BLACK'N' BLUE
" Hell Yeah! "
B L A C K ‘ N '  B L U E
Hell Yeah!
Frontiers Records

Il allait se passer quelque chose chez Black ‘n' Blue, la tripotée de rééditions de Majestic Records aurait dû nous mettre la puce à l'oreille… mais quoi ? Rééditer les quatre albums Geffen du groupe est une chose, en proposer un nouveau 22 ans après sa séparation en est une autre ! C'est pourtant ce qui s'est passé, en dépit de la reformation éphémère de 1997 (limitée à un concert), en dépit de la reformation de 2003 sans Tommy Thayer (remplaçant désormais attitré de Ace Frehley), et en dépit de bien d'autres choses encore (problèmes avec les studios de Jeff Warner, passage sur Frontiers Records etc).

En tout cas 8 ans après sa mise en chantier voilà « Hell Yeah ! » enfin achevé, avec un line-up ayant intégré Shawn Sonnenshein en lieu et place de Tommy. Shawn vient de la côte Ouest, du berceau de ce style que Black ‘n' Blue, pourtant de l'Oregon, a embrassé en 1984. Et son intégration n'est pas illogique, car la vision du groupe est claire : le cap est décidément mis sur la West Coast. Le style de leurs origines est ressorti sans complexes, et tout « Hell Yeah ! » est à sa gloire, sans, toutefois, commettre le faux pas de l'auto-caricature. Je m'explique : Le son est moderne, travaillé, et les compositions se réfèrent aux eighties & nineties plus qu'elles ne les caricaturent. Bref, « Hell Yeah ! » est stylistiquement abouti.

Et qualitativement, ma foi, on peut en dire autant : aucune des compositions n'est faible, et surtout, chacune suinte la même conviction et rage : « Hell Yeah ! » est un album qui prend aux tripes dès le début et qui dégage sans temps mort une dynamique contagieuse. S'il y avait des sceptiques à l'annonce de ce nouveau Black ‘n' Blue (et il y avait de quoi l'être), qu'ils se rassurent : « Hell Yeah ! » est totalement convaincant. Le son est énorme, les rythmiques implacables (essayez donc de résister à « Target » ou « Fools bleed »), et la dynamique étouffante. Là-dessus, Jamie St James nous sort « Hail hail » et « Angry drunk son of a bitch », et force est de constater que son énergie créatrice est intacte… Le titre de la seconde est honnête et vous aurez bien le déluge électrique auquel vous vous attendez. Quant à « Hail hail », c'est le groupe dans son ensemble qui est proche de la perfection. Une véritable machine de guerre…

Que dire ? Difficile de prendre ce come back en défaut tellement il est convaincant. Pas un seul temps mort, un gros lot de tueries, et une détermination sans faille de la part de chacun des membres. Le cap musical tourné vers les 80s-90s peut en décevoir quelques-uns, mais il est si bien assumé qu'on y trouvera peu à redire… Ils se permettent même une référence directe à Aerosmith (dont le son de « Pump » revient souvent à l'esprit il faut dire) sur le texte de Candy. Et cela ne les empêche pas de varier un peu les références (sonores surtout, comme les guitares dures parfois plus AC/DC ou Who que Glam – allant jusqu'à l'“emprunt” du riff de « Bad Boy Boogie » sur le morceau-titre) et les plaisirs (c.f. le quelque peu déroutant « World goes round » ne jouant pas du tout dans la même cour).

En un mot, ma satisfaction est grande devant ce disque qui réussit là où d'autres reformations absolument comparables échouent. Dur de prédire si tout cela tiendra sur la durée, mais il suffirait apparemment d'une relative libération de Tommy de ses obligations chez Kiss pour qu'il rejoigne ce projet envers lequel il témoigne tout sauf de l'hostilité. Et, franchement, je pense qu'il vaut mieux un Black ‘n' Blue reparti comme en 40 qu'un Kiss traînard pour lequel je me déplacerais – en toute honnêteté – avec moins d'enthousiasme.

Le site : jaimestjames.com/bnb  + myspace.com/blacknblueofficial

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