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NEW YORK DOLLS
" Dancing Backward In High Heels "

NEW YORK DOLLS Dancing Backward In High Heels

429 Records

« Comment, on n'a pas déjà assez parlé de Rock ici ? ». Si si, je concède, mais le nouveau New York Dolls est un événement assez exceptionnel pour passer outre la limite. C'est bien eux, ça, no limits... Un petit mot d'abord comme je m'adresse à des metalleux qui ne connaissent peut-être pas les New York Dolls. C'est un groupe fondamental historiquement parlant : issu de la scène Glam (New-yorkaise of course) ils quasi-inventent le Punk avec leurs deux albums de '73 et '74 (le premier, éponyme, sera impérativement le prochain achat de ceux d'entre vous qui ne le possèdent pas !). Groupe unique, possédant le flamboyant Johnny Thunders, il perd quasiment tous ses membres suite à sa brève carrière... le dernier mourra justement l'année où Johansen et Sylvain, seuls rescapés, se reformeront pour ce qui semble un improbable évènement éphémère...

Puis survient ce que je n'hésite pas à qualifier d'évènement des années 2000 : un nouvel album. Quel groupe tant associé à un style et une époque transforme l'essai de la reformation scénique en production discographique ? Quelques noms vous viennent à l'esprit... Lesquels ne pondent pas seulement un album méritant ce nom mais un BON album ? Je ne trouve presque plus de noms... Et pour enfoncer le clou, les New York Dolls des années 2000 se réinventent. Ils ont beau s'entourer de Steve Conte et Sami Yaffa (de The Contes et Hanoi Rocks), le Glam disparaît au profit d'une musique simplement Rock. C'est une vraie renaissance. Et je parle bien d'évènement car c'est tout sauf un feu de paille : trois ans plus tard, rebelote ! Le groupe prouve son sérieux en retournant en studio, avec le grand Todd Rundgren, comme à la belle époque, et avec la même équipe...

C'est donc avec un apriori tout à fait positif que je découvre ce troisième album du retour, après des preuves aussi spectaculaires. Premiers changements : Steve Conte et Sami Yaffa sont partis bosser avec Michael Monroe, ne laissant que le batteur Brian Delaney de l'équipe précédente... Leurs places respectives seront prises par le guitariste Frank Infante et le bassiste Jason Hill qui produira aussi l'album. Frank est le guitariste de Blondie, et a joué avec Joan Jett ou Iggy Pop ; Jason a produit les Killers ou David Bowie... On peut donc s'attendre à quelque chose de plus Punk que Glam mais avec un son moderne. Pour finir, c'est en Angleterre qu'ils se sont reformés et c'est en Angleterre que sera enregistré « Dancing Backwards In High Heels » - car c'est son titre, délicieusement nostalgique...

Mais la musique ne l'est pas. Ou alors ce n'est pas la nostalgie que vous croyez. En fait, les Dolls poursuivent leur travail en oubliant encore plus leur maquillage et punk-attitude, et en remontant encore plus loin musicalement : après le bon vieux Rock voici carrément le Rhythm & Blues. Une leçon de style... Les compos sont toutes R&B, Doo Wop, avec le son créé par Spector pour ses combos féminins. En fait, ce sont vraiment les années 60 : « Fool for you baby », « Streetcake », « Round & round she goes »... « I sold my heart to the junkman » pourrait carrément être une reprise ! Pour les autres par contre, c'est le génie des Dolls 2.0 dans toute sa splendeur : ça fait 60s mais ça ne l'est pas. L'écriture n'est pas typée, les canons ne sont pas respectés... il ne s'agit que d'une saveur sixties R&B : les harmonies vocales pour « Fool for you baby », les fines lignes de guitare pour « Streetcake »... Et là dessus Johansen étale sa voix incroyable, profonde, usée, qui n'a plus rien de Punk... et surtout authentique et roots, avec ce timbre américain inimitable. Je ne connais que Eric Burdon qui atteigne ce niveau de Soul (du moins parmi les chanteurs blancs). Sur « Baby tell me what I'm on » et « Funky but chic » on atteint réellement des sommets (enfin, des abîmes serait plus adéquat).

Et les grands Dolls ne vont pas s'en contenter. D'abord, rien de statique : on complète ce R&B 60s par de la Soul (« Kids like you ») et autres douceurs dans le ton. L'homogénéité stylistique est remarquable. Puis ensuite, avec le doigté que seuls des musiciens de cette stature ont, ils vont épicer la sauce de choses plus osées mais sans jamais dénoter : un peu de Funk pour le bien-nommé « Funky but chic », de rythme Reggae pour « End of the summer », mais avec des cuivres R&B pour la première et un falsetto 70s pour l'autre, afin de rester dans les mêmes eaux, et ensuite leur audace ira chercher l'exotisme 70s de « Baby tell me what I'm on » aussi bien que la Folk Rock bien 60s de « You don't have to cry »... autrement dit, on n'est pas sortis du carde : on l'a élargi. Tout en doigté je vous dis.

Nous ne sommes plus qu'à quelques centimètres de la perfection. Pour l'atteindre, on va regarder dans l'autre sens : avec une finesse incroyable, les Poupées vont injecter un soupçon de Glam dans « I'm so fabulous » et les chœurs sexy de « Talk to me baby », ainsi qu'une pincée de Punk dans « Round & round she goes » et le refrain de « I'm so fabulous »... Ils les mélangeaient déjà à l'époque où c'était leur style, aujourd'hui ils peuvent les mélanger en jouant autre chose ! Belles gosses...

Ce disque est génial. En fait, c'est le simple fait que les Dolls existent en 2011 qui est génial. Car il s'agit bien des New York Dolls, pas d'une pâle copie... et pourtant, ils sont autres. Un vrai tour de force musical. Vous vous êtes déjà commandé « New York Dolls » en lisant cette chronique, maintenant vous vous ruez sur votre clavier afin d'obtenir « One Of These Days It Will Please Us To Remember Even This » : l'enchaînement des deux, condensant un trou de 33 ans en 2 heures, risque d'être détonnant.

Les Dolls sont mort(e)s, vivent les Dolls ! Ils parviennent à se citer eux-mêmes dans « Streetcake » le plus naturellement du monde ; les Dolls sont bien né(e)s de nouveau en 2006.

Le site : www.nydolls.org + myspace.com/newyorkdolls

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