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NACHTGESCHREI
" Ardeo "

NACHTGESCHREI Ardeo

Massacre Records

Ils sont sept, de Francfort, avec un nom effrayant pour tout francophone : Nachtgeschrei. Ils comprennent trois guitaristes, dont l'un se charge des vocaux (germanophones, comme il se doit), une section rythmique et deux musiciens pratiquant divers instruments folkloriques. Et ils sont une leçon de détermination : dès leur formation en 2006 ils démarchent la moindre agence à l'affut de chaque opportunité de concert, et ont déjà à ce jour enchaîné plus de tournées de salles et festivals que la plupart des groupes. Leur production discographique est à la hauteur de leur motivation scénique et ils ont proposé en 2008 et 2009 deux albums de ce qu'ils nomment du Metal médiéval, mais nous verrons que Nachtgeschrei n'est pas Subway To Sally. « Ardeo » est donc leur troisième offrande un an et demi plus tard et se présente à nous sous la forme d'un opus de onze titres doté d'un nom latin signifiant « je brûle », concept assez joliment mis en image par Travis Smith sur l'artwork.
La musique de Nachtgeschrei n'est donc pas vraiment médiévale. Plutôt Folk, mais il s'agit surtout d'une couleur instrumentale teintant un Metal beaucoup plus basique et direct. Rien qu'en cela déjà, Nachtgeschrei joue la carte de la personnalité. L'instrumentation folklorique se retrouve surtout en arrière-plan (voyez « Herbst » ou « Herzschlag ») et sinon se cantonne aux riffs (« An mein ende », « Kein reiner ort »). La base des compositions est en fait simple, Metal, moderne, même, assez sèche... loin des canons médiévaux. « Kein reiner ort », « Herbst » ou « Ich hoer nichts mehr » débarrassés de leur accompagnement Folk pourraient se retrouver sur n'importe quel album de combo actuel sans jurer.
Les traces d'écritures plus traditionnelles existent mais elles sont, encore, autres : la principale est un esprit dépressif parfois gothique (surtout le chant, « An mein ende » par exemple), parfois simplement déprimé (« Herbst »), parfois les deux (vous trouverez du Anathema sur « Kein reiner ort » en fouillant). Les autres traces sont encore plus traditionnelles... le squelette de « Kein reiner ort », par exemple, est simplement Heavy.
Donc le groupe suit sensiblement sa propre voie, et ça fait plaisir vu les stéréotypes qui s'installent depuis longtemps dans tout ce qui s'estampille Folk. C'est donc sa propre sensibilité qui prédominera sur tout. Celle-ci est faite d'attrait pour les instrumentations folkloriques évidement, même pour l'écriture proprement Folk à l'occasion (« Herbst » et le morceau-titre sont dans cette veine), mais surtout une sorte de déprime diffuse se traduisant par une dureté sombre (« Ich hoert nichts mehr »), des rythmes pesants (« Soweit wie noetig ») ou encore une mélodicité prononcée mais affligée (« Lichtschimmer »)... bien des choses en fait, le groupe privilégiant donc son propre discours sur les codes en usage dans le genre.
Et toujours, toujours, cette tristesse diffuse est supportée par une énergie omniprésente, elle ne repose jamais sur la faiblesse généralement associée à cet esprit. C'est une caractéristique marquante de leur musique : « Herbst » marie Folk et électricité (je parle d'esprits), « Hinter deinen augen », l'un des morceaux les plus riches en instrumentation folklorique, est également le plus nerveux, vivant et énergique, quant à « Soweit wie noetig », « Ich hoer nichts mehr » et le morceau-titre, parmi les morceaux les plus sombres, et bien ce sont eux qui bénéficient des rythmiques les plus lourdes et Metal. Un refus des stéréotypes, donc.
Et qu'est-ce que cela donne ? Un album très dynamique, plaisant à écouter et jamais ennuyeux. En revanche, sur les onze titres ils ne parviennent pas vraiment à signer une mélodie ni même un refrain marquant... L'écriture est vraiment à creuser. Quelques exceptions, malheureusement peu nombreuses : deux morceaux sont débordants de personnalité et se distinguent des autres : il s'agit de compositions plus rythmiques, appuyées et emphatiques, relevées par des vocaux poussés de Holger Franz. « Ich hoert nichts mehr » et surtout « Herzschlag » sont grosses, très prononcées, mélodiques, et surtout très allemandes. Leurs mélodies ont ce goût traditionnel propre aux Germains, fait d'emphase, dynamisme et dureté. Le travail instrumental étant au rendez-vous pour nous les faire apprécier pleinement (surtout pour « Herzschlag », encore, avec ses guitares rythmiques en arrière-plan, son jeu de batterie intransigeant et sa partie Folk très électrique), elles constituent deux petits délices à savourer au milieu du menu, « Herzschal » au milieu de la première partie et « Ich hoer nichts mehr » au milieu de la seconde, stratégiquement, en plein plat de résistance et en plein plat de résistance suivant (oui je suis sûr qu'un repas allemand se constitue de deux plats de résistance). Entre les deux parties, l'instrumental « Ad astra » vient montrer la sensibilité enfin entièrement exprimée du groupe : guitare pleinement travaillée, ambiance installée, déroulant un tapis pour le Folk à suivre, rythme se démarquant du reste de l'album et son s'épaississant au fur et à mesure sans aucun souci... malheureusement, en moins de trois minutes elle se fond dans le morceau-titre. Dommage, pour moi c'est le titre le plus marquant de l'album.
C'est peut-être ça qui me manque... cette sensibilité, à force de ne par occuper trop d'espace, finit par manquer. Cela ne remet évidement pas en question la formule du groupe telle qu'elle est, car elle fait toute leur authenticité. Mais peut-être certaines parties plus travaillées sont à développer ? Ca n'apporterait que plus de diversité à l'album. Certains arrangements, voire certaines parties instrumentales se prêteraient volontiers à l'élaboration de tels climats sur des espaces plus vastes. Evidement, ça ne va pas tirer l'écriture vers l'émergence des mélodies fortes manquant aux titres de « Ardeo », mais au groupe de se montrer à la hauteur de ce double défi pour leur quatrième album qui ne tardera pas, je pense, vu leur volonté, à voir le jour après celui-ci.

Le MySpace : www.nachtgeschrei.de + myspace.com/nachtgeschrei

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