AOR Heaven

Longue histoire que celle du groupe suédois, Grand Illusion : le trio de base, se connaissant depuis les années 80, jouait ensemble dans Promotion avant de créer Grand Illusion pour 3 albums de 2001 à 2004 puis une grosse pause de 5 ans, « pour travailler avec d'autres gens afin de progresser en tant que musiciens » dixit Anders Rydholm, leader du projet. Cette absence est comblée aujourd'hui avec « Brand new world », 4éme album du combo, où l'on ne fait pas les choses à moitié, comme l'indique la présence des guitaristes Tim Pierce, Mike Slamer, Roger Ljunggren, Danny Jacob, Kjell Klaesson à l'acoustique, et du batteur Gregg Bissonette...

Alors, ceux qui ne connaissent pas le groupe et se laissent aller à des conjectures à partir de leur nom ne devraient pas trop les associer à Styx. Ils en ont certes le caractère mélodique mais on peut difficilement les rattacher au mouvement progressif. Non, en fait Grand Illusion est même cataloguable dans le Hard Mélodique tout simple. Sachant qu'ils sont suédois, vous vous faites une idée très nette de la chose n'est-ce pas ? Et vous avez raison. Mélodies FM et 80s-nostalgia sont les mots d'ordre ici. « Brand new world » est fait de riffs entraînants, refrains puissants et arrangements rétros, voilà. Encore un groupe qu'on peut presque « entendre » sans l'avoir écouté. Il ne déroge pas à la règle qui sévit en terres scandinaves en ce moment pour tous ces fanatiques des eighties. Bon alors disons-le tout de suite, ils ne sont pas à la traîne, non, leur disque est impeccablement produit et interprété, comme il se doit. Mais ils ne sont pas plus ambitieux non plus : nous avons droit à des compositions qui doivent plus à la Pop Rock qu'au Hard (« All out of love », « 157 th breakdown », « Brand new world », « Warning signs »), des arrangements soignés au possible mais dégoulinants de claviers et autres horreurs eighties (« Playing with fire ») etc... Le tout interprété par un chanteur scandinave donc nul (c'est dit !), mou et niais, voire agaçant (passe le salut à Kotipelto lorsque tu arrives en haut des aigus sur « Warning signs »). Bon, pour le bon côté, instrumentalement on tient la route (appréciable sur « Warning signs »), mais ça ne redresse pas la balance. Ça reste eighties (rappelons que Gregg Bissonette a joué avec David Lee Roth et Toto, et Tim Pierce avec Meat Loaf, Bon Jovi, Alice Cooper) et Poppy (Tim Pierce a joué pour Mickael Jackson et Seal à côté, et Danny Jacob pour George Michael !). Pas de quoi remettre les pendules à l'heure, juste maintenir un niveau instrumental salvateur. Ce qui relèvera l'album, ce sera le minimum syndical d'effort pour évoquer les vraies eighties sur « I'm alive » et suivre les traces de Toto et Journey grâce à des mélodies un peu plus recherchées avec « Burning beds », seule compo intéressante dirais-je. Oh le reste n'est pas à jeter mais, comme je l'ai dit, se cantonne à ce rôle de pâle copie d'une grande époque.

Bref, un album comme on en a tant vu et en voyons tant encore. Du moins a-t-il le goût de nous offrir ce que tous mettent un point d'honneur à posséder : la réalisation et l'interprétation sans faille. Voilà pour la forme. Cependant, de la part de musiciens ayant connu les vrais eighties, on aurait aimé quelque chose de plus authentique. Ici, difficile de ne pas sentir que les années 80 sont vraiment loin derrière, ce qui laisse une impression de caricature comme pour la plupart de leurs compatriotes découvrant le genre aujourd'hui. Dommage, tout se perd...

Le site : www.grand-illusion.se  + www.myspace.com/gisweden

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