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MANOWAR
" Battle Hymns MMXI "

MANOWAR Battle Hymns MMXI

Magic Circle

Tous à genoux : nos Seigneurs redescendent nous rendre visite. En cet an de grâce 2011 (pardon : MMXI), les dieux de la guerre, du sang, du feu et du tonnerre décident de livrer à leurs fans – ainsi qu'au reste de l'humanité, mais eux ne le méritent pas – une galette de métal en fusion à placer au sommet de leur œuvre glorieuse (bénie soit-elle pour l'éternité et que la grâce de l'infini soit sur elle à tout jamais). Seulement les choses diffèrent quelque peu de « Gods Of War » cette fois-ci...

On sait tous (enfin, je veux dire les heureux élus suivant la glorieuse bannière de Manowar) que Scott Columbus ne tenait guère en place sur son siège de batterie depuis... euh, déjà « The Triumph Of Steel » si l'on y pense. Ce qu'on sait peut-être moins, c'est que Donnie Hamzik, frère d'armes originel des Cavaliers de l'Apocalypse, sentait les éternelles chaînes de la confrérie le rapprocher toujours plus des Dieux Vivants (loué soit leur nom à tout jamais) lui aussi dernièrement... Ce qui devait arriver advint, et les enclumes – pardon, la batterie – changea de mains pour revenir à son premier propriétaire.

Les cieux s'illuminèrent évidement, les éléments fêtèrent la reformation avec force séismes etc., mais les Hommes de Guerre, eux, qu'allaient-ils bien pouvoir faire pour célébrer cet événement ? Car il fallait bien graver dans la pierre cette date historique que les enfants de nos enfants étudieront encore à l'école, sans aucun doute : eh bien « Battle Hymns », seul tir d'obus auquel Donnie aura participé, se voit offrir ce qu'il méritait à juste titre : que la grâce lui soit re-rendue en 2011 avec tous les moyens possibles. Car le monde en 1982 n'était pas encore digne de rendre hommage comme il se doit à un album de Manowar.

C'est donc un « Battle Hymns » fidèle à son époque qui nous sera proposé en guise de 11e album studio du groupe éternel (gloire à leur nom et tutti quanti tutti frutti et toute cette sorte de choses et cætera ). Studio, oui, car on parle bien d'un réenregistrement. Les huit titres éternels se voient offrir une seconde jeunesse par les quatre membres, afin de sonner comme ils l'entendaient en 1982 – ou comme ils l'entendent plutôt en 2010, l 'expérience aidant. NB : 2010 oui, malgré le titre s'avançant un peu... mais c'est Manowar hein. Le métal en fusion est donc placé dans les mains des quatre guerriers des temps modernes qui vont lui donner une forme plus 2011. Par là ils entendent, comme nous le verrons après écoute, plus lourde, plus épaisse, au son plus gros et à l'esprit plus fort.

Cet esprit est exactement celui de « Warriors Of The World » ou « Gods Of War », en fait. En cela, l'album est logique et s'inscrit sans trop de problème dans la discographie actuelle du groupe. Maintenant, le résultat est-il à la hauteur de leurs derniers albums studios ? Le débat est ouvert.

Et je vais entrer dedans sans plus attendre. Plus lourd, plus épais tout ça, oui en effet c'est indéniable. Mais est-ce ce qui correspondait le mieux à des compositions comme « Death Tone » ou « Metal Daze »? Rien n'est moins sûr. « Death Tone » est typiquement un morceau qu'ils ne pourraient plus composer aujourd'hui et qui s'accorde donc bien mal avec ce traitement. Quant à « Metal Daze », la dureté casse son groove sur lequel le morceau reposait. Ca, c'aurait pu être évité. « Metal Warriors » ne date que de 1992 et fait bien fonctionner ce groove. Donc, attention à l'overdose de son lourd si la composition n'est pas en adéquation avec l'esprit. « Fast Taker » et « Shell Shock » ne le sont guère plus, vue leur écriture typiquement eighties, mais s'accommodent mieux du traitement, sans doute de par leur caractère plus direct et sec : la pesanteur convient bien à la première, et la deuxième se voit, contrairement aux précédentes, accélérée.

Arrêtons-nous à ce point de l'album pour parler des forgerons : la caractéristique la plus marquante de cette cuvée 2011 des Hymnes Guerriers est évidement la voix de Adams. Plus rien à voir avec le hurleur d'alors... Son organe plus profond et solide est parfaitement en adéquation avec le son moderne du groupe, mais ne trouve pas toujours sa place sur l'écriture plus fraîche et légère d'alors. Trop dur pour « Metal Daze » et « Shell Shock », il renforce néanmoins « Death Tone » et « Fast Taker ». DeMaio maintenant, s'accorde la part du lion : la basse de « Metal Daze » va plus loin que jamais, et n'est pas en reste sur « Fast Taker » et encore moins sur « Shell Shock ». Vraiment énorme sur « Metal Daze », mais bon, cet album est une fête alors autant qu'il s'amuse, je pense qu'il se calmera pour le prochain...

