Lion Music

Celui-ci m'a bien fait peur. Dès les accords funky de l'ouverture je commence à me dire qu'on chronique n'importe quoi chez Ultrarock et je m'attends à de la quasi-variété... Et j'ai bien tord. Mattsson fut certes une surprise mais une bonne. Il s'agit du projet de Lars Eric Mattsson, guitariste émérite et compositeur surprenant comme vous allez le voir. Déjà 5 disques au compteur, on peut dire que c'est du sérieux. Il s'est ici offert les services de la vocaliste Adrienn Antal, ayant déjà fait ses preuves sur le précédent opus de Mattsson, vocaux auxquels il adjoint cette fois-ci ceux du chanteur de Status Minor. Et le voici prêt à aller encore plus loin que pour sa dernière livraison.

Bon alors pour vous décrire tout ca je vais utiliser le mot « progressif » mais vous savez comme moi que ca veut dire ce que l'on veut comme terme, n'est-ce pas. En tout cas, toutes les compositions suivent leur propre schéma. Elles sont généralement longues (le tout dépasse allègrement les 70 minutes tout de même) et tout sauf linéaire. Leur structure est sinueuse, passant par tous les rythmes imaginables et surtout tous les styles. On ne s'ennuie donc pas au fil de ces 11 titres, surtout que de l'un à l'autre on se permet les extravagances les plus folles. « Tango », le morceau-titre, porte bien son nom. Eh oui! Et l'on conclut cette galette détonante par une note tout aussi insolite avec « Slave To The Road » sur un rythme Jazz-Blues des années 50... Sinon, « Never Stand Down » va du Funk sus-mentionné au Blues, « Believe » du Prog au Sympho, « The Grand Escape » et « Tour De Force » présentent des interventions acoustiques, la guitare de Lars passe de l'imitation de Sitar de « Believe » et « The Grand Escape » à celle de Strat' 60s sur « Chain Me » et « Tour De Force »... Ce n'est pas l'imagination qui manque. On peut craindre l'éparpillement me direz-vous, et je vous répondrai que vous avez raison. Lars en est néanmoins conscient et propose quelques morceaux bien plus homogènes. « Homogène » ne rime pas pour autant avec « simple » pour Lars, et des morceaux comme « I'll Find Another Way » et « The Sream Of My Soul » sont moins barrés, voire plus typés Metal, mais restent rythmiquement complexes. On rétablit donc une sorte d'équilibre, mais les constructions dingues l'emportent immanquablement. En dehors du Metal Progressif (et du Tango!) Mattsson est sensible à une autre influence semble-t-il, celle de la Pop-Rock progressive contemporaine, comme cela se sent sur « Chain Me » par exemple, et certains morceaux moins Metal (« I'll Find Another Way » ou « The Scream Of My Soul »), mais l'on ne peut pas parler de « fusion » ou de « cross-over » (qu'est-ce que je déteste ces mots), le Metal Prog restant la matrice de cette musique (« The Fire Is Burning » mais surtout « Shadows » et « Tour De Force » nous le prouvent). Corolaire qu'il est inutile de préciser, la virtuosité instrumentale de Lars est indiscutable, comme il se doit.

Que penser donc de tout cela? J'ai déjà dit avoir été très agréablement surpris, mais ai également mentionné une trop forte hétérogénéité. C'est malheureusement vrai, va encore pour les breaks rythmiques qui sont impeccablement maîtrisés, mais les changements de style récurrents au sein des morceaux sont parfois trop artificiels. Il ne s'agit pourtant pas d'un problème de fond mais simplement de dosage. Oh on s'y fait dès la 3e-4e écoute hein, mais c'est dommage. A part ca l'écoute est un plaisir d'un bout à l'autre, les morceaux sont un délice à décortiquer et les arrangements un bonheur à apprécier. L'impression de foutoir ne pourra donc guère dominer, et l'on sera nombreux à aller vérifier avec un intérêt enthousiaste si le tir sera rectifié sur le prochain album.

Le Site :  www.larsericmattsson.com + www.myspace.com/larsericmattsson

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