Underclass Distribution

Würm, groupe encore peu connu, est originaire de la région parisienne et n'est l'auteur depuis sa formation en 2002 que d'un album, précédé d'un EP. En tout cas, pour ceux ayant déjà été séduits par la production particulière du combo, « Swing with the savior » sera une confirmation à coup sûr, tant elle enfonce le clou de ce précédent effort encore plus loin.

Et pour ceux qui ne les connaissent pas, ne vous laissez pas tromper par la pochette à l'humour rock'n'roll qui pointerait plutôt un groupe de Hard-Glam : Würm ne l'est pas et, pour être exact, n'est rien de bien précis. Le groupe tente en fait de concilier toutes les influences des années 90, celles avec lesquelles ses membres ont sans doute grandi. Le morceau-titre, qui ouvre le tout, est un parfait résumé de leur musique : on est d'abord assailli par un riff intense, au son parfait (qui restera de cette qualité de bout en bout), rattrapé par la voix très efficace du chanteur, assez typée US ici mais qui se révèlera plus européenne par la suite ; puis l'auditeur voit (ou plutôt entend) surgir des sons électro... Le rythme reste solide et la puissance présente. Le long de ces 3 minutes et demi, on assiste à un patchwork de Grunge (plutôt alternatif), de Thrash (mais Power), de Néo (pour l'agressivité), de Hard (ca reste Rock'n'Roll), voire d'indus (pour le son). Et cette formule reste constante. L'architecture des morceaux reste tout aussi hétérogène. Certaines parties font la part plus belle à l'un ou l'autre de ces styles (sons électros sur « MY ride », riff plus Hard pour « It may be you »...), voire en introduisent de nouveaux (« Poor flower » présente des guitares Funk 90s, « Hide » tente des ambiances plus légères grâce à sa guitare qui va chercher des plans Jazz), mais l'équilibre est maintenu et révèle une recette tout à fait au point. Malgré l'uniformité, on a droit à une pléthore de bons moments : mention spéciale de ma part à « Possession » qui fait suite à la très directe « On the pyre » mais n'hésite pas à s'aventurer en des terres beaucoup plus ambitieuses, à la limite de l'épique, pour les parties les plus génialement arrangées de l'album à mon goût. Rendons hommage aussi à la très rafraîchissante « Like a dog » qui va chercher du côté du blues un groove pâteux et lent pour donner naissance au morceau le plus radicalement particulier de l'album (à l'ambiance décuplée par la présence des vocaux de Poun de Black Bomb A). La partie guitare/basse de « She drives me crazy », enfin, en scotchera plus d'un aussi. Après ces louanges, je vais m'appesantir sur les travers du disque, et malheureusement, ils sont légions aussi. Le plus gros est l'hétérogénéité souvent forcée par des changements de rythmes contre-nature, voir des genres cohabitant mal. Il ne s'agit que d'histoires d'ajustements, mais ils gâchent l'écoute de certains titres (« On the pyre » en particulier, alors que certains morceaux plus « simples » fonctionnent mieux). Le second reproche, de taille, est la platitude de nombre d'interprétations, alors que les arrangements sont généralement très bien pensés et le son excellent (« It may be you », dont l'hétérogénéité est pourtant mieux digérée que le reste des morceaux, et dont les parties de guitare sont assez massives, est dépourvue de tout relief. Le morceau-titre aussi, malgré sa puissance évidente).

Voilà des défauts de taille, dont le premier est même critique vu que l'identité du groupe se base sur la fusion. Mais celle-ci est assurée. Elle est personnelle, et est l'essence du groupe. Même mal pensée, elle assure à Würm une personnalité très forte, chose essentielle aujourd'hui (don't worry je ne vais pas commencer à me plaindre). Donc hors de question de remettre cette recette en cause. C'est la grande réussite du groupe, c'est même ce qui le légitimise.

Le site :  www.wurm-music.com + www.myspace.com/wurmmusic

the_outcast