Anathema, le groupe qu'on attend à tous les tournants… Du moins ceux qui, comme moi, soutiennent sa démarche artistique depuis leur émigration du monde du Metal. Soutien non inconditionnel, et chaque nouvelle sortie est appréhendée et murie le long d'écoutes répétées. Celles consacrées à « Falling Deeper » seront néanmoins plus légères vu que ce disque n'est pas le successeur de « We're Here Because We're Here ». Il serait en revanche celui de la précédente sortie des anglais, « Hindsight », qui revisitait acoustiquement la discographie du groupe depuis 1996. Pas un nouvel album, donc, mais une nouvelle reprise d'anciens titres. Et le concept est ici plus intéressant : dans la lignée de ce qu'ils avaient fait du morceau « The silent enigma », le groupe va ici reprendre non pas simplement acoustiquement mais orchestralement, arrangés par Dave Stewart rempilant après « We're Here Because We're Here » (et on comprend pourquoi), des titres de leur période Death cette fois-ci. Osé et… en même temps peu étonnant de leur part.

Le résultat est les deux à la fois : osé par son manque de conformisme, et peu étonnant car il y a bien derrière l'idée de recréer un lien avec cette première période de leur carrière complètement oubliée, qu'ils aimeraient présenter comme une extension naturelle de leur identité musicale actuelle. Le résultat ne va pas dans ce sens, je le crains, mais tant pis pour eux. Nous, en tout cas, on a matière à écouter : l'esprit est en effet celui de « We're Here… » même si tous les titres ne sont pas arrangés dans ce sens. La plupart n'utilisent pas l'orchestre comme élément central mais s'en servent plus pour tisser l'ambiance autours d'un piano qui constitue le centre de ces arrangements. Quelques variations sont le chant de Anneke Van Giersbergen, une vieille connaissance, sur « Everwake », et l'accompagnement plus traditionnel et rythmique de « Sunset of Age ». Pour le reste, la mélancolie vaporeuse et le flottement éthéré sont privilégiés. J'emploie des termes très abstraits mais c'est bien ce que Anathema fait : plus que réinterpréter ces titres, il les désosse autant que possible. Le résultat est parfois grandiose (« Alone »), parfois même au dessus de l'original (« J'ai fait une promesse »), mais reste simple et peu ambitieux. Ce qu'il prouve surtout, c'est la maîtrise atteinte par le groupe en matière de manipulation des ambiances, et en cela il souligne leur évolution actuelle plus qu'autre chose.

Comment résumer « Falling Deeper » en un mot ? Dur… J'en retiendrai surtout qu'il accomplit l'inverse de son but : il rebutera tous les amateurs de leur période Death et éblouira les plus fervents adeptes de leurs frasques gothico/atmosphériques quasi-Trip Hop actuelles. Il ne peut pourtant s'apprécier que lorsqu'on est déjà fan de ces premiers albums (et EPs puisque « Crestfallen » et « Pentecost » sont loin d'être oubiés), le tour de force du groupe étant bien d'en tirer la substance primitive. Sans cela, les thèmes mélodiques se trouvant souvent effacés, les compositions se voient réduites à l'état de simples voiles de fond. J'y vois donc plus une sorte « d'étude » définitivement tournée vers les avancées futures du groupe, et plus résolument que jamais dans la même voie. Ce que je ne déplore aucunement…

Le site : www.anathema.ws  + myspace.com/weareanathema

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