Donnie, évidement à l'honneur, se permet de renforcer son jeu sensiblement : c'est frappant sur « Death Tone » et également « Shell Shock », mais il reste plus sage que Joey. Karl enfin, seul guerrier plus jeune que l'album, se permet le plus de libertés, du moins dans les soli, ce qui est assez logique. En revanche le bonhomme n'en fait qu'à sa tête et injecte partout ce shred néoclassicisant avec ce son agressif qui lui est propre mais qui n'est guère dans l'esprit du disque. Lorsqu'il est arrivé pour « Louder Than Hell », déjà (je ne sais pas ce que vous en pensez), l'écriture de Manowar n'était pas encore parfaitement adaptée, mais alors pour « Battle Hymns » ce n'est pas du tout l'esprit. « Death Tone » et « Fast Taker » particulièrement me font regretter le Boss plus que jamais. M'enfin...

J'ai pris un peu de temps avant de traiter le morceau éponyme car celui-ci, bonifié par des années de scène incessantes, a connu une évolution différente des autres titres. Nous le retrouvons donc tel que nous sommes désormais habitués à l'entendre sur scène, c'est-à-dire transfiguré rythmiquement, aux breaks rythmiques retravaillés et à la basse plus gonflée que les biceps de Joey et les pectoraux d'Eric réunis. Cette dynamique est éprouvée depuis maintenant près de trente ans. Mais le groupe y adjoint un solo plus groovy de Karl, une partie instrumentale fort inspirée et un final soigné prouvant qu'ils ont tout de même tenu à mettre tous les efforts au service de ce titre portant haut les couleurs de leur patronyme comme aucun autre.

Les derniers titres, les derniers titres ! Enfin j'y viens, j'aurais même dû commencer par traiter le morceau-titre et « Dark Avenger » qui cristallisent tout le même à eux seuls l'élaboration du « kingdom of steel » par les quatre cavaliers de l'apocalypse – pardon : Les Quatre Cavaliers De L'Apocalypse (que la force éternelle soit à leurs côtés et... bref, vous savez). Malheureusement, ces morceaux rois matérialisent la limite de la formule telle que je l'ai déjà pointée pour les premiers titres. L'esprit d'un morceau comme « Dark Avenger » est déjà difficile à rendre en soi, mais le traitement sonore moderne qu'ils lui infligent l'assèche et lui ôte cette vibration magique... C'est néanmoins un des rares titres sur lequel ils se permettent quelques irrespects de l'original, avec des variations d'intensité marquées et un final relooké. Quant à « Battle Hymn » il a droit à tous les égards : tout y est poussé, le son, le rythme, les chœurs, jusqu'à ce final solennel. Eric, qui poussait particulièrement sa voix sur « Dark Avenger », y ajoute ici des modulations bienvenues et lance ses « Victory! » et « Kill! » avec une conviction incroyablement fraîche. Quant au son général du morceau il se trouve surprenament pertinent en misant sur la rondeur plus que la rudesse prévalant jusqu'ici. Bref, un final mitonné aux petits oignons.

Un petit mot enfin pour le Guillaume Tell de Joey dont l'interprétation se trouve tout de même être la plus originale, avec des gimmicks osés de sa part et un son étonnamment désélectrifié. Pour le reste, cette deuxième moitié d'album suit la logique de la première, avec autant de réussites que d'échecs. Je regrette particulièrement le manque d'attention porté à « Dark Avenger » alors que je suis au final satisfait du manque de fidélité du morceau-titre ! Alors que c'est la hardiesse du traitement du premier qui l'appauvrit, c'est cette même hardiesse qui permet l'enrichissement de l'instrumentation de « Battle Hymn », la voix plaisamment plus claire d'Eric, et même la spontanéité du solo de Karl (qui laisse même passer une approximation, tendez l'oreille^^). Petite précision pour « Dark Avenger », la narration de Welles, qui se voit étonnamment couverte d'effets, est réenregistrée par Christopher Lee, en passe de devenir de nouveau « Mister Voice » du Metal, décidément...

Pour mettre le tout en perspective, deux enregistrements Live au Texas de 1982, « Fast Taker » et « Death Tone », viennent boucler la boucle en nous rappelant opportunément ce qu'était Manowar et pourquoi le groupe tenait aujourd'hui à remettre les pendules à l'heure : finie la « vibe » encore Rock et bienvenue à la lourdeur d'acier... Le Manowar MMXI est un Manowar nouveau. Au final, que conclure ? A part que Manowar est le plus grand groupe de tous les temps, bien-sûr, et qu'un accord de Ross The Boss peut tuer toute vie humaine à 10 km à la ronde... Eh bien que le pari, si certains l'ont dénoncé comme du manque d'inspiration, était en fait audacieux, mais que la démarche est logique pour Manowar. Que certains défis sont moins bien relevés que d'autres, mais que l'album sera vu sous un nouvel angle. Cela crée un lien avec le passé, et espérons qu'il saura être exploité dans le futur.

Le site : www.manowar.com + myspace.com/manowarofficial

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