Frontiers Records

Le genre : bonne (vieille) recette.

Vanden Plas fait partie de ces groupes que j'aime, contre vents et marées. Ils ont participé, avec les Angra, Symphony X et autres Stratovarius ou Royal Hunt au renouveau du métal mélodique dans des années 90 peu enclines à favoriser la génération succédant aux hair-métalleux des eighties , hier adulés via MTV. Pour cela, ils méritent le respect ! En musiciens intègres, ils persistent dans un style progressif catchy mûrement réfléchi au cours des longues années passées ensemble. Dans le (petit) océan du métal, bien fourni en requins, les frères Lill (Andreas, batterie et Stephan, guitare), Günter Werno (claviers), Torsten Reichert (basse) et le chanteur-leader Andy Kuntz, regroupés à Kaiserslautern en 1985, ont su rester unis et productifs, alternant albums de Vanden Plas et nombreuses contributions extérieures. Depuis quelques années, Kuntz en tête, ils se sont investis dans le domaine de la comédie musicale, axant leurs créations autour de concepts destinés à être joués sur scène. Dans cet esprit était sorti « Christ O » en 2006, adaptation musicale du Comte de Dumas.

J'ai débuté ma chronique en déclarant aimer Vanden Plas. Pour sa musique à la fois énergique et technique sans être démonstrative, richement rythmée, toujours mélodique, avec ce travail soigné sur des refrains souvent proches de la pop. Une musique qui a su marier des influences très diverses : de Stephan Eicher au trash en passant par le jazz ou le jeu de gratte pyrotechnique de John Sykes. J'ai aimé ce groupe dès leur premier album (« Colour temple » en 1994) et l'amour n'est pas à un paradoxe près… Moi qui soupire souvent après l'évolution et la diversité, j'apprécie que Vanden Plas ne change pas (beaucoup). Effectivement, à l'écoute de ce conceptuel « Seraphic clockwork », force est de constater que le groupe propose une musique très similaire à celle enregistrée il y a plus de quinze ans. En ce sens la structure d'un Sound of blood est caractéristique (caricaturale ?). On peut donc objectivement leur reprocher des ambiances stéréotypées, maintes fois proposées (intro calme, riffs bien heavy, breaks successifs et nappes de synthé à rallonge...) qui sentent le réchauffé. Pour autant, très classique, l'interprétation n'en demeure pas moins excellente : Kuntz a toujours cette superbe voix, Werno et Stephan Lill font toujours mouche quand ils se lâchent et Andreas Lill est toujours ce batteur monstrueux, à la fois technique et pêchu. La production reste de haut niveau et le tour de main indubitable (nan, ça n'est pas un gros mot…). Au menu donc qualité des ingrédients mais peut-être pas toujours fraîcheur (encore un paradoxe). A la carte, peu de changements depuis l'attribution de la troisième étoile au guide culinaire (attention donc au déclassement).

J'aime Vanden Plas et cet album n'y changera rien : je l'ai trouvé agréable dès le premier abord et continue d'y prendre plaisir écoute après écoute. J'avoue être plus sensible à la seconde partie : Quicksilver et Rush of silence me semblant être les deux morceaux de choix, le premier pour son côté prog', le second pour son côté pop avec son refrain-de-la-mort-qui-tue. Alors c'est vrai qu'on pourrait attendre de telles pointures qu'ils sachent innover mais je n'arrive pas à leur reprocher quoi que ce soit, tant leurs qualités d'écriture et d'interprétation restent intactes, même si elles semblent figées.

Les titres à retenir : Holes in the sky, Quicksilver, Rush of silence, On my way to Jerusalem .

En conclusion : soit on reprochera à Vanden Plas de n'avoir pas su évoluer, soit on appréciera de déguster à nouveau cette recette excellente, servie par les chefs aux gastronomes depuis 94. Et dans les deux cas on aura raison… Un album parfait pour réconcilier tout le monde, en somme ! Je sais, cet argument frôle dangereusement la mauvaise foi mais on ne peut pas me reprocher de n'avoir pas prévenu.

P.S… Sacré bon groupe, au demeurant !

Le site : www.vandenplas.de

Bouteil Bout