Lion Music

« Grönholm » est le projet du guitariste Mika Grönholm qui lui a donné son nom comme aiment à le faire les shredders aux ambitieux et imposants projets, pour faire solennel... Sauf que celui-ci ne l'est pas tant que ça, ambitieux. Mika, d'abord, n'est qu'un arrivant sur la scène musicale. Élève de Roope Latvala (de Children of Bodom ou encore Waltari), il se débrouille certes bien sur son manche mais n'a pas encore fait connaître son nom de quelque manière que ce soit. Il signe donc avec ce « Eyewitness of life » sa première réalisation, enregistrée et mixée dans sa Finlande natale, avec l'aide de deux compatriotes, le batteur Tom Rash et le vocaliste Markku Kuikka, œuvrant actuellement dans Status Minor.

Mika a beau être un guitariste qualifié de « progressif », il a ici mis un point d'honneur à éviter les clichés et varier sa recette musicale. Ce qui fait qu'il est difficile de ranger son album dans la catégorie « progressive » ou une autre. La majorité des morceaux sont des compositions plus Heavy qu'autre chose, avec une tendance à la lourdeur, et une ligne de chant tenant finalement plus la vedette que les guitares de Mika. « Awaited », « Life is », « Learn to crawl » et le morceau-titre sont des parfaits exemples de cette ligne directrice. Le chant est excellent (pour ce que l'on connaît du travail de Markkus dans ses diverses collaborations...) et la guitare effacée au possible... on va bien au-delà de la simple humilité ! Pas un seul solo envahissant sur ces titres, et seuls quelques riffs mettent l'instrument en lumière, en particulier celui du morceau-titre (mon préféré perso), ainsi que quelques notes acoustiques (sur « Life is » et le morceau-titre qu'elle clôt avec quelques lignes passées à l'envers !). Mika prend également à sa charge les lignes de basse, ainsi que les claviers, qui sautent à l'oreille sur ce disque de par leur originalité : sorte d'orchestre de violons psychédéliques, ils rappellent les folies de Lennon sur « I am the walrus » et sont assurément un des éléments notables de ce disque. « Place for freedom », qui clôt l'album, est le seul vrai morceau Prog. Les soli y sont fous et les claviers, sans cesse changeants, y sont tenus par Derek Sherinian de Dream Theater... eh oui, ce n'est pas parce que l'on est un petit nouveau qu'on s'abstient d'inviter des pointures ! Figurez-vous qu'il a même réussi à se payer des lignes de guitare de Ty Tabor de King's X... Bon sinon, à part ce morceau Prog, on a quelques autres instrumentaux assez sympathiques, genre « Meet the maker » avec un passage guitare/clavier très jazzy, un morceau calme très pianistique qui lui succède (« You and me ») et une sorte d'interlude sans rythmique qui suit tout cela, tout en arpèges de guitares et franchement différent de la 1ère moitié du disque, à laquelle cette trilogie fait suite. Le reste est fait d'un « Fate & belief » plus Hard Rock et sur lequel Markkus retrouve ce ton scandinave bien moins appréciable que le chant typé américain qu'il utilise pour la majorité de l'album (les claviers aussi se retrouvent étonnement typés Sympho sur cette piste).

Autrement dit, pas de réelle ligne directrice. La volonté de ne pas rester typé Prog' ou quoi que ce soit d'autre est manifeste. On va même jusqu'à l'excès comme j'ai noté en ne se laissant aller que sur le dernier titre et en épurant la majeure partie des pistes de tout solo trop notable. Ceci-dit, on ne peut pas dire que ce parti-pris nuise outre-mesure... La variété ne déplaira pas à l'auditeur, et la dominance de la mélodie sur l'instrumentation devrait faire de même. Ce serait plutôt le côté « c'est bien mais pas non plus renversant » qui fera laisser un jugement en demi-teinte. Mais comme pas une faute de goût n'est à noter, et que de plus la recette inclut des éléments franchement intéressants (surtout ces claviers), Grönholm pourra sans doute renouveler l'expérience d'ici 1 ou 2 ans, je pense.

Le site :  www.mikagronholm.com + www.myspace.com/mikagronholm

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