Ear Music

Marillion est un groupe passionnant... ce n'est que mon opinion, mais je la partage. Ils nous offraient en 2009 « Less Is More », collection de titres de l'ère Hogarth réenregistrés acoustiquement... Pour ceux qui n'y ont pas encore prêté l'oreille, rassurez-vous, « Less Is More » n'a rien d'un Unplugged : il s'agit de titres reconstruits, repensés, réinventés, et ce pas à l'aide de guitares sèches gratouillées mais de dulcimer, xylophone, autoharpe ou célesta. Un tour de force, dont le groupe ne se contente pas et qu'il tente ici de reproduire sur scène, qui plus est dans le cadre unique de Cadogan Hall. Tout ceci se déroule en décembre et le DVD que ce CD complète vous rendra l'ambiance cathédrale/nativité de l'évènement.

« Live From Cadogan Hall » (ça c'est son modeste nom) s'étend sur 21 titres dont les 11 premiers reprennent le contenu de « Less Is More » à l'exception de « Cannibal surf babe ». Le reste est bien là, du richissime « Interior Lulu » au surprenant « Quartz », en passant par l'enveloppant « Out of this world ». L'ambiance est particulière, le cadre ensorcelant se ressent à chaque instant, à travers chaque vibration, et le public sublime cela par une attitude attentive affleurant entre chaque morceau. Et surtout, cette ambiance de quasi-recueillement permet d'apprécier pleinement la finesse du son, travaillé comme en studio, pour des résultats tout aussi splendides que pour « Less Is More » : le son Jeff Beck sur « Wrapped up in time », « The space » tout en variations, la vive fraîcheur de « Hard as love », la méconnaissable « If my heart were a ball it would roll uphill » (par rapport à « Anoraknophobia »), ou encore l'ambiance captivante animant « Memory of water ».

Mais Marillion ne se satisfait jamais de ses accomplissement, et les cinq musiciens, pas rassasiés pour si peu, proposent une seconde partie de show en forme de prolongement du concept : des titres extraits de « Afraid Of Sunlight » et « This Strange Engine » mais aussi « Holidays In Eden », « Radiation », « Marbles » et « Hapiness Is The Road » vont subir le même traitement et se voir réinventés. De façon générale, cette seconde partie est néanmoins moins travaillée, ce que l'on peut comprendre, n'ayant pas été préparée pour un album studio comme les titres précédents. Le groupe privilégiera plutôt l'énergie et le dynamisme, donnant parfois dans le simple traitement Unplugged, comme pour « No one came » simplement au piano, « You're gone » et son épaisse guitare, un « 80 days » très rythmé, et surtout « Three minute boy » qui clôt le show de façon très rafraîchissante puisqu'on en est presque revenu à un traitement standard du titre... Question entrain, Hogarth reconnaît lui-même à la fin de « Answering machine » qu'ils se laissent vachement aller sur la vitesse.

Mais ceci complète à merveille le début du show, et révèle même son lot de pépites, dont la plus brillante est sans conteste (j'ai bien dit que c'était mon opinion !) « Estonia », au travail de piano tout en finesse. Au bout de ce déluge d'inventivité, passion, travail et génie (je disais aussi que je la partageais), on ressort avec une image renouvelée du groupe mais, paradoxalement, toujours la même : celle d'un groupe constant dans sa volonté d'aller de l'avant, justement. Ne vous contentez pas du CD mais ruez-vous sur le DVD.

Le site : www.marillion.com  + myspace.com/marillion

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