Mascot Records

Le genre : mou(l)te-hard à l'ancienne.

Le suédois gratteux d'Europe (oui, oui : « tin-tin-tin - tin, tin-tin-tin-tin-tin… ») sort son nouvel album solo sous le signe du blues. Un disque expressément recommandé aux inconditionnels des 70's, la Les Paul en bandoulière et la wah qui va avec. On comprendra aisément, à l'écoute du travail de Norum en solo, d'où provient le côté « bleu foncé » des compositions qui ont signé le retour gagnant d'Europe avec les albums Start From The Dark et Last Look At Eden.

Faisons synthétique. Si vous aimez :

1/ le blues

2/ le hard

3/ Clapton dans Cream, Hendrix, Thin Lizzy, Deep Purple période Blackmore/Coverdale/Hughes, Whitesnake période anglaise

4/ le feeling gras bien groovy (et lycée de Versailles)

alors vous apprécierez cet album, composé de sept titres originaux et de trois reprises (It's Only Money de Thin Lizzy, Ditch Queen de Frank Marino et Travel In The Dark du Mountain du colossal Leslie West).

Sans détailler les dix pistes, tout y fleure bon le groove bluesy des familles et on se prend moultes fois à sursauter et chercher du regard (en vain, évidemment, patates…) les ectoplasmes de Jimi H. ou Phil L. ainsi que les déambulateurs d'Eric C. ou de David C. Bien sûr, les connaisseurs se rappelleront que les précédents efforts de John laissaient clairement entendre ses influences. Le goût pour Thin Lizzy des deux leaders d'Europe est de notoriété publique. Norum, par ailleurs adepte de Blackmore, a plusieurs fois collaboré avec Glenn (the Voice) Hughes. Mais ici les choses sont encore plus affirmées : le hard est fils de blues, le gros riff groovy et l'expression lead à la wah en étant les figures imposées.
J'insiste sur le fait que, si ce guitariste venu du froid n'est (vraiment) pas un manchot (humour !), ce « blues de cour d'école » n'est en aucun cas un album de gratteux pour guitaristes et que, si « démonstration » il y a, elle découle du feeling et du talent du gars et non de poses prétentieuses ni de descentes de manche stériles. La surprise vient du chant car c'est Bibi qui s'y colle (non, pas Tout Doucement) et, ma foi, avec bonheur. D'accord il n'explose pas le hit-parade des ténors mais le père Norum s'en sort avec les honneurs, évoquant de façon particulièrement convainquante le David Coverdale bluesy (sur Over And Done) ou s'appropriant les phrasés d'Hendrix (la ligne de chant calée sur la mélodie à la wah) et Lynott. Il cède cependant deux fois le micro à Leif Sundin (ex-MSG, ex-Treat) sur les titres les plus heavy ( Got My Eyes On You et Born Again ).

Les titres à retenir : Red Light, Green Light (bonjour Glenn Hughes ), Got My Eyes On You (coucou au Rainbow époque J.L. Turner), Over And Done (salut Coverdale), Travel In The Dark (grosse reprise d'un énorme groupe), Born Again (bonsoir le Sab') plus le sensible instru final éponyme.

En conclusion : à l'image de l'attitude scénique de Norum, modestie et finesse sont les maîtres-mots de cet album. Pas très novateur ni forcément très accrocheur de prime abord (ni ostentatoire ni prétentieux, en fait) mais auquel sa variété et ses qualités d'interprétations assurent une longévité basée sur un plaisir renouvelé à chaque écoute. Un œnologue bordelais pourrait le qualifier de bon « cru bourgeois ».

P.S… Rien que pour la photo de la couv', je craque (identification, quand tu nous tiens…)

Le site : www.johnnorum.se + www.myspace.com/johnnorumsolo

Bouteil Bout