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KING GIANT
" Southern Darkness "

KING GIANT Southern Darkness

Auto-production

Soyons clairs dès le départ, cette chronique sera forcément orientée car King Giant, c'est ma came. C'est aussi un groupe américain, qui sort son premier album, auto-produit, « Southern Darkness ». Titre parfait. D'ailleurs, bien d'autres choses sont parfaites : la pochette, financée de leurs propres deniers, et même leur description officielle, qui mentionne Black Sabbath, Clutch, Kyuss et Down.
Pourquoi? Parce que la musique de King Giant emprunte bien la noirceur de Black Sabbath, la force de Clutch, la lourdeur de Kyuss et l'authenticité de Down. King Giant n'est ni un groupe de Doom ni un groupe de Stoner, mais un vrai groupe sudiste, c'est-à-dire que quel que soit leur style ils nous pondent une musique sur laquelle règne avant tout un esprit, celui du Sud, de la Louisiane (même si géographiquement leur « sud » se limite à la Virginie, mais ca suffit à leur légitimité). Leur musique est lourde, évidement, prend son temps, comme du Stoner, mais alors déclamé d'une voix décapée, comme travaillée par des années de Whisky et que sais-je encore... « Abrasif », dit leur officielle de description, mais bien vu là encore. Extrêmement boueuses, pâteuses, leurs rythmiques ont cette force hypnotique que seule la musique sudiste offre. Rajoutons aussi l'adjectif « intemporel » tant ils ne s'inscrivent dans aucune époque, avec ces guitares attaquant à coups de Wah indatable et déroulant des kilomètres de motifs sortis du fond de marécages où les époques n'ont plus de court. Cessons maintenant les qualificatifs et tendons l'oreille : la magie de ce son vient de la complexité se cachant derrière sa simplicité. Complexité de ses origines j'entends, s'inscrivant dans la grande tradition sudiste, la seule musique sachant fusionner les genres... Là j'exagère peut-être un peu, mais c'est définitivement la seule sachant extraire le meilleur de chaque style pour créer un résultat uniforme. Marier la lourdeur de Black Sabbath à la noirceur du Doom, des Stoners l'ont déjà fait (sans trop de mal vu la simplicité de la tâche!), mais King Giant parvient à y ajouter une agressivité presque Thrash, tellement sèche qu'elle dénaturerait leur musique s'il ne s'agissait pas de sudistes sachant opérer n'importe quel mariage, même le plus improbable, le plus naturellement du monde. Ainsi une rythmique aussi Black Sabbath que « Machine Gun Mantra », une instrumentation aussi boueuse que celle de « Hollow » se voient recouvertes de ce chant écorché, à la limite du Thrash, pour un résultat d'une logique et d'un naturel déconcertants... La magie du Sud, disait-on à propos des 3 accords de « Simple Man », non? Et la magie de King Giant, c'est d'abord ces rythmiques, « Burning regrets » traînant dans des vapeurs d'alcool, « Mississippi river » baignant dans les eaux noires de ce fleuve, « Lady whiskey » gonflé de litres de ladite boisson, pour citer les meilleures. C'est ensuite cette voix vomissante d'agressivité qui jaillit sans prévenir de cette pâte, pour y retomber dans un incessant jeu d'équilibriste avec elle... Jeu déconcertant au premier abord (elle semble menacer d'assécher « 13 to 1 »), il se révèle vite passionnant (« Potter's field » écrase ce chant acéré sous son déluge étourdissant de motifs à la guitare pour un résultat que Pantera peut jalouser...). Ce jeu de jongleur est tellement déconcertant que l'on se demande d'où peut venir ce gras équilibre enrobant ces dix compositions dans une glu si épaisse que pas un morceau ne se casse la gueule, mais se contente de couler d'un pas lent et assuré jusqu'au prochain... 10 compositions car nos ours nous laissent sur une reprise de Lynyrd Skynyrd, qui nous refait le même parcours parfait : reprise scrupuleuse du thème, à l'harmonie de guitare près, et pourtant même rythme traînant et même aspect rugueux... C'est ce qu'on appelle de la personnalité.
C'est ce qui fait la différence entre une formation forte et un combo de fortune, aussi. Et cette personnalité émane de chaque mesure de cette généreuse musique. Voilà l'explication du fonctionnement de cet incompréhensible mélange, de ce 1+1=1 (par exemple : je joue la Black Sabbath « Shindig » sur un rythme Stoner et ca semble plus simple que chacun des 2 éléments... ca coule, ca coule naturellement, rien ne vient casser cette ambiance, cette lourdeur... ne serait-ce les breaks sabbatiques – oui ca fait un jeu de mots pourri, mais ca n'empêche pas cette mécanique de réellement fonctionner comme dans un bain d'huile). De ces albums qu'il ne faut pas chercher à comprendre mais se contenter de les prendre en pleine face. A voir régulièrement sur scène – si possible avec le Bakerton Group. Et tendre la joue gauche car le successeur de « Southern Darkness » serait déjà en pré-prod!

Le site : www.kinggiant.com + myspace.com/kinggiant

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