GENTLEMAN'S PISTOLS

" For Her Majesty's Pleasure "




G E N T L E M A N 'S   P I S T O L S
For Her Majesty's Pleasure
Rise Above

Groupe du jour : Gentleman's Pistols. Formés en 2003 sous forme de trio, alors encore indécis entre le Glam et le Stoner, le groupe publie un premier single en 2006 qui suffit à le faire signer sur Rise Above Records.
Cette signature est peut être la raison de son basculement vers le second de ces deux pôles musicaux, signature vite suivie d'un nouveau single puis, l'année suivante, d'un premier album, éponyme.
Globalement salué par la critique, il se démarque de la mouvance « vintage » à laquelle le groupe appartient malgré tout par son enregistrement quasi-live, seuls les vocaux de James Atkinson étant significativement retouchés au mixage. Malgré ce relatif succès, nos anglais peinent par la suite, perdant leur batteur, Adam Clarke, suivi de leur guitariste Chris Rogers, pourtant grandement responsable du cachet de ce premier enregistrement.

Mais l'aventure ne risquait pas de s'arrêter : on avait beau n'être qu'à quelques mois de cette première sortie, le groupe avait repris la plume et tenait même les démos d'environ cinq titres. Il relance donc la machine sans attendre et voit notamment Bill Steer entrer dans la danse. Plus qu'un dépositaire des noms de Carcass ou Napalm Death, ce dernier est en plein trip Stoner rétro avec Firebird et complète le virage amorcé par le groupe avec la signature de Rise Above. Le groupe – désormais à quatre têtes – se retrouve donc dans les Mutiny Studios de James à Bradford et se met au travail pour ce « For Her Majesty's Pleasure », accouché dans la douleur (James ne pouvant pas s'offrir le chauffage dans son studio, les musiciens et leurs instruments ont fait les frais de la rigueur de l'hivers anglais, l'enregistrement ayant débuté après le jour de l'an, les guitares devant être réaccordées après chaque prise et les musiciens se voyant souvent contraints de jouer avec manteaux et même gants !).

Le résultat est heureusement à la hauteur des espérances. Si l'enregistrement respecte le même esprit Live, le groupe s'accorde tout de même plus de liberté sonore. D'abord quelques fantaisies instrumentales absentes du premier album, telles cette guitare acoustique en nappe de fond pour « Lethal woman » et son final rehaussé d'orchestrations, mais aussi une recherche stylistique sur ce son, variant assez souvent, comme pour le surprenant solo de « Some girls don't know what's good for them », réussite totale. La voix de James complète le panel en s'adaptant largement à ces modulations, se faisant plus authentique pour « Her majesty » ou « Lethal woman », plus profonde pour « Sherman tank » etc…

Mais la vraie réussite est stylistique. En fait, je vais commencer par la seconde moitié de l'album, où s'enchaînent « The ravisher », « Sherman tank », « Peeping Tom » et « Feed me to the lions », quatre splendides titres diablement homogènes, cohérents et intelligemment articulés pour une « Face B » aussi soudée que celle de Abbey Road. Avec ces titres, le groupe achève sa mutation Stoner et va même au-delà en puisant directement aux sources des 70s, jusqu'à Hendrix pour les guitares… et quelles guitares !
Furieuses, superposées, insatiables, elles mènent la danse à un rythme infernal. Le reste de l'album semble là pour varier les plaisirs et enrichir la formule musicale du combo. Il est même sans doute présenté avant ces quatre titres pour ne pas trop focaliser l'attention sur eux. Ne vous méprenez pas, il présente quelques pépites aussi énormes que « The ravisher » ou « Peeping Tom » lui aussi. En particulier, je ne peux passer sous silence « Midnight crawler » et « Some girls don't know what's good for them », énorme morceau lent digne du Sabbath Noir, énorme morceau Hard à la rythmique ultra-Rock (sans jeu de mot), ainsi que « Into the haze », atmosphérique, prenant, tout aussi redevable à Sabbath mais le groupe a l'intelligence de dépasser ces influences écrasantes.

La variation stylistique va au-delà puisque l'album s'ouvre sur « Living in sin again » qui renoue avec leurs racines Glam, et montre occasionnellement (comme sur « Comfortably crazy ») quelques parties à la Purple qui constituait l'essentiel de leurs influences Hard sur leurs débuts. En contrepartie de ce retour aux sources, par rapport auxquelles ils ont plutôt judicieusement pris leurs distances, vu la voix plus classique de James et la relative banalité de « Living in sin again », « For Her Majesty's Pleasure » s'enrichit d'influences cette fois plus modernes, comme « I wouldn't let you », et d'un renouvellement sonore que j'ai déjà évoqué à propos de « Lethal woman ». Bref, il y en a pour tous les goûts et difficile de ne pas y trouver son compte. Surtout, ce disque est « prenant », au sens de captivant, la rythmique est parfaitement maîtrisée et envoûtante, ainsi que la dynamique interne de chaque morceau qui crée une sorte de fil rouge dont l'esprit ne peut se détacher avant la fin du morceau, généralement trop court (48 minutes pour 12 titres, pataugeant jusqu'à 2.28 pour « Sherman tank », frustrant - mais c'est l'esprit de ce revival Stoner).

Un grand espoir que ce groupe donc, la seule ombre au tableau étant la multiplication des projets de Bill Steer que je ne souhaite guère voir quitter Gentlemen's Pistols pour autre chose.

Le site : gentlemanspistols.com  + myspace.com/gentlemanspistols

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