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DEEP PURPLE
" Phoenix Rising "

DEEP PURPLE Phoenix rising

Edel Records

Le genre : renaissance pour de faux.

Phoenix Rising nous propose, en DVD et CD bonus (rien de moins que) « l'histoire jamais encore racontée de la tournée mondiale 75/76 de Deep Purple Mark IV ». C'est-à-dire la dernière tournée avant la séparation de l'incarnation soul de ce phénix du hard britannique.

Souvenez-vous. Blackmore avait jeté (une première fois) l'éponge (et son bébé avec l'eau du bain) pour s'en aller former Rainbow en débauchant les musiciens de son ex-groupe de première partie (Elf), dont l'incomparable chanteur, nabot et cornu (R. J. Dio R.I.P.). Il laissait en plan ce qui m'a toujours semblé être la meilleure mouture de Deep Purple, celle qui avait accouché (excusez du peu) des albums Burn et Stormbringer. Entre autres problèmes (habituels) d'ego, il semble que les divergences musicales et les disputes de leadership aient été trop grandes entre celui qui allait bientôt jouer un heavy qui inspirerait tout le courant néoclassique (avant de sombrer dans un FM plus molasse et là, c'est lui qui sera plaqué par Dio : bien fait !) et le duo David ( always mind the bollocks ) Coverdale et Glenn ( groovy ) Hughes, bassiste-chanteur descendu de son Trapeze, qui déversait chez Purple des litres de feeling Motown et de la rythmique funky à la pelle. Apparemment, le mariage de Tchaïkovsky et de Stevie Wonder s'apparentait à celui de la carpe et du lapin…

Bref, exit Blackmore (ténébreux technicien musicologue, soliste expert et riffeur génial) et bonjour Tommy Bolin (jeunot branché blues-rock). Bolin deviendra pour un temps compté (il va bientôt succomber à ses excès de substances prohibées) l'a(l)co(o)lyt(r)e de Hughes dans la réalisation de pièces plus funkysantes les unes que les autres. Ces deux-là ont en commun un background jazz-rock qui éloigne le seul album studio de la Mark IV (le trop mésestimé Come Taste The Band de 1975) des productions hard antérieures de Deep Purple. Le phénix renaît donc assez provisoirement de ses cendres, avant que Coverdale ne s'en aille (rapidement rejoint par Lord et Paice) former un Serpent Blanc tout dédié à son organe et que Hughes ne s'immerge dans une carrière solo (trop) arrosée. Plus tard, Deep Purple Mark II renaîtra aussi, réintégrant Blackmore suite à la dissipation de son arc-en-ciel et réunissant Lord et Paice revenus de Whitesnake, Glover et Gillan de leurs horizons personnels itou. Mais c'est une autre histoire.

Come Taste The Band présente une pochette assez ironique a posteriori , tant il s'agissait plus en fait de poudres que de bon vin… Une formule pourrait (méchamment) le résumer : on y trouve à boire et à sniffer (rapport aux addictions de certains). Cet album donne surtout à entendre un truc à la limite de l'incroyable à l'époque : Deep Purple sans Blackmore. Largement sous-estimé, ce n'en est pas moins l'un de mes disques préférés d'un Pourpre Profond alors sous la régence de Glenn Hughes. Il n'est pas le chanteur principal (officiellement c'est Coverdale) mais il ne se satisfait plus du rôle de choriste de luxe obtenu deux ans auparavant et de nombreuses lignes vocales lui sont affiliées. Résultat : les vrais moments de bravoure, dans la performance comme dans le registre de l'émotion, lui appartiennent. Une bonne moitié de l'album préfigure ce que sera bientôt le Whitesnake de Coverdale, qui voit d'un mauvais śil le poste de frontman lui être disputé : les puissants mid tempi Lady Luck , Drifter et Love Child sont de lui, le bluesy et remuant du popotin Comin' Home introductif aussi. Cependant le morceau de l'album (le dernier, du reste), le génial You Keep On Movin' , c'est Glenn (en duo avec Dave). Le diptyque This Time Around/Owed to « G » , à fleur de peau, c'est lui (en collaboration avec Jon Lord). Le funky Gettin' Tighter , c'est encore lui.

Bref, alors que Deep Purple n'a continué que parce que Coverdale a imploré Jon Lord (qui semble ne plus vraiment y croire et avoir hâte de concrétiser son projet avec Ian Paice et leur ami Ashton) et que c'est le duo Coverdale/Bolin qui compose la majorité du matériel de l'album, c'est en fait l'influence de Hughes qui est la plus évidente sur le son et l'orientation musicale du groupe. Sur scène, les autres l'accompagnent, à commencer par le nouveau gratteux, son compagnon de came Tommy Bolin. Qui, s'il n'est pas un manche (son style, bien qu'éloigné de celui de Blackmore n'a rien à lui envier et certaines interventions lumineuses en studio apportent une seconde jeunesse au groupe), doit relever le défi de succéder à l'Homme en Noir (non, pas Ardisson) et franchement, rien que pour ça (hormis mon niveau technique) j'aurais pas voulu de la place (en même temps, ça tombe bien, j'avais 4 ans !). D'emblée, Bolin joue sur le feeling plus que sur la démonstration et on assiste à un virage stylistique, qui transparaît dans les témoignages live de l'époque.

Le groupe poursuit ainsi l'évolution entamée avec Stormbringer : la basse gonfle encore, l'orgue s'impose à l'accompagnement et le son se veut riche et plus moderne. Influencé par le funk et la soul, Deep Purple n'a plus grand chose en commun avec sa période In Rock et des titres comme Speed King, Space Truckin, Highway Star et même Smoke On The Water s'intègrent difficilement au nouveau répertoire. Le public est désorienté, l'album se vend mal et le groupe se disloquera bientôt après une courte tournée sur laquelle l'état de santé de Bolin ne lui permet pas toujours d'assumer son rôle (son bras gauche reste parfois tétanisé suite aux shoots à répétition). Il mourra peu après d'une overdose. Cette tournée est immortalisée en 1977 par un Last Concert in Japan doté d'un son moyen, qui sera remasterisé sous le titre This Time Around Live in Tokyo en 2001. Signalons aussi, pour être complet, le double live On The Wings Of A Russian Foxbat Live In California 1976 Long Beach Arena sorti en 1995. Mais ces disques souffrent tous d'un mix lacunaire ne rendant pas justice au jeu de guitare de Bolin. A cet égard il devait être difficile de capturer le bon moment, lorsqu'il n'était ni en train de cuver ni de redescendre…

Aujourd'hui, ce Phoenix Rising joint les images (concert et interview) à la musique (issue des prestations japonaise et californienne). L'intérêt principal de la chose réside dans une restitution sonore de bonne facture, faisant honneur aux (longues) improvisations à la mode à l'époque (Purple faisant concurrence à Led Zep en truffant ses propres titres de bouts de reprises et autres jams ). On entend bien chaque instrument et le dépoussiérage des pistes vocales est proprement remarquable. On retrouve un grand vocaliste/bassiste (Hughes) qui en fait souvent un peu trop (la dope ?), un autre (Coverdale) plus en retrait (il n'a rien à faire durant les longues plages instrumentales), un Lord qui fait le job mais sans plus, un Ian Paice qui abat un boulot titanesque et prouve, s'il en était besoin, qu'il est l'un des plus grands batteurs de sa génération. Bolin, quant à lui, fin guitariste inspiré par le blues et les rythmes exotiques (bossa, reggae) mais moins flamboyant que son prédécesseur, blousille (sic !) plus qu'il ne s'approprie (à mon sens) les parties solistes autrefois dévolues à l'homme à la strat de feu. D'accord, il a le mérite de proposer autre chose que Blackmore mais il est où le formidable solo de Burn  ? Et les riffs originaux, il a du mal à les jouer ou à les retenir ? C'est vrai que l'héro. fait mauvais ménage avec le neurone… Et d'en venir au principal défaut du machin : les longues impro. sont… longues, justement (!) et, pour tout dire, chiantes car il ne s'y passe pas grand-chose. En fait, sur l'échelle graduée de la chiasse, ça va de l'« un peu longuet » ( Lazy ) au « chiantissime » ( Gettin' Tighter , 13 minutes de délayage au compteur tout de même !) en passant par le « juste chiant » ( Smoke On The Water incluant Georgia ).

Les titres à retenir. Comme d'hab' Burn (probablement le meilleur morceau composé par Deep Purple) et Stormbringer , qui restent des titres extraordinaires, d'une puissance évocatrice sans pareille, sortent du lot. You Keep on Moving , dans une interprétation un poil accélérée qui lui fait perdre un peu de sa force émotionnelle, est toujours un grand moment. Lazy , toujours employé par le groupe pour caser une impro, passe bien.

En conclusion : le film témoignage d'une époque qui bénéficie enfin d'un mix de qualité et fait honneur à ses excellents acteurs. En cela, il est recommandable à tout fan de Deep Purple et/ou des différents protagonistes de l'affaire. Historiquement important, donc à conseiller aussi aux plus « musicologues du métal » d'entre nous. Au-delà de ces deux catégories d'auditeurs, je doute du caractère indispensable de la chose. Ceci écrit, je dois rappeler que je n'ai eu l'heur que d'écouter le CD et non de visionner le DVD, sur la qualité ni l'intérêt duquel je ne puis donc me prononcer.

P.S. En envoi pour chronique, le label aurait pu se fendre du DVD…

Le site : www.deeppurple.com + www.myspace.com/deeppurple

Bouteil Bout






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