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BRIAN ROBERSTON
" Diamonds And Dirt "

BRIAN ROBERTSON Diamonds And Dirt

SPV GmbH

Brian Robertson est déroutant... Premièrement, sa carrière depuis sa dernière collaboration de taille (Motörhead de 1982 à 1983 en lieu et place de Fast Eddie) se limite à quelques tributes ou collaborations occasionnelles (nos lecteurs les plus assidus se rappellent peut-être de « Global Panic » des jeunes Bitter Twins), alors que « Diamonds And Dirt » prouve qu'il avait bien des choses à proposer durant toutes ces années précédant ce premier (et oui, seulement !) album solo. Ensuite, ce disque, lui-même, est déroutant : Brian n'y suit ni la voie facile de la star sur le retour visant à stimuler la nostalgie de ses vieux fans par du revival 70s, ni la voie à la mode chez les vraies stars sur le retour jouant les jeunes à la page, mais il endosse le rôle d'une sorte de vagabond ne sachant trop où il traîne, et s'en souciant apparemment assez peu, laissant les chemins le mener où ils le veulent.
En réalité, ce caractère indéfini est dû à la conception du disque elle-même : l'album n'existe que grâce à Soren Lindberg, l'un de ses plus vieux amis, à qui Brian donna un jour quelques vieilles cassettes pleines d'enregistrements réalisés au cours de sa longue carrière, pour l'occuper le long de son retour à Stockholm qu'il rejoignait par la route. La première chose que fit Soren une fois arrivé fut d'appeler Brian pour lui faire comprendre que ces enregistrements feraient un merveilleux album, et... voilà « Diamonds And Dirt ».

Il porte bien son nom en tout cas, contenant les perles cachées et des compos rouillées... L'équipe interprétant tout ça est constituée de Ian Haugland de Europe à la batterie et Nalley Pahlsson de Treat et Therion à la basse, rassemblés par Soren, et complétés de Leif Sundin du MSG et Liny Wood au chant pour aider Brian à interpréter tout ça, les claviers restant, eux, à sa charge... Le répertoire est donc large et remonte jusqu'à Wild Horses, sa collaboration avec le bassiste Jimmy Bain de Rainbow et Dio, et même, même, oui, jusqu'à Thin Lizzy, ce qui vous intéresse déjà plus, avouez. Un des meilleurs moments du disque est sa version lourde et acérée de « It's Only Money » (de « Nightlife », son premier disque avec Thin Lizzy), dont le solo retrouve la flamboyance 80s et la partie instrumentale toute la générosité... Un autre moment fort intéressant, ou plutôt deux moments, seront les deux reprises de « Running Back » (de « Jailbreak »), des versions fort américaines, d'abord grasse et 70s puis ensuite beaucoup plus groovy, à la Eagles , avec piano et dobro. Diamants ? Saleté ? Les reprises ne cherchent ni à reproduire ni à se mesurer aux originaux mais parviennent, en tout cas, à vivre par elles-mêmes... Un diamant en tout cas il y en a un : cette composition avec Phil Lynott, « Blues Boy », qui s'avère, en plus, assez bonne : un blues ternaire, lent, soutenu par un excellent piano, très Blues 70s en fait, lourd, à la rythmique solide et aux lignes de guitare intarissables.

A part Thin Lizzy, Brian fait également un tour du côté de son ami Franck Miller, dont il ne reprend pas moins de trois titres. C'est d'abord « Mail box », dont il parvient brillamment à relever le côté « cool », lui conférant un aspect presque digne des Who, à force de basse grasse et basicité instrumentale, puis « Do it till we drop » qu'ils ont co-écrite, instrumentalement très fine et mélodiquement assez musclée, arrangée à l'américaine elle aussi, plutôt Skynyrd pour la guitare, et enfin « Ain't got no money » proposée en bonus. « 10 miles to go on a 9 miles road » de Jim White se voit enfin reprise de façon beaucoup plus originale mais s'intégrant malheureusement assez mal dans cet ensemble basique et simple...

Le reste est de la plume de Brian seul : le morceau-titre nous le présente dans la pure tradition 80s, Hard, « Passion » nous le montre plus nerveux, toutes guitares dehors, ne manquant pas de relief, « Texas wind » replonge dans le Blues mais celui des 80s encore, dur et rehaussé de sonorités synthétiques, reposant sur une énorme basse au son dépassé et traversé de soli flamboyants aboutissant à des refrains gonflés à bloc... « Devil in my soul » le ramène au Rock « roots », traditionnel et soulful, sorte de Allman Brothers revisité par les Black Crowes, avec force Slide et américanisme, puis « That's all » alourdit le propos avec une compo plus 90s mais reposant sur une guitare folk aux accents celtiques et enrichie d'une guitare soliste assez 80s, elle.

L'ensemble ne manque donc pas de charme mais tient surtout par ses arrangements remarquables : les guitares, évidement à l'honneur, partagent magnifiquement leurs rôles entre une soliste très traditionnelle (délicieuse sur « Mail box ») et des couches généreuses acoustiques ou en arpèges au dessous, dans un parfait équilibre emplissant l'espace à merveille... Le même travail est effectué entre les vocaux lead et le soutien de Liny Wood, ou des chœurs sur « Do it till we drop » : l'espace est rempli et l'ensemble est massif mais doux, comme le son de Bad Company pour donner un exemple, américain mais rond. Un art sûr mais dépassé ; c'est peut-être ce qui fait le charme du disque ? En matière de production, Brian et Soren s'adjoignent les services de Chris Laney, ce qui me dispense de préciser à quel point le son est irréprochable.

Au final, on se demande pourquoi Brian n'a rien proposé depuis « Another Perfect Day » avec Lemmy, et pourquoi il se concentre ici sur ses années passées... Préparerait-il ainsi le départ d'une carrière solo ? Ou est-ce, au contraire, la confirmation qu'il préfère rester absent du devant de la scène ? En tout cas « Diamonds And Dirt » est un disque appréciable, plein de charme dépassé sans être daté, inégal mais plein de surprises, sans ambition mais irrésistible. Le choix du format « compilation patchwork » n'est, au final, pas si mauvais vu le ton général, et le résultat constitue un bien bon cadeau à tous les anciens fans de Thin Lizzy, bien plus que je ne sais quelle réédition. Le seul constat sur lequel on s'accordera, c'est qu'il est temps pour Brian d'entrer en studio dans l'optique d'une réelle carrière solo, je veux dire : un vrai album de Brian 2012. The boy is back in town alors autant le faire savoir, non ?

Le site : robbo.thin-lizzy.com  + myspace.com/brian_robbo_robertson 7

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