M E A T   L O A F

" Hell In A Handbasket "




M E A T   L O A F
Hell In A Handbasket
Sony Music

Metal Loaf, la soixantaine tout de même, ne lâche rien et nous livre avec « Hell In A Handbasket » son 12 e album studio. « Hell In A Handbasket », ça veut dire quelque chose comme « aller à la dérive », « courir à la catastrophe »… et le titre se justifie par le fait que ce soit l'album le plus personnel de Michael (non, pas Meat). Ici, point de chauves-souris surgies de l'enfer mais les sentiments – bien qu'assez terre-à-terre – de Michael sur le monde.

C'est un changement, et il s'accompagne d'une certaine mue musicale puisque cet album est plus simple et direct que tout ce qu'il nous a déjà livré. Il est également varié (car voulu comme tel) et… paradoxalement, stylistiquement moins personnel. La plupart des titres sont des exercices de style afin de proposer une formule musicale basique et couvrant systématiquement toute la musique américaine. Ne vous étonnez pas d'avoir souvent un artiste voire un titre précis en tête à son écoute ! Nous avons ainsi des titres qui vont du « All of me » tout à fait représentatif du Rock américain au « Forty days » plus profond, plus rude (plus Neil Young) en passant par « Live or die » avec guitares Skynyrd et fiddle Country.

Tout ceci est orchestré comme on l'attendait : de façon ENORME. Grâce à cette générosité sonore américaine, à la finesse et au doigté du maître d'œuvre (parties instrumentales puissantes, sons variés, cordes géniales et inattendues sur « Party of one »… et ces chœurs !), et au bon goût du Loaf pour s'entourer d'équipes de choc – ici John Micelli qui le suit à la batterie presque continuellement depuis un bon bout de temps, Danny Miranda à la basse, et Paul Crook à la guitare qui prend aussi en charge la production. Meat Loaf est généreux, et se donne lui-même toujours autant devant un microphone, même si sa voix atteint un timbre plus voilé avec le temps. Mais « Live or die », « Forty days » ou le vibrant « Blue sky » sont de beaux morceaux de bravoure pour lui. On ne peut pas non plus dire que ce nouveau timbre manque de cachet à l'écoute de « Fall from grace »… « The giving tree » et « Party of one », à côté de ca, nous offrent l'organe plein et enclin à la théâtralité du Loaf que l'on aime.

En revanche, le Loaf qu'on connaît on le retrouvera moins sur le songwriting, de nouveau partagé par une partie de l'équipe de « Hang Cool Teddy Bear » (Gregory Becker, John Paul White ou Tommy Henriksen, ainsi que les morceaux de Sean McConnell à l'origine écrits pour « Hang Cool Teddy Bear »). Et si l'écriture ne manque pas de ressources (le groove de « The giving tree », la lourdeur de « Live or die », la soyeuse « Our love and our souls »… tous d'excellents titres), le Loaf nous perd par des tentatives peu inspirées : platitude sonore moderne de « Fall from grace » (qui porte bien son titre pour le coup), sensibilité Punk peu crédible pour « Party of one », ambiance planante tout aussi peu personnelle sur « Another day »… jusqu'au massacre R&B infligé à « Stand in the storm ». La volonté de variété était assumée, je vous l'annonçais, mais l'exercice de style semble souvent peu réfléchi.

C'est pourtant cet exercice qui nous prouve aussi que Michael a encore bien des cordes à son arc… ainsi, il fallait bien son doigté pour intégrer si virtuosement le rap de Chuck D de Public Enemy au « Mad mad world » de Tom Cochran… car parfois ca marche ! On peut citer aussi l'électro à la reprise hispanisé de « California Dreamin' », bien senti, ou encore le mariage vocal de Michael et Patti Russo sur « Our love and our souls »… mais ces deux-là on savait bien qu'ils étaient faits pour s'entendre. On se doutait peut-être moins de ce que pouvait donner une rencontre sur disque avec ses compères de l'émission télévisée rencontre de stars « Celebrity Apprentice » Mark McGrath, John Rich et Lil Jon, mais ca complète bien cette brochette de participants larger than life comme il se doit avec Meat Loaf.

Au final, le grand absent reste Jim Steinman, malgré l'évocation d'une possibilité de sa présence sur cet album, possibilité toujours ouverte aux dires de Michael. Quoi qu'il en soit Jim prépare sa comédie musicale « Bat Out Of Hell » et selon ses dires à lui la présence de Michael y est aussi possible… faut-il y accorder plus de crédit qu'aux propos de Michael ? Ce dernier, en tout cas, s'est plutôt lancé dans le successeur de ce « Hell In A Basketcase » qui serait apparemment bien entamé. Donc… il faudrait plutôt croire que le retour de l'équipe de choc ce ne sera pas pour cette année.

Le site : meatloaf.net  + myspace.com/meatloaf

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