M E G A D E T H

" Th1rt3en "




M E G A D E T H
Th1rt3en
Roadrunner Records

Et de treize ! Déjà ?!, me direz-vous…Et bien, je vous réponds : Oui, Megadeth va sortir d'ici peu (début novembre) son nouvel et treizième album intitulé, je vous le donne en mille, ‘Th1rt3en', soit « treize » dans la langue de Jack L'Eventreur. Celui-ci contient, évidemment, 13 titres, composés, pour certains, à diverses périodes de la carrière de la formation américaine, menée par le rouquin guitariste Dave Mustaine.

Cet enregistrement, outre la symbolique numérologique qu'il semble déployer de manière assez explicite, sûrement pour faire jaser, - les américains étant, pour la plupart, superstitieux de nature et évitant tout rapport avec ce chiffre « maudit » depuis le règne de Jésus et la chute des Templiers -, est un disque assez spécial pour tout fan du combo qui se respecte, et ceci pour plusieurs bonnes raisons.

La première, plutôt logique : c'est l'album du grand retour du bassiste David Ellefson, avec qui Dave Mustaine s'était brouillé quelques années auparavant, en 2002 précisément, pour une sombre histoire d'argent, qui se sera terminée au tribunal.

La seconde, est moins évidente. En effet, ‘Th1rt3en' est, sans conteste, la meilleure réalisation depuis ‘The System Has Failed' (2004). Avec ‘United Abominations' (2007) et ‘Endgame' (2009), nous avions à faire à des galettes moins inspirées et plus sombres qui, malgré des critiques positives dans l'ensemble, ne réussissaient pas à nous faire oublier le glorieux passé du groupe et ses śuvres mythiques telles que ‘Peace Sells…But Who's Buying?' ou ‘Rust In Peace'.

‘Th1rt3en', quant à lui, est une démonstration musclée du grand talent d'écriture de Dave Mustaine. Si la plupart des chansons ont été créées récemment, il y a quand même quelques titres antérieurs, comme « New World Order » et « Deadly Nightshade », tous deux issus des writing-sessions de ‘Youthanasia', et « Millenium Of The Blind », que le groupe avait commencé à engendrer en 1991, lors de la tournée Clash Of The Titans , ou encore « Black Swan » dont le riff principal fut imaginé lors de l'enregistrement de ‘United Abominations'. Il n'est, par conséquent, pas du tout surprenant de ressentir une grosse touche eighties à l'écoute de ‘Th1rt3en'.

Cela est d'autant plus plaisant que l'on se retrouve directement propulsé quelques années dans le passé et que, de ce fait, on a l'impression de se sentir rajeuni. Les riffs directs qui nous sont servis ici nous permettent enfin de redécouvrir le Megadeth d'antan, celui qui, avec ces albums, arrivait à réunir une large frange de métalleux et à tout détruire musicalement parlant sur son passage. Bien sûr, le groupe ne renie par pour autant ce qu'il est aujourd'hui. Mais on ressent son envie d'en découdre et de se défaire de son image d'outsider qui lui a longtemps collé à la peau, principalement depuis ‘United Abominations', officiellement depuis sa prise de risques avec ‘Risk' (1999).

Outre cette ambiance « vintage », nous retrouvons également des structures musicales caractéristiques et que l'on pourrait très bien trouver sur ‘Rust In Peace' ou ‘Countdown To Extinction' (1992), telles que des rythmiques et des parties de grattes thrash, mises de côté depuis une trop longue période et qui font à nouveau surface, ou ce grain de folie présent sur ‘Peace Sells…But Who's Buying ? ». Pas un seul temps mort ni titre de remplissage n'est à déplorer. Du coup, les maîtres mots qui règnent sur ‘Th1rt3en' sont « Energie », « Puissance », « Dynamisme », « Maîtrise », « Créativité » (dans une certaine mesure, Megadeth ne faisant pas du prog' et heureusement !), « Unité » (entre passé et présent pour créer le futur).

Les titres qui surpassent tout les autres ne sont pas forcément ceux qui ont été enfantés dans le passé. Ainsi, par exemple, le trio « Sudden Death » / « Public Enemy N°1 » / « Never Dead » sont peut-être les trois meilleures pistes de ce treizième opus. On peut citer également « Fast Lane » et « Black Swan », dont les principaux atouts sont les refrains immédiatement intégrables et une mise en forme heavy metal. Les autres chansons sont un peu moins séduisantes (exception faite de « Millenium Of The Blind », l'une des compositions les plus noires de Dave Mustaine, qui interprète ses parties de chant de manière grave), mais restent toutefois de bon aloi. « 13 » est un titre un peu problématique, dans le sens où il n'apporte quasiment rien au répertoire du groupe, même s'il referme de manière plutôt paisible cet album de la « renaissance ».

En fin de compte, si cet enregistrement sonne aussi bien et qu'il est ce qu'il est, c'est parce-que Dave Mustaine a abandonné le poste de producteur exécutif pour déléguer cette tâche à John Karzakis (Disturbed, Sevendust, Staind, Airbourne), producteur d'expérience originaire de Chicago. Le son s'en trouve donc magnifié. Pourtant, la manière de travailler de Johnny K est largement différente de celle de la majorité de ses confrères : celui-ci laisse place au groupe en le poussant à rester lui-même, un peu comme il l'avait fait sur le ‘No Guts, No Glory' des australiens d'Airbourne. C'est, donc, principalement pour cette raison que ‘Th1rt3en' sonne aussi puissamment et que Megadeth est à nouveau égal à lui-même, c'est-à-dire, un groupe qui sait se dépasser lorsqu'il sait ce qu'il veut. De plus, il est important de préciser que John Karzakis a participé à l'écriture de 6 titres, dont « Millenium Of The Blind » sans interférer réellement dans le processus d'écriture. Je veux dire, par là, qu'il n'a modifié en aucune manière le son Megadeth ou les éléments internes de sa musique. Il a fait un excellent travail pour un résultat qui plaira autant aux médias qu'aux fans.

Comme une personne égarée dans le désert et qui retrouve son chemin grâce à sa connaissance des étoiles et du soleil, Megadeth a su se réorienter vers sa voie originelle en se posant les bonnes questions et en mettant de côté les sujets qui fâchent. Ainsi, entre deux modifications de line-up, on a pu voir la réintégration du bassiste David Ellefson, la réconciliation entre Dave Mustard…euh, Mustaine, pardon, et Kerry King (Slayer), qui a permis une énorme tournée intitulée ‘The Big Four', réunissant les 4 principales formations du thrash américain, j'ai nommé Megadeth, Metallica, Anthrax et Slayer, et, au final, l'enregistrement et la sortie de ‘Th1rt3en', qui est une magnifique surprise. Comme quoi, à force de compromis, on peut arriver à des résultats plus que satisfaisants et positifs et à mêler, comme je le disais plus haut dans cette chronique, passé et présent avec succès. La mayonnaise a bien fonctionnée cette fois-ci et ce nouvel album laisse une excellente impression à l'auditeur. De là à qualifier ce disque de génial, il n'y a qu'un pas que je ne franchirai pas. Mais, sait-on jamais, peut-être que dans l'avenir, Megadeth arrivera à nous pondre un ‘Rust In Peace 2'… ? L'espoir est en tout cas désormais permis.  J Qui a dit que le chiffre 13 portait malheur ???

Le site : www.megadeth.com + www.myspace.com/megadeth

MetalAngel

 

   
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