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ANAAL NATHRAKH
" Passion "

ANAAL NATHRAKH Passion

candlelight records

"Anaal Nathrakh, ou comment imputer à la musique les traits d'un nihilisme exacerbé" pourrait être l'aphorisme propre, un condensé de l'essence du duo britannique. Le créneau de Nathrakh c'est, comme vous le savez, de scander (de mollarder) tout plein de jolies paroles à propos des fraises, de "laper dans le monde", et puis des papillons aussi... Ou bien, me serais-je planté de rubrique ? Depuis 1999, les séditions désinhibées du combo, tout droit venu de Birmingham, en envoient plein les esgourdes, proportionnellement à leur "poutrage dans ta gueule" asséné à l'humanité. Bien loin des ambiances standardisées du black métal, Anaal offre son 6ème album, Passion, dans un vrombissement métallistique atypique, à base de grosses bacchanales grindcore, de dissonances black, et d'un soupçon de déshumanisation indus. Quant au débat suscité concernant sa soit-dite analogie avec "In the Constellation of the Black Widow", cela ne nous intéresse que très peu : le fait est de savoir ce que, concrètement, ce nouvel opus est capable de nous déverser de plus passionné.

A priori, c'est plutôt paisiblement que démarre la galette (me suis-je dit), du moins les 45 premières secondes puisque, passée cette attente, bienvenue dans le gouffre frénétique d'Anaal Nathrakh. "You're a fuckin' asshole", pouvait-on rêver mieux ? L'efficacité redoutable de l'entrée en matière pour ce premier titre, Volenti Non Fit Iniuria, est pour le moins édifiante. Cet appel à l'enthousiasme et au bonheur d'un bon vieux suicide collectif, pouvant être poétisé tel que "celui qui a consenti aux dommages ne peut s'en prétendre être victime", est un véritable calottage musical. Cette première piste du combo britannique suffit à comprendre l'ampleur des dégâts : des sonorités travaillées, un soin tout particulier apporté aux arrangements mélodiques (un soli final "prends ça dans ta gueule"), un rythme soutenu... fondus dans les vociférations de V.I.T.R.I.O.L (chant) qui ne désemplissent pas. C'est à travers une déferlante de vomissements haineux et saturés que le message nihiliste du groupe prend vie : des râles agonisants et crevants, ainsi que des chants clairs aux allures théâtrales nous inondent. A l'image de cette première démonstration de composition, nous retrouvons "Le Diabolique Est l'Ami Du Simple" ou encore "Who Thinks Of The Executioner". Concernant la 1ère des deux (L.D.E.A.D.S), nous nous retrouvons happés par une dimension progressive et teintée d'ambiances plus personnelles. D'autant que l'efficacité Death, habilement mariée aux dissonances Black traditionnelles, fait son apparition au sein de l'opus : 3 minutes 42 de guitares endiablées, de batterie (programmée) violente et justement mesurée dès que nécessaire... pour moi la meilleure piste de l'album.

"Je cours acheter ce bijoux d'optimisme" me direz-vous, et je vous répondrais de vous munir de vos plus belles tennis (les amateurs du genre ne seront pas déçus). Néanmoins, malgré la manifeste aisance musicale du combo, quelques points me laissent perplexe. Ca blast, ça grind, ça martèle... c'est un tantinet redondant ! La violence semble trop exploitée, et se noie finalement en elle-même, allant jusqu'à ternir les lignes mélodiques. Le tout finit par se confondre, et (en dehors des morceaux précédemment cités) on trouve difficilement un riff atypique se détachant de l'ensemble, ou bien une accroche particulière. Quant aux reproches qu'il me plairait de formuler concernant les nasillements de V.I.T.R.I.O.L, tout remarquable qu'il soit je vous le concède, ils s'orienteront sur sa quasi-omniprésence, mais pas seulement. D'accord, l'ami british est, on peut le dire, polyvalent, et a une maîtrise indiscutable de ce qu'il exécute… Au point qu'il noie l'instrumentalisation dans ses râles. De plus, le doute s'organise rapidement lorsqu'on constate des clameurs excellemment livrées par celui-ci, puis un semblant d'impéritie ou d'inélégance vocale l'instant d'après (Tod Huetet Uebel). Enfin, l'exploitation du pattern voix saturée/chant clair semble trop prévisible et ne réserve pas réellement de surprise. Pour ne pas m'arrêter prématurément (de mal en pis comme dirait l'autre), je propose d'évoquer l'incompréhension dont j'ai été envahi à l'écoute de "Post Traumatic Stress Euphoria" et "Locus Of Damnation". L'intérêt de ces deux morceaux repose-t-il sur l'imitation d'une baliste véhémente ? 2 minutes 40 de l'album qui, à mon sens, sont dispensables. Mention spéciale à "Tod Huetet Uebel", dont l'introduction est vraiment efficace, et dont la suite laisse dubitatif. C'est incontestablement la souffrance qui cherche à s'exprimer à travers ce tempêtage phonique. Notons que les phrasés ont le mérite d'éveiller l'inquiétude de l'auditeur, tant le chant confère au titre une ambiance dérangeante.

Après plusieurs écoutes, le potentiel du duo britannique nous éclate en pleine figure : Doués d'une originalité indéniable, ils sont les seuls à opérer dans le genre. Ce nouvel opus est chargé de sonorités pleines d'évocations (pas des plus allègres), mais il est déplorable qu'elles soient mêlées à certains nasillements qui trouvent tant bien que mal une place dont il faudrait définir l'intérêt musical. Un remaniement rythmique serait bienvenu également : 30 minutes (effrénées tout de même), à peine entre-coupées d'un breakdown substantiel sur fond de vagissements d'agonie dans "Ashes Screaming Silence" en fin de piste. Bien qu'il s'agisse d'un album pesant et bien maîtrisé de façon générale, l'impression de monorythmie domine.

Le site : www.myspace.com/anaalnathrakh

Thor Chon






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