Stromspell

Bientôt les ricains vont nous sortir leur propre « Metal For Muthas »... Voici un EP à écouter avec celui d'un groupe comme Skull Fist, c'est parfait, ça se complète et ça vous fait votre propre album de la Nouvelle Vague de Metal Lourd Américain. En seulement cinq titres et 22 minutes, donc, DarkBlack nous fait ce qui semble devenir un trip à la mode en Amérique : s'enfermer dans une cave et imaginer qu'on est en 1982, le temps de poser quelques titres rageurs sur un vieux magnéto pourri.
Eux (DarkBlack) sont menés par le bassiste/chanteur Timothy Smith et sévissent depuis six ans... Depuis, ils n'ont pondu qu'un album mais voilà déjà leur deuxième EP. Choix de s'inscrire dans cette mouvance pseudo-underground ? Ou pensent-il que le format convient mieux à leur Metal basique ? Quoi qu'il en soit, c'est le cas. Les morceaux se suivent et se ressemblent, volontairement, et le EP ça fait plus « true », un album c'est trop sérieux (z’avez vu trop underground y’a même pas leur nom sur la pochette).
« Midnight Wraith » regroupe donc une poignée de titres NWOBHM (je sais ça fait bizarre de dire NWOBHM pour un album de 2010), galopants, guerriers, intransigeants et intenses. L'interprétation, comme il se doit pour faire plus true, n'est pas à la hauteur, en particulier les vocaux de Tim(othy), et la production encore moins. Le chant est inaudible, la basse d'une pauvreté à pleurer et les guitares franchement crades. Mais comme pour leurs compères, ça fait son effet... On imagine vraiment le groupe dans cette cave avec ce magnéto. Tout est si imprécis qu'on s'attend presque à les entendre jammer à la fin, comme si on y était aussi, dans cette cave. Bref, l'ambiance y est.
Et la musique ? Car trip ou pas, ça reste fondamental ! Le morceau-titre est tout ce qu'il y a de plus traditionnel comme métal, voire plus, du pré-métal, ou du moins du proto-métal, du Diamond Head disons. Il bénéficie néanmoins d'une excellente ligne de guitare, et sa mélodie, pas si évidente, fonctionne pourtant bien aussi. La partie instrumentale est assez travaillée et nous offre ainsi un ensemble sans aucune idée particulière mais finalement bien fichu.
Les autres titres se partagent en deux. « Golden idol » et « Broken oath » font le même effort, et atteignent un certain degré de saveur. La première est nerveuse, l'instrumentation un peu plus pleine et le résultat assez coloré, ce qui lui permet de se distinguer un peu. La seconde accélère le pas, grossit le discours et déroule en guise de final une partie instrumentale un peu plus poussée, parvenant ainsi à capter notre attention sans perdre sa dynamique.
En revanche, le EP s'ouvre (drôle d'idée d'ailleurs) par deux titres beaucoup plus faibles, beaucoup trop typés et ne faisant même pas les efforts sauvant le reste du EP : « Doom herald » est trop soignée et ne parvient pas à tirer de cette atmosphère « underground » cet arôme qu'en extraient les autres titres, et « Power monger » malgré ses efforts n'atteint guère plus de relief. Sa mélodie a beau être plus intense, son rythme plus déterminé, ses lignes instrumentales plus appuyées, elle reste également dans le domaine de l'exercice de style.
La fin de l'écoute a beau prouver que le groupe est tout de même capable de bons moments, une fois « Broken oath » finie, on ne sait trop que penser. D'abord de cette surprenante nouvelle mouvance d'outre-Atlantique, ensuite de DarkBlack plus précisément. La production, passe encore, les styles à l'esprit Thrash s'en accommodent, les premiers enregistrements de groupes légendaires y gagnent, même (avis perso). Reste que ça fait bizarre de se dire « les premiers Judas sonnaient déjà mieux à l'époque ». Le jugement se jouera entre l'affinité de l'auditeur pour la « vibe » particulière, d'une part, et la démarche peu ambitieuse, de l'autre. Dans mon cas, l'intention n'est pas critiquable mais la dynamique ne prend pas. Reste à voir si ça conviendra mieux à votre feeling...

Le MySpace : myspace.com/darkblack

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