Inner Wound Recordings

Shadyon, groupe français vieux de 8 ans, a sorti en 2006 un album les ayant catalogués Prog mélodique, mais son successeur « Mind control » vient aujourd'hui nuancer tout ça. Si 4 ans leur auront été nécessaires pour présenter leur première œuvre, il leur en a fallu de nouveau 4 : d'abord le temps d'effectuer une tournée brésilienne, puis de surmonter divers changements de line-up puis de label. « Mind control » sort enfin aujourd'hui tout beau tout frais des studios suédois Cutting Room qui ont connu Scorpions, Europe et Behemoth, ce qui est un luxe pour un tel groupe.

Alors d'accord ce n'est pas que du Prog mélodique, mais quoi alors ? Hard, Glam, Black ? Rien à voir avec Cutting Edge, en fait Shadyon est ce qu'ils étaient déjà à leurs débuts mais de façon moins apparente : un groupe de Prog à la base, mais aux compositions invariablement mélodiques et se parant maintenant de refrains à la limite de l'AOR, et de plus ne reniant pas les guitares Hard Rock. Pas évident de s'imaginer ça sans avoir écouté, même si les diverses formations prog ayant dérivé vers des courants franchement différents peuvent vous donner un avant-goût. Qui plus est, tout au long de cet album ces divers éléments sont répartis de façon peu uniforme et empêchent d'appréhender le groupe sous tous ses aspects dès l'écoute initiale. L'intro orchestrale ouvrant « Mind control » prépare l'auditeur ne connaissant pas le groupe (ce qui était mon cas) à du Power ou du sympho. Mais c'est le riff FM de « New dimension » qui l'accueille à l'arrivée, relevé de sons de claviers et de la voix lisse du chanteur. Lorsque sur le refrain la mélodie se fait franchement FM, on jette l'intro aux oubliettes et l'on se prépare à un pur album de Rock mélo 80s. Dans la première moitié de celui-ci, la suite des évènements nous donne raison : « Last escape », « Forgotten nightmare », les compos suivantes sont pourvues de refrains totalement FM, voire datés 80s, mais apparaissent des riffs plus Heavy, des claviers plus Prog, des rythmes de plus en plus soutenus, et même la voix se fait d'avantage attaquante. Puis viennent les compos plus ambitieuses comme le morceau-titre qui ne laisse plus de doute : le FM n'est qu'une corde à l'arc du groupe. Ce morceau est recherché, les claviers changent de rôle pour assurer les diverses ambiances requises par la composition, désormais les mélodies peuvent se charger de puissance toute Heavy et voir des breaks rythmiques fleurir en leur milieu. Malgré tout on hésite encore entre le Heavy et le Prog. C'est d'abord la balade « Guardian angels » qui va nous ramener en arrière avec son chant typé FM et ses gentils arpèges, mais tout le reste du disque relèguera le FM aux simples refrains et alourdira les tempi, affûtera les guitares et dopera le chant pour un marathon entre Heavy et Prog. D'abord Heavy, avec des riffs tels que « Into the fire » ou les arrangements épais de « Strange visions », puis, d'élément en élément, le caractère Prog prend le dessus, d'abord à la simple faveur d'incursions originales comme les breaks de « Into the fire », pour finir sur des morceaux franchement Prog comme « Sun and stars » où les riffs se font originaux et se partagent au clavier, les parties de basse s'alourdissent et les changements rythmiques sont de plus en plus prononcés. L'album se conclue sur « Gates of dawn » très typé Heavy, peut-être en guise de synthèse ou pour faire bonne moyenne.

N'en reste pas moins que la volonté de présenter une musique changeante est évidente. Alors la démarche de Shadyon comme celle de tous les groupes à plusieurs visages est intéressante, mais il ne faut pas oublier qu'elle requiert une grosse dose de savoir-faire et une mise en place irréprochable. Je ne parle pas de mise en place instrumentale (c'est un parcours sans faute pour le groupe sur ce plan), mais une juste évaluation des différents ingrédients, du rythme des compositions au gré de ces éléments et de la dynamique générale. C'est là que Shadyon pêche, comme – j'ai souvent soulevé ce point – nombre de ses compatriotes. Ces mélanges stylistiques ont beau être de bonnes et louables idées, le caractère en est cruellement absent. Ce n'est pas en multipliant les composantes que l'ensemble gagne forcément, et Shadyon nous prouve encore qu'il est possible de ne rien faire ressortir d'un riche mélange.

Le site  : myspace.com/shadyon1

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