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KID ROCK
" Born Free "

KID ROCK Born Free

Atlantic

Depuis « Picture » avec Sheryl Crow on savait que Kid Rock aimait la Country , mais là, avec « Born Free », le Kid ne fait plus dans la demie-mesure... Point de Rap, de Bad Boy attitude, moins de Rock, même... pour la première fois, le traditionnel sticker Parental Advisory ne viendra même pas orner la pochette de votre exemplaire du dernier Kid Rock : c'est tout dire.

Sheryl Crow, en revanche, on la retrouvera ici, de même que d'autres noms encore plus Country, comme Martina McBride, Zac Brown... et Bob Seger. Car, en fait, rassurez-vous (ou pas, c'est selon), le Kid fait quand même encore du Rock ; c'est juste que, ben... ben « Devil Without A Cause » ça a plus de douze ans maintenant, il va falloir s'y faire. Et Kid Rock ne regarde pas en arrière.

En fait, il regarde surtout chez lui : Detroit, la crise, tout ça... ça a été le point de départ de l'écriture de « Born Free ». Il regarde aussi autour de lui, son entourage... Rick Rubin en l'occurrence, ici. A force de causer évolution musicale, ils finissent par dégager une nouvelle direction qui sera celle de ce disque, produit par Rick, donc, ce qui promet du bon.

Une envie de Rock américain plus traditionnel, une inspiration personnelle (Detroit), une vision et un son (Rick), ne reste plus qu'à s'entourer : David Hidalgo de Los Lobos, Matt Sweeney de Chavez et leurs guitares, Chad Smith des RHCP et sa batterie, Benmont Tench des Heartbreakers et ses claviers... Le Band est solide, mais pas évident (à part David Hidalgo, ce n'était pas le casting le plus évident vu la direction de l'album).

Tout ca pour quoi ? Et bien un album roots, pas Country mais profondément américain, plus groovy que Rock sans presque aucune trace du Kid Rock des 90s. Et, comme si ça ne suffisait pas, le Kid va partir à Nashville, Atlanta, et revenir à Detroit avec nombre de duos dans la poche : Bob Seger que j'ai mentionné comme modèle pour « Born Free » (un gars de Detroit aussi, à la base), Sheryl Crow, donc, Martina McBride dont les vocaux Nashvillissimes se retrouveront mêlés à... ceux rappés de T.I. ! Seule trace du passé, dans cet océan de nouveau son.

Le morceau-titre choisi pour single nous présente un Kid Rock posant sa voix toujours inchangée sur un accompagnement assez acoustique et pianistique fort soigné, mais pour un résultat évoquant désagréablement Bryan Adams ou Bon Jovi... ne serait-ce la saveur américaine très prononcée, ce morceau ne convaincrait personne. Et heureusement que cette saveur est là car la nouvelle direction de Kid Rock n'est pas si claire que ca : si « Slow my roll » semble le voir chercher une rythmique type Fogerty, « When it rains » nous le montre, au contraire, suivre les modèles du Rock moderne, alors que sur « Times like these » il tente de reproduire des rythmiques lentes plus typiques et sur « For the first time » il s'essaie au revival Country Rock du début des seventies... Bref, on ne voit pas trop où il veut en venir. Le sait-il seulement ?

Heureusement, ce dernier morceau est assez bon pour être apprécié en l'absence de tout fil conducteur. Avec sa slide très country, son banjo et son chant étonnamment léger, il possède à la fois de la finesse et de la dynamique. Les arrangements de tout l'album sont en fait invariablement fins et nous livrent d'autres temps forts parsemant cet ensemble décousu : « God bless saturday » est le premier. Son groove profond et ses guitares incisives, relevées de chœurs Soul et d'un solo encore plus mordant le transforment en trois minutes et demie de bonheur indépendamment de toutes considérations stylistiques. L'autre temps fort sera, je pense, la curiosité « Rock bottom blues » qui va puiser beaucoup plus profond dans la musique américaine pour créer une rythmique irrésistible soutenue à coups d'harmonica, chœurs typiques et autres claquements de mains pour un résultat incroyable de dynamisme.

Ces bons moments, toutefois, se retrouvent perdus dans une masse difficile à suivre et donc à apprécier au niveau global, d'autant plus que les collaborations du Kid nous y perdent encore plus. Bob Seger, d'abord, a toute sa place sur cet album et nous aurait aidé à y voir plus clair s'il collaborait à un morceau-étalon nous livrant la clé de « Born Free », mais il ne nous livre qu'une ligne de piano sur un « Collide » assez Seger dans l'esprit, il est vrai, mais travesti par la présence prononcée de Sheryl au chant. Zac Brown nous livre sur « Flyin' high » un chant Country fort convaincant collant à la peau de ce morceau authentiquement roots mais fort éloigné de la moyenne de l'album. Quant à l'improbable duo de McBridge et T.I. pour « Care », il est en fait au service d'un morceau plus Ben Harper qu'autre chose.

Donc, rien de fort mauvais (mis à part quelques « exercices de style » guère passionnants), mais un certain flou stylistique que j'ai davantage ressenti comme une vision musicale inachevée que comme de la diversité. Seul ce parfum très américain lie le tout. Au final, Kid Rock est convaincant en tant que Rocker ricain digne de ses racines (il ne dérange pas en plongeant dans la musique traditionnelle, ni en se faisant le porte-parole de Detroit pour « Times like these », un peu plus sur le patriotique morceau-titre mais bon ça passe), mais pas en Countryman réinventé. Je ne peux concevoir « Born Free » que comme un passage qui lui fera du bien, à long terme, comme le fait un bon apport de terreau à toute plante, mais on ne transforme pas les cactus en orchidées.

Le site : www.kidrock.com + myspace.com/kidrock

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