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DECEMBER PEOPLE
" Rattle & Humbug "

DECEMBER PEOPLE Rattle & Humbug

Magna Carta

En voilà des OVNIs : The December People... Jamais entendu parler. Chez Magna Carta, quand même, donc ça peut valoir le coup. Voyons... Le CD contient une bio, je la lis, et... merde, c'est pour ça qu'il y a un sapin sur la pochette et qu'ils s'appellent comme ça : un putain de Christmas Metal Band ! Non mais comment ça peut exister, ça ? Bon OK je me calme, après tout j'aime bien le Trans-Siberian Orchestra ; mais c'est qui, ceux-là ?

Eh bien, figure-toi mon cher (je me parle à moi-même), que ce ne sont pas les premiers venus (il fallait au moins ça pour que Magna Carta édite « Rattle & Humbug »). Robert Berry a été le bassiste de Steve Howe, a joué pour Emerson et Palmer à la place de Lake, ainsi que pour Sammy Hagar. Gary Pihl est actuellement le guitariste de Boston, il a également joué pour Hagar, ainsi que Norman Greenbaum, compositeur oublié mais que je trouve assez doué. Mike Vanderhule, est le batteur actuel de Y&T. David Medd, il a tenu les claviers pour Quicksilver Messenger Service, et Jack Foster est un guitariste de studio renommé, donc je ravale mon mépris aveugle. Si ces gars-là ont envie de jouer des chansons de Noël c'est leur droit le plus absolu et je m'incline.

N'empêche, n'empêche... ça me laisse perplexe. Le label a eu la gracieuse délicatesse de joindre une petite note explicative avec le CD qui me précise que le groupe joue tout ces titres « à la manière de ». Fichtre... Alors j'ai décidé de prendre ça positivement et de relever mon écoute par un jeu de devinettes. Onze titres, onze groupes imités et je m'interdis de regarder les réponses avant la fin du onzième et dernier titre.

Bon je vous passe le suspens intenable de mon grand jeu et vous dévoile les conclusions : Le label ne ment pas, The December People font de la citation directe. Commençons par les plus faciles : Dès les premières notes de « What child is this », non seulement vous n'avez pas besoin qu'on vous souffle « à la manière de U2 » mais vous reconnaissez même « It's A Beatiful Day ». Et j'avoue, avec la mélodie de Greensleeves sur cet accompagnement moderne ça fait bizarre... mais rigolo. Le chant est assez 80s et le groupe pimente le tout en insérant un solo psyché purement 60s dans une partie instrumentale Heavy Blues de la même époque... Et oui heureusement que ce ne sont pas des manchots qui enregistrent ça, ils parviennent à rendre l'exercice intéressant.

« Joy to the world » idem, non seulement pas besoin du papelard qui indique « The Who », mais qui ne verrait pas en plus « Pinball Wizzard » et « Won't Get Fooled Again » ? Et, encore une fois, nos Sagittaires/Capricornes parviennent à nous captiver, avec un travail de guitare qui a tout compris à « Tommy », et des bouts de « Shakin' All Over » aussi bien que Jingle Bells glissés malicieusement, l'accompagnement vocal de ce dernier thème étant surprenant...

Vous irez plus loin que les indications de Magna Carta pour « Santa Claus is coming to town » aussi, où au delà de ZZ Top vous identifierez les doigts dans le nez « La Grange ». Et vous applaudirez encore : poser cette mélodie sur ce shuffle texan est détonnant ! Tellement que lors des deux breaks conduisant à des rythmiques ZZTopiennes ultérieures, vous serez un peu déçus... Ceci dit, les motifs instrumentaux sont extrêmement crédibles et la partie de Slide finale est franchement réussie.
Autre citation directe : « The night before Christmas » qui, plus que Led Zeppelin, cite directement « Stairway To Heaven » puis « Kashmir ». Là c'était audacieux mais encore une fois nos bonshommes de neige s'en tirent : non seulement l'instrumentation « Stairway » est tout à fait rendue, mais l'adapter à un thème autre que celui de Page est très fort ! Idem pour « Kashmir » qui parvient à se faire oublier sous la ligne mélodique... Bluffant. Retour à « Stairway » qui se poursuit cette fois jusqu'au solo ; là encore, travail de forgeron avec des bouts du solo original recombinés !

Mon dernier bon point, je l'ai obtenu avec « God rest ye merry gentlemen » où, après une intro déroutante pleine de guitares superposées assez Hard 80s et d'orgues fous dignes de Keith Emerson, surgit le thème de « Piece Of Mind » de Boston. Le groupe appuie la rythmique et le résultat, bien que moins imaginatif suite à cette intro, est bien huilé.

