévère derrière les fûts (grosse performance de Morgan) et Fred gueule comme jamais, même si à la longue sa voix peut lasser. Mais une fois mis bout à bout, « The diary » devient trop indigeste pour tenir la route. L'aspect mélodique ayant été mis de côté, « The diary » se retrouve amputé de liens. L'ensemble manque de relief et l'effet bulldozer se transforme en effet doliprane. C'est d'autant plus dommage que certains titres fracassent, et que des moyens aient été mis dans la production. Malheureusement, si l'on regarde de plus près, aucun titre ne vient vraiment sortir du lot. De plus les fantômes Lamb of god et Chimaira ne sont pas très loin. Au bout de 3 albums, Eyeless n'a pas encore trouvé la bonne mixture.

Au final, je me retrouve le cul entre deux chaises avec un album à la production dévastatrice, des musiciens doués (mentions spéciales à Morgan et Ole), des compositions taillées dans le granit, mais aussi un sentiment d'écœurement et de lassitude. A trop vouloir faire dans le béton armé, Eyeless y a peut-être laissé trop de fraîcheur. Alors pour ceux qui trouvaient « The game of fear » un poil trop mou, il est fort à parier que « The diary » saura vous combler. Pour ma part, je suis un poil déçu, non pas par son contenu, mais par sa forme globale. Mon avis n'étant pas l'avis de tous, je vous conseille tout de même de jeter une oreille sur ce disque qui bastonne sévère. J'attends le prochain album en espérant le bon compromis entre « The game of fear » et « The diary ».

Le site : www.myspace.com/eyeless

Jerem13