Frontiers Records

Mais pourquoi diable chroniquer un album dont la pochette s'orne d'une espèce d'Anastacia pour Ultrarock? Elle a beau aimer le Metal, c’est le cas aussi de Sum41 et on ne les chronique pas pour autant (… rassurez-moi ?). L'« Anastacia » en question se fait appeler Issa (Isabell Oversveen de son vrai nom) et ne s'est fait connaître qu'il y a 7 ans en remportant un concours de chant chez elle à Oslo, en chantant un morceau de Stian Aardstad de Dimmu il est vrai. Ce premier album la voit faire encore plus fort en y faisant jouer Uli Kusch et le guitariste de Shining – le groupe Suédois hein pas le Norvégien. C'est d'ailleurs de l'autre côté de la frontière qu'elle va chercher le gros de ses renforts : Tomas Vickstrom de Candlemass et Joacim Cans viendront aider à l'écriture, et le réalisateur de clips de In Flames à la mise en image son « I'm alive ».
« I'm alive », tiens, prenons-le comme exemple : « I'm alive », c'est une compo entre Pop et variété, bourrée de sonorités modernes et chantée par une... Anastacia, tiens, oui. Sauf que Issa n'a pas sa puissance. Pour le reste, seule la guitare de Peter Huss peut faire la différence entre ca et de la variété. Alors qu'est donc ce « Sign Of Angels »? Eh bien une sorte de « Martine fait du Metal », une pseudo-fusion de genres qui n'est en fait qu'une blague sans nom. On prend un riff Metal que l'on colle sur une compo Pop, on interprète ca en imitant Britney Spears et on recouvre le tout de sonorités modernes, on ne sait pas trop pourquoi, sans doute car ca ressemble à la radio donc c'est une bonne idée hein? Autrement dit, une erreur de conception, voire une absence de conception. Seule cohérence : le single reflète l'album. « Angels crying » n'est que racolage musical, « Give me a sign » fait Avril Lavigne en encore plus immature, « River of love » fait prépubère, « Unbelievable » veut refaire We Are The World, « How will I know » ressemblerait à une compo Dance de Luca Turilli, « As I live and breath » à du « Metal New-Rave », « Flying high » avance moins qu'un hippopotame, quant à « It's not me » elle échappera à mes sarcasmes car elle est trop insignifiante pour être même nommée. Mais à quoi diable pense Issa? Est-ce une fan de base de Evanescence qui croit pouvoir jouer du « Metal » en enrobant sa Pop de guitares? Je n'ai pas prononcé le mot « immaturité » par hasard. En étant plus clément, je me dirais qu'elle a peut-être voulu rapprocher la Pop du FM 80s (n’oublions pas que c’est Frontiers qui sort l’album), ce qui, aussi désagréable que se soit, a été tenté par d'autres de ses compatriotes. Mais eux, ils écoutaient Europe, pas Britney Spears. Quant à toute histoire de « rencontre de genres », il ne suffit pas de verser du chocolat sur du pain pour faire du pain au chocolat, toute démarche artistique doit avoir un sens. A-t-elle essayé d'adapter sa Pop à la structure d'un morceau Métal, son chant à un esprit compatible avec le Heavy ou au moins le Sympho? Voire le contraire, mélodiciser du Heavy, adoucir une ligne Metal! Ca ne lui a même pas traversé l'esprit. Non décidément, il n'y a aucun effort dans cette musique, aucun sens. C'est une sorte de maquillage moderne ni pensé ni réfléchi sur des éléments de Metal probablement glanés au gré de ses pas. Ce n'est ni un mélange ni une rencontre ni rien. Et Issa n'ayant même pas la puissance vocale de ses modèles, il ne lui reste guère que son image sur la pochette... Elle a au moins ca pour elle. Voilà, seule félicitation.
Que j'enrichirai d'une remarque plus positive : « Closer » a un thème franchement moins typé. Oh il faut gratter sous la prod' ultra-variétoche, l'invasion sonore moderniste et le teenage-chant pour le voir, mais oui... Donc je suppose qu'elle n'est pas non plus allergique à l'originalité, l'Issa. « What can I do », maintenant, a une rythmique qui prend enfin son temps, une instrumentation qui prend sa place... bref, lorsqu'on laisse faire son « équipe de choc », ca s'écoute. Donc, n'y aurait-il pas un soupçon de possibilité à l'horizon? En courant moins derrière ses idoles du hit-parade, en laissant plus le temps à la musique de s'installer? Ou bien un second disque d'Issa doit-il immédiatement être prohibé par le parlement Norvégien? Le soupçon existe probablement, fin interstice d'espace musical non bulldozé, mais, de là à ce que l'intéressée l'aperçoive... je ne vais pouvoir m'empêcher d'être pessimiste.

Le site : www.frontiers.it

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