Passons maintenant aux choses moins rigolotes mais plus intéressantes : les imitations claires mais n'évoquant pas forcément un morceau précis. Il y a d'abord « Up on the roof » dont la référence à Santana est évidente, malgré l'intro plus guitare 70s (qui pourrait être Santana comme les Allman) et l'orgue de la même époque derrière. Mais, une fois la rythmique latino arrivée, le doute n'est plus permis. Le final dérive tout de même vers du quasi-créole... mais bon, ces arrangements improbables dynamisent incroyablement le thème.

Ensuite je citerais « I heard the bells on Christmas day » où il est impossible de ne pas reconnaître Queen. Du piano typé ballade de Mercury aux guitares de May au son incroyablement rendu, en passant par les jeux vocaux propres au groupe... Ils parviennent même à y glisser un bout de l'Hymne à la Joie... Queenien, quoi.

Maintenant, mes « Assez bien » : pas évident de citer le groupe mais on y pense parmi d'autres. Décevant pour le joueur acharné mais sympathique pour l'auditeur vu que c'est le signe d'une construction stylistique plus poussée de la part du groupe. Sur « We three kings », on a des arrangements beaucoup plus modernes et un son plus actuel, qui fait penser à pas mal de choses jusqu'aux ambiances de la Pop de Dido ! Mais au final c'est bien Sting qu'ils ont en tête, comme indiqué par les superpositions vocales des refrains qui vous l'indiqueront plus précisément. Et, comme je disais, c'est à cette occasion qu'ils nous proposent enfin un solo plus personnel et bien captivant.

Idem pour « Little drummer boy », au delà de ELP qu'ils visaient c'est en fait tout le Prog des 70s qu'ils évoquent, de l'orgue au rythme, la partie instrumentale y faisant référence avec plus d'insistance. Les vocaux sont plus décevants, mais le final épaissement arrangé montre de leur part plus d'ambition qu'à l'accoutumée...

Dans cette catégorie j'indique enfin « Angels we have heard on high » qui, s'il visait Peter Gabriel, évoquera toute la cour de l'époque dans laquelle il se battait : le son de Toto, le « Graceland » Zoulou-friendly de Paul Simon et tout ce qui gravitait autour. L'instrumentation rend bien l'esprit de l'époque mais je critiquerais le choix du morceau, sans doute sélectionné pour ses chœurs qu'ils voulaient harmoniser à l'africaine mais qui au final ne s'y prêtent pas tant que ça...

Enfin, mon zéro pointé : impossible de deviner Yes derrière « Carol of the bells » sans zieuter la « feuille de réponses ». Le rythme complexe avait beau être bien Prog, les chœurs bien travaillés et l'instrumentation d'une délicatesse propre au genre, je n'y voyais pas plus un groupe 70s que 80s... Au final, encore une fois, c'est peut-être moins amusant mais plus intéressant, le groupe se permettant plus de choses ici que sur aucun autre morceau : parties instrumentales ambitieuses, final d'esprit orchestral et morceau marquant constituant le bon choix comme dernier titre. Seul le chant aurait pu m'évoquer Ian Anderson, et encore il y avait un piège à la fin où il chante faux ce qui vous induit à penser subliminalement à Phil Collins (niark).

Pour conclure ça avait l'air tellement farfelu comme idée que ça me servira de leçon : écouter avant de rejeter. Comment aurais-je pu prédire qu'un groupe me passionnerait onze titres durant avec des chansons de Noël ? Même le « Twisted Christmas » ne me prend pas autant... Mais bon, il ne s'agit pas des premiers musiciens venus, il s'agit même dans certains cas des plus aptes à broder autour de certains groupes (ELP, Boston et Yes qu'ils ont côtoyés comme personne). Donc : idée barrée ne veut pas dire impossible à réaliser. Avec du culot on relève tous les défis, même les plus ridicules. Suffit d'avoir de l'agilité dans les doigts et du background dans le cerveau. Ridicule pour les uns, « Rattle & Humbug » sera un tour de force pour les autres. Je me place définitivement dans la deuxième catégorie. A l'issue de l'écoute j'ai rejeté un œil à la pochette et je me suis redit « ils sont fous ! » mais je ne mettais plus le même sens derrière le mot.

Ca ne veut pas dire que ça me donne raison mais les December People ne cessent de monter des shows qui attirent apparemment un monde fou… Après, je ne sais pas trop qui va les voir, hein. Même moi je ne pense pas que je me déplacerais pour ça mais, quel que soit son public, le groupe a donc fait mouche plus largement qu’on l’aurait supposé.

Le site : www.decemberpeople.com

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