I C E D   E A R T H

" Dystopia "




I C E D   E A R T H
Dystopia
Century Media Records

Apparemment, le turn-over est une véritable règle de vie chez Iced Earth. Après de nombreux changements précédents, dont le départ de Matthew Barlow en 2003, parti vaquer à ses occupations de policier, Tim « Ripper Owens », l'ancien vocaliste de Judas Priest, l'a remplacé au pied levé sur deux très bons albums (‘The Glorious Burden' – 2004, ‘Framing Armageddon – Something Wicked Part 1' – 2007). Malheureusement pour ce dernier, Jon Schaffer étant une très forte tête et l'ambiance au sein du groupe s'étant dégradée, Tim a été éjecté du groupe. Peu de temps après, le retour pratiquement messianique de Barlow a surpris tout le monde. Dans la foulée, la suite de la trilogie ‘Something Wicked' a été mise en boîte en 2008. Mais, comme chez Iced Earth les choses ne restent jamais les mêmes, peut-être (sûrement !) à cause du caractère de chien de son leader et fondateur, Mat est finalement passé en coup de vent, avant de laisser sa place vacante une nouvelle fois. Après un temps de réflexion, Jon et sa bande ont commencé à auditionner de nouveaux hurleurs. Et l' « heureux » lauréat n'est autre que Stu Block, actuellement chanteur du groupe de métal progressif canadien Into Eternity. Stu aura l'immense privilège, mais aussi la très dure tâche, de succéder à son illustre prédécesseur. Toutefois, sur ce dixième album d'Iced Earth, sombrement intitulé ‘Dystopia', il s'en sort très bien.

Dès la première écoute, on s'aperçoit rapidement du caractère plutôt agressif de ce nouveau disque. Il semble que celui-ci ait été enfanté dans la douleur et que c'est pour se libérer d'une certaine frustration que Jon Schaffer a orienté ses nouvelles compositions de telle manière pour qu'elles sonnent plus sauvagement, qu'il n'y ait aucune concession. De plus, le titre de l'album et la chanson éponyme, ‘Dystopia', renforcent ce sentiment quelque peu « pessimiste » en présentant un monde sans bonheur possible et sans espoir. Il est vrai que nous vivons actuellement dans un monde chaotique, où l'être humain ne possède plus aucun droit sur sa propre vie, et que seuls les musiciens parviennent à passer outre les mailles du filet de la censure pour dénoncer l'extinction progressive de ce que l'on peut appeler « existence personnelle » ou « processus d'évolution individuelle ».

Les textes sont plus profonds que d'habitude, plus incisifs également, très en rapport avec l'actualité mondiale. Citons, par exemple, les textes de « Dystopia », « Anthem » ou « V », qui se révèlent très explicites et décrivent avec perfection le but ultime de nos chers politiciens : l'anéantissement de la pensée humaine et l'instauration d'un gouvernement mondial totalitaire pour faire de chaque citoyen de cette planète un esclave, placé sous la surveillance de caméras omniprésentes et contrôlé par un système de sécurité dénué de toute émotion.

Alors, pour soutenir ses textes, Iced Earth n'hésite pas à nous asséner de riffs beaucoup plus costauds qu'à l'accoutumée (« Days Of Rage », « Boiling Point »), permettant à Stu Block de démontrer tout son potentiel vocal. Celui possède, en effet, une très large tessiture, qui l'autorise à passer de vocaux death à des notes très hautement perchées, comme l'on peut sans mal le constater sur ce 10 ème album des américains. Stu n'a, donc, rien à envier ni à Matthew Barlow, ni à Tim « Ripper » Owens et les dépasse même légèrement en capacités. Ce qui n'est finalement pas rien du tout vu le niveau déjà très important de ses deux prédécesseurs. Mais, Stu a un avantage que les autres vocalistes ne possédaient plus : la fougue de la jeunesse et sa perpétuelle recherche de l'efficacité, ceci afin de botter le plus de derrières possibles.

Le reste des compositions s'avère plus classique, dans la droite lignée des ‘The Dark Saga', ‘Something Wicked This Way Comes', ‘Horrow Show' ou ‘The Glorious Burden', grâce à des structures mélodiques caractéristiques, déjà entendues auparavant. Citons, entre autres, « End Of Innocence », dont le bâti se rapproche de ceux de « Hollow Man » et « When The Eagle Cries ». D'autres titres sont également assez proches des compositions passées du groupe, mais, sont beaucoup plus orientées mélodies et un poil moins rythmées sans toutefois perdre en beauté ou énergie (« Anthem », « Anguish Of Youth », « Tragedy And Triumph », « V », « Equilibrium », « Dark City »). Malgré cela, l'ensemble reste de l'Iced Earth pur. La chanson d'ouverture (« Dystopia ») est sans aucun doute la meilleure composition sur cette rondelle éponyme.

Finalement, la crainte, qu'ont pu avoir les fans lorsque Matthew Barlow a, une deuxième fois, abandonné le navire en pleine croisière, se dissipe largement à l'écoute de ‘Dystopia'. Jon Schaffer a eu le nez vraiment très creux en recrutant Stu Block, ce dernier apportant de la fraîcheur à la musique de son nouveau groupe et, surtout, l'amenant à un plus haut niveau. Iced Earth peut, désormais, se targuer d'avoir en son sein l'un des plus talentueux vocalistes de cette époque. Beaucoup d'émotions peuvent se ressentir à l'écoute de ‘Dystopia'. Il s'agit d'un témoignage que l'on souhaite vivement écouter en live, lors de la prochaine tournée du groupe qui devrait débute fin octobre / début novembre. Un essai a été transformé avec brio. ‘Dystopia' est un album qui figurera sans mal dans le top 10 des meilleures réalisations de cette surprenante et spéciale année 2011.

Le site : www.icedearth.com + www.myspace.com/icedearth

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