Escape Music

Le genre : prog’ métal mine de rien…

Formé de Marc Petralito (claviers), Omar Cuna (basse et chant), Pat Gerber (guitare et chant), Peter Berger (guitare) et Yves Lüthi (batterie), le groupe Appearance Of Nothing, que je découvre, présente son deuxième album (leur premier, Wasted Time date de 2008). L’air de rien, ils proposent un prog’ métal apparemment simple et direct, fortement influencé par le heavy mélodique. D’entrée de jeu, ces suisses les posent sur la table : gros son, rythmiques accentuées aux riffs tranchants et saccadés. Une avalanche (contextuelle, chez les suisses) syncopée emporte l’auditeur dès la première piste, pour ne le lâcher qu’au bout de la septième et dernière, grâce, notamment, à des refrains efficaces.

Ca a beau se présenter comme ne ressemblant à rien, force est de remarquer certaines influences prog’ metal « classiques » : Vanden Plas pour le côté mélodique et théâtral, Symphony X pour les parties plus bourrines. Mais Appearance Of Nothing développe, au-delà, un style personnel assez riche, doté d’éléments néoclassiques (...I Said Silence), flirtant parfois avec le thrash (le solo de The Mirror's Eyes) voire la techno (l’intro de The Call Of Eve), tout en soignant un côté très accrocheur confinant au hard FM. Effectivement, l’air de rien, la musique d’Appearance Of Nothing se révèle plus maligne et complexe qu’elle n’y paraît de prime abord. Des touches symphoniques viennent agrémenter les compositions, des passages calmes sont régulièrement disséminés au long des sept pistes, aérant les gros morceaux en assurant cassure rythmique et respiration mélodique : guitare claire sur The Mirror’s Eyes et 2nd God, petites nappes de synthé et soli de claviers typés rock progressif. Le résultat est ainsi joliment varié, qui réussit à maintenir de bout en bout l’attention d’un auditeur, tantôt surpris par certaines sonorités (le rythme techno et les arrangements samplés de Call Of Eve) et aussitôt rassuré par des refrains très easy listening. Certains titres auraient probablement gagné à être plus concis : ils ressembleraient moins aux épreuves scolaires de premiers de la classe récitant leur leçon de prog’ métal en faisant montre du catalogue de breaks dont ils savent truffer une chanson. A l’inverse, reconnaissons à ces suisses le bon goût de ne jamais verser dans l’étalage stérile de leurs capacités techniques instrumentales mais de rechercher la cohérence mélodique au sein de leurs compositions.

Côté vocal, deux musiciens se partagent des lignes lead dont je regrette le manque d’ampleur. Ils se complètent cependant et contribuent ainsi efficacement à la dynamique du groupe. Le chant, décidément envisagé comme une « terre d’accueil » se voit enrichi des apports stylistiques des guests Devon Graves (Psychotic Waltz) et Dan Swanö (Nightingale) qui vient growler comme il l’a récemment fait chez Arjen Lucassen (Star One). Je me permets humblement de suggérer qu’un cap pourrait être franchi avec l’embauche d’un vocaliste (il parait que DC Cooper n’a rien à faire en ce moment…).

Les titres à retenir : 2nd God, The Call Of Eve (ambiance metal au stand des auto-tamponneuses), …I Said Silence et l’instrumental The Rise And Fall Of Nothing (auto-dérision ?)

En conclusion : ni extraordinaire ni indispensable, All Gods Are Gone est un bon album de prog métal, certes pas très novateur, mais proposant une agréable diversité rythmique et mélodique au sein de chaque morceau, ainsi que des sonorités de claviers s’éloignant quelque peu des sentiers battus. Il devrait être intéressant de surveiller les prochains efforts d’un groupe qui, s’il persiste dans cette voie mélodique et (légèrement) expérimentale, pourrait montrer qu’il en a encore sous les skis et se révéler le digne héritier de ses références artistiques.

P.S. … pine de chien !

Le site : www.appearanceofnothing.com + www.myspace.com/appearanceofnothing

Bouteil Bout