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PAUL D'ADAMO
" Tell Me Something "

PAUL D'ADAMO Tell Me Something

Auto-production

Mais qui diable est Paul D'Adamo? Voilà ce que je me suis dit à l'écoute de ce « Tell Me Something », d'abord car son nom m'était inconnu, ensuite car le contenu était bien éloigné du disque Ultrarockien de base...
Après recherches, il s'agit d'un Texan, musicien depuis l'âge de six ans comme le petit Wolfgang et professionnel depuis, à l'origine aussi d'une école de musique, la « D'Adamo School Of Performing Arts ». Voilà ce que l'on peut en dire. Et malgré sa grande expérience des studios, « Tell Me Something » est son premier album enregistré en son nom.
L'album s'ouvre par le morceau-titre, assez révélateur, qui illustre bien la personnalité musicale de D'Adamo : composition soignée, arrangements splendides, et une impression générale mi-Funk mi-Pop, en fait la variété New-Yorkaise des 70s dans toute sa splendeur. Parfait morceau-titre et parfait morceau d'ouverture, il donne le ton de l'album dès l'ouverture. Celui-ci se verra complété par la suite mais toujours confirmé par des morceaux comme « Miss you », ajoutant le coté Soul de l'époque, avec saxophone tout en douceur et fusion Jazz-variété comme l'on aimait alors, et « Woman like you », plus rythmée, mais dans un style Caraïbes là encore dans le parfait esprit joyeux de l'époque... Ca fait bizarre tellement c'est authentique, cette nonchalance, cette bonne humeur... oui, c'est la légèreté de la Pop seventies, celle de Tin Pan Alley, où se mêlaient rythmes « urbains », Funk, Disco et riches orchestrations dans un festival de fusions en tout genre, parfois douteuses, parfois insensées, mais toujours « fun ». Oh, ce n'est pas ce que les seventies nous ont livré de mieux, loin de là, ni même de plus intègre, mais l'évocation de cette grande époque de producteurs et arrangeurs est assez séduisante en 2010...
Le reste ? Haha... c'est une autre histoire, j'y viens! Mais je me devais de planter le décor, car il ne rend le reste que plus intéressant ! Paul D'adamo, donc, c'est cela : un musicien et arrangeur très doué, et apparemment fan de variété seventies... Mais c'est aussi un grand fan de Genesis ! Et de Phil Collins plus précisément. Figurez-vous que pour constituer l'équipe l'entourant ici, il a réussi le tour de force aussi incroyable qu'insensé de réunir pas moins de neuf musiciens ayant sévi pour Genesis et/ou Phil Collins ! Complétés du petit frère de Daryl Stuermer, ce dernier étant ici l'auteur du beau solo de « Entangled »... Oui, car à côté des trois compositions de D'Adamo que j'ai évoquées, il y en a le double de Genesis et Phil Collins ! A commencer par celle-ci, véritable travail d'orfèvre. Non pas car il s'agit un ambitieux morceau du grandiose « Trick Of The Tail ». Ni car le choix peu évident de « Entangled » est à saluer. Non, vu que les six morceaux que je vais évoquer se révèlent tous des choix osés. C'est même le principe de ces reprises : re-proposer au public six morceaux que Paul ne juge que trop mésestimés. Non, au delà de ça, Paul va les arranger à la D'Adamo , c'est-à-dire les traiter comme des compos seventies à orchestrer à la Neil Diamond. « Entangled » se voit donc réarrangée, ré-ochestrée, ré-harmonisée... pour ce résultat étrange entre Pop et Prog, un peu Parsons dans ses moments plus variété...
La dévotion de Paul fait qu'il ne touche guère à la structure première des compositions qui sont donc instantanément reconnaissables, ce qui rend l'exercice plus délicat. Et si le reste est plus osé, le résultat n'en est que plus intéressant : Il y a d'abord « Please don't ask », compo de Collins pour « Duke »... Ce n'est guère la période du groupe la plus propice à être reprise, mais Paul y piochera aussi « Like it or not » de « Abacab », prouvant ainsi sa réelle motivation entière de remettre en lumière des compositions oubliées. Le résultat est étonnant, très jazzy pour la première, richement arrangé et harmonisé pour la seconde, un peu comme un ELO... Paul s'en tient toujours aussi fermement à cette démarche personnelle variété 70s aussi sûrement qu'il entend faire justice à ces morceaux... la volonté est pour le moins saluable.
L'album se clôturera sur un « Guide vocal » également extrait de « Duke », prouvant la dose d'audace que s'accorde Paul... Mais avant cette pièce vocale, deux autres compositions sont extraites du répertoire solo de Phil, et toutes deux de « No Jacket Required » : « Long long way to go » et « Doesn't anybody stay together anymore », là encore couvertes de ces couches soyeuses et rondes d'orchestrations et arrangements 70s new-yorkais comme aurait fait Neil Diamond d'une de ses propres compositions... Vraiment original. Ces neuf morceaux se voient complétés d'une reprise de Jose Maru Chan, compositeur Philippin apparemment proche ami de Paul, qui reprend donc ici son « Constant change », subissant le même traitement Pop, avant de conclure sur « Guide vocal ». Constituant le « vrai » morceau final, ce dernier aurait pu bénéficier d'un lifting plus sévère, mais bon, c'est juste une question de track-listing... Car le reste est bien là : une démarche extrêmement intègre, extrêmissimement personnelle, et un résultat original. Ajoutons à cela un réel professionnalisme musical et un savoir-faire irréprochable, et on a des choses aussi solides que « Entangled » que, tiens, moi j'aurais justement proposé en guise de conclusion.
Malheureusement, il faut encore d'autres ingrédients pour réussir un disque, et l'absence de certains se fera ici sentir... Ce dont souffrira sans doute cet album en premier lieu risque d'être l'incompréhension du public. Je ne suis pas certain que tout le monde trouve évident l'intérêt de reprendre du Phil Collins à la Neil Diamond. Ni de proposer en 2010 trois compositions semblant tirées du répertoire d'un club de Broadway il y a 35 ans. Et, pour être honnête, même aux yeux d'un fan de Genesis (que je suis entièrement, déclaré et assumé) la chose reste un peu anecdotique. Trop incongrue, si vous voulez. L'intérêt musical est là, le défi artistique est louable, mais déjà à la base l'idée est pour le moins déroutante...
Il s'agit certes là de ces albums que les musiciens enregistrent pour eux-mêmes, à n'en pas douter... Donc, rien de mal à cela, mais « Tell Me Something » risque de ne pas trouver de public au-delà. Il est, de plus, difficilement envisageable d'imaginer la carrière à long terme de Paul s'il ne jette pas son dévolu sur un autre style, ou du moins autrement qu'en trouvant matière à se renouveler à chaque album, je veux dire genre en proposant des reprises Techno de Def Leppard la prochaine fois ou je ne sais quoi.

Mais, la démarche étant personnelle, Paul faisant cela car il aime la variété new-yorkaise et car il aime Phil Collins, je ne vois pas ce qu'il peut proposer d'autre.

Le site : www.pauldadamo.com + myspace.com/Pauldadamo1

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