Auto-prodution

C’est bien connu, le Heavy Metal c’est une affaire d’Anglais… Les ricains, eux, n’ont pas eu la divine foudre dans les années 80, et s’adonnent aujourd’hui au machin-core ou bidule-core mais pas au métal lourd (je sais, oui, Manowar… mais Manowar ce n’est pas du Metal, Manowar c’est la GUERRE !). Et, il en va de même de leurs septentrionaux voisins canadiens (bon d’accord : Anvil).
Seulement, y’en a qui ne sont pas contents comme ca, et c’est ainsi que nous nous retrouvons en 2010 avec des groupes comme Skull Fist sur les bras… Formés à Toronto en 2006 et déjà auteurs d’une démo nommée « No False Metal » (ai-je besoin de commenter ?), ils sortent aujourd’hui un EP, alors qu’ils ne sont plus qu’un trio : Jackie Slaughter et Ken Neilson, deux ex-gratteux de « 30 Years Too Late » (le nom du groupe en dit long), le premier se chargeant ici d’hurler également, et à la batterie Alison Thunderland, oui oui, une Madame Thunderland (ou Mademoiselle je ne sais pas, ça serait d’ailleurs plus sympathique car la Alison se trouve être, euh… sympathique, elle aussi).
Le but du groupe est clair : faire comme si l’on était en pleine NWOBHM, comme si Skull Fist appartenait à une scène underground dominée par Maiden, Accept, que sais-je encore, mais comme si le Heavy Metal était tout frais et venait de naître ! Ce n’est donc ni un tribute band ni un revival band mais vraiment un trip. Le son est brouillon, pour faire plus vrai, parfois un peu maigre mais n’oublions pas qu’il s’agit d’une autoprod, et la musique est tout ce qu’il y a de plus Heavy : deux guitares en perpétuel duel, une énorme basse et une batterie ronronnant comme une Suzuki. L’écriture est donc plus que classieuse : elle se veut authentique et, ma fois, relève assez bien le pari.
« Heavier than metal » qui donne son titre au EP aurait vraiment, vraiment pu être écrite par Saxon à la grande époque de Power & The Glory. Un riff solide, un chant hurlé et une rythmique démarrant pour ne plus s’arrêter, écrasant tout. L’esprit est Speed et direct, plus Accept que Saxon ou Maiden peut-être, ou alors ceux de Power & The Glory et Powerslave, la dimension épique en moins. « No false metal », le (subtil) titre de la démo précédente, est toute aussi basique et, en fait, comparable… Trop de gimmicks, trop de gonflette… elle en est caricaturale !
Le reste du EP montre qu’ils ont heureusement su s’en démarquer un peu pour proposer quatre titres plus porteurs, qui permettent de s’éloigner de la caricature pure. « Heavier than metal », donc, et trois autres titres dont « Ride the beast » en premier lieu : « I shot the devil and I killed the priest, I’ll live forever ‘cause I ride the beast », yeah! Vous êtes au courant ? Screaming For Vengeance viens de sortir, courez acheter le vinyle ! Des mélodies solides et des rythmiques implacables, une atmosphère guerrière et des vocaux arrachés… tout y est.
Les deux autres titres sont « Sign of the warrior » et « Blackout », un morceau très Speed, un peu Judas Priest ou Dio, porté par une ligne de basse et un refrain gonflés à bloc, et un morceau plus travaillé sur une rythmique Speed mais ternaire, un peu Maiden, avec breaks rythmiques et tout ce qu’on aimait à l’époque…
C’est un trip, mais Skull Fist s’en sort bien. Ils ont surtout cette petite touche underground qui leur donne du cachet, quitte à laisser passer le caractère un peu brouillon du tout et le reste. Le reste, ce sont ces vocaux un peu durs à prendre au sérieux, et cette formule se cantonnant à tout ce qu’il y a de plus basique, au risque de faire tout tourner à la parodie comme sur « No false metal ». Mais pour notre plus grand plaisir le reste est plus que crédible : les incessants duels de guitare, les rythmiques pleines de conviction, l’énergie inépuisable… A condition d’accepter le concept, on ne peut qu’y prendre du plaisir. On n’est qu’en 1983, allez, faisons comme si.

Le site : facebook.com/pages/Skull-Fist + myspace.com/skullfisted

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