Le groupe de rock américain a décidément un goût du risque assez prononcé, louable certes, mais jusqu'à quel point ? Suscitant déjà de nombreuses interrogations après la sortie de leur troisième opus « Minutes To Midnight » et le virage musical entrepris, Linkin Park enfonce le clou avec non plus un simple virage mais un véritable looping avec « A Thousand Suns ». En pros de la comm' et de l'utilisation des médias, Mike Shinoda, pilier du groupe, et Rick Rubin, ponte de la production musicale, organisent l'entrée en scène de ce 4 ème opus avec quelques ruses à peine décelables pour les fans en quête de nouvelles fraîches. Ainsi, plusieurs messages codés sur le net permettaient aux petits malins (qui n'avaient par ailleurs que ça à foutre !) de connaître le titre ou encore la date de sortie de l'album ou du premier single en déchiffrant du code binaire ou d'autres petites énigmes.

Enfin… cette petite entrée en matière ne fait que figure d'anecdotes à coté d'autres éléments de communication beaucoup plus importants comme l'utilisation de titres de cet opus dans les BO de jeux vidéos très attendus comme FIFA 11 ou encore Medal Of Honor. Vous pouvez d'ores et déjà vous faire une petite idée d'une partie du public ciblé avec « A Thousand Suns »… 15 titres pour 47 minutes 56 de contenu musical, cela fait un peu plus de 3 minutes par chanson, correct… Vous vous apercevrez cependant que la moitié des titres ne sont que des interludes ou des plages servant d'introduction via un discours ou des effets sonores diverses…

L'introduction aux penchants atmosphériques et quelque peu électro annonce la couleur et ne présage pas un simple retour aux sources. Il faut dire qu'on s'en doutait… Le premier titre à part entière, « Burning The Skies », s'avère être une ballade séduisant dans les tons de « Minutes To Midnight », très agréable et rassurante, « Fallout » en fait même un petit rappel en fin d'album. « Robot Boy », un des meilleurs titres de l'album reste dans le même ton, remarquable. « When They Come For Me » également, mais dans un autre style, s'écoute sans problème. Mais quid de ce looping cité un peu plus haut ? Pour répondre sans grand discours à cette question, direction la deuxième partie de l'album et notamment le premier single : « The Catalyst ». Sonorités électro à la limite de la techno tuning, rythme emmené par un boom-boom banal au possible, les Linkin Park auraient-ils envie dans un futur proche de collaborer avec David Guetta, apparemment LE mec « in » du moment ? Etonnant choix musical… Choix répercuté sur nombre de compositions de cet opus qui, indéniablement, renforce le penchant électro de plus en plus prononcé des américains. « The Catalyst » représente en fait le coté négatif de ce choix. « Blackout », son ambiance travaillée et originale rattrapent le coup et prouve le potentiel de ce nouveau registre. Pour autant, cette tendance électro n'apparaît pas comme le seul facteur de ce revirement de situation. Si le changement s'était limité à cela, la pilule serait peut-être passée un peu plus facilement.
Mais malheureusement, nous avons affaire ici à un album très (trop) lent et mou du genou, axé essentiellement sur des ballades ou mid-tempo, sans titres percutants et rentre-dedans comme ce que la plupart des fans attendaient certainement… Ajoutons à cela une très mauvaise façon de clôturer l'album, avec « The Messenger », titre acoustique où Chester Bennington prend plaisir à s'égosiller sur fond de guitare sèche, mais d'une façon tellement peu esthétique que l'exercice ressemble par moments à une séance d'expectoration pulmonaire…

Impression mitigée pour ce 4 ème album de Linkin Park. Leur volonté de faire évoluer leur musique au fil du temps est tout à leur honneur, dans le sens où leur registre de départ se serait très vite essouflé. Le virage semblait vraiment bien négocié avec un « Minutes To Midnight » plus mûr et recherché. Je ne sais pas si l'on peut vraiment parler de recherche pour ce nouvel opus, le fait est que Linkin Park a certainement surpris tout le monde, d'une manière plus ou moins réussie certes… Quitte ou double !

Le site : http://www.myspace.com/linkinpark

Xavier