Coroner Records

La pochette, où se distingue le World Trade Center, fait bien référence aux USA, mais Six Magics est un groupe chilien, actif depuis plus d'une décennie, avec trois albums à son actif, ainsi qu'un DVD... Pas des petits nouveaux, donc. « Behind the sorrow » est en fait un remaniement de leur album « Animal », avec nouveau tracklisting et nouveaux enregistrements. Et nouvelle chanteuse, surtout, Elizabeth Vasquez, Eli' pour les intimes.
Si l'on ne l'est pas (intime), difficile de juger du contenu à la seule vue de la pochette. On pourrait penser à du Goth, mais non. La musique du groupe a beau être plus sombre que la moyenne, elle n'en reste pas moins du Power Metal. Ce côté sombre est principalement dû au chant de « Eli » moins niais que celui du groupe lambda de « metal à chanteuse », à l'utilisation de sons synthétiques effectivement peu usités dans le Power, et aux thèmes sombres, dont le titre et la pochette sont de bons exemples. La pochette, en fait, ne fait référence qu'au premier morceau où le 11 septembre est en effet évoqué. Dès ce titre (« Run ») on notera que le groupe n'appuie guère les aspects Power de sa musique effectivement, et met déjà en avant les sons synthétiques dont je parlais ainsi que la voix bien peu mielleuse d'Elizabeth. Musicalement en revanche, même ce titre, à l'aspect résolument moderne, est une simple composition Power Metal. Ce n'est pas un reproche et sa partie instrumentale est une sincère réussite. Le reste est du même acabit. Elizabeth garde cette voix sensiblement grave, peu douce, mais belle, parfois un rien trop plate mais souvent efficace (« No time to grieve » ou « It's not the way »). L'instrumentation, elle, reste moderne, voire trop (« Animal » par exemple, où le côté Metal est dilué au point de s'effacer). Et la musique, donc, reste Power. Mais le groupe y apporte une certaine variété de morceau en morceau, de façon consciente et parfois un peu forcée, particulièrement pour les rythmiques lentes dont l'aspect traditionnel tranche avec leur orchestration : « Behind the sorrow », « It's not the way »... Ces morceaux ont du moins le mérite de nuancer la direction sans doute trop moderne des arrangements. D'autres, bien que suivant des schémas également traditionnels, parviennent à mieux profiter de cette modernité : c'est le cas du morceau le plus Metal du disque, « Lies and rules », et de « Hands of time » dont la nature Progressive se marie bien à ce son (l'album est d'ailleurs produit par David Prater qui a déjà réussi ce genre de couplages pour Dream Theater, et dont le travail teinte fort ce présent disque d'américanisme). Instrumentalement on est assez sage, avec quelques parties réussies comme celle que j'ai mentionné pour « Run » par exemple, ou celle de « Animal » qui est carrément Sympho, mais sinon les guitares ne se signalent que par quelques riffs (et encore, seul celui de « All my dreams » se distingue) et quelques rythmiques réussies (par exemple « I remember »), alors que d'autres sont un rien grossières (« All my dreams », malgré son riff). Cela enfonce malheureusement le clou de la platitude dans cette galette.
Elle n'est pourtant pas dénuée de ressources comme nous avons vu, mais le tout manque de saveur. Non pas d'idées, ni de finesse, mais de relief. Difficile de pointer le fautif du doigt, mais je pencherais pour certains mariages pas aboutis, comme celui de la sonorité moderne de ces morceaux à part ça bien traditionnels. J'ai également noté que notre « Eli » pourrait pousser un peu plus. Elle a de toute façon une voix clairement adéquate aux besoins de la musique. Voili voilou quoi, jugement en demi-teinte, ni pour ni contre, mais pas assez convaincu. Peu mieux faire, comme beaucoup de groupes

Le site :  sixmagics.com + www.myspace.com/sixmagics